| ![]() ![]() ![]() ![]() ADULTÈRE2, subst. masc. I.− DR., lang. commune. Acte de celui ou de celle qui viole la foi conjugale; état qui en résulte. ,,229. Le mari pourra demander le divorce pour cause d'adultère de sa femme. 230. La femme pourra demander le divorce pour cause d'adultère de son mari, lorsqu'il aura tenu sa concubine dans la maison commune.`` (Code civil, titre sixième,1804) : 1. Pour reproduire les scandales et les turpitudes des temps passés, la consécration des doubles adultères, le libertinage de la Régence, les débauches du règne qui a suivi, il faudrait reproduire aussi toutes les circonstances d'alors, ce qui est impossible; ...
E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 226. 2. − « Ah! il y a dix espèces de luxure, six selon le cours de la nature et trois contre nature. Ce sont : la fornication, l'adultère, l'inceste, le stupre, le ravissement, le sacrilège, la pollution volontaire, la sodomie, la bestialité et l'excès des gens mariés. »
J. Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 237. 3. Ton Barrès est une brute. D'abord il est marié : il n'y a pas longtemps que je le sais, je n'avais pas lu les Amitiés Françaises (je n'en ai lu qu'un passage), il aggrave ça d'un adultère avec la Comtesse.
J. Rivière, Alain-Fournier, Correspondance,lettre de A. F. à J. R., janv. 1907, p. 34. 4. L'attitude de mon père à l'égard du « beau sexe » me blessait. Dans l'ensemble, la frivolité des liaisons, des amours, des adultères bourgeois m'écœurait.
S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 189. − P. anal., littér. [En parlant de plantes] :
5. En effet, un adultère a été commis : le vent ou quelque insecte a été l'entremetteur, et a porté de douces paroles à la nymphe.
A. Karr (Besch. 1845). Rem. 1. Assoc. paradigm. très fréq. entre adultère et inceste (cf. ex. 2, 10). 2. Syntagmes fréq. : commettre un adultère (É. Gilson, L'Esprit de la philosophie médiévale, t. 2, 1932, p. 142; etc.). Expr. propres à la lang. jur. : flagrant délit d'adultère (cf. infra ex. 8); double adultère (ex. 1) ou adultère double désignant l'adultère entre un homme marié et une femme mariée, p. oppos. à l'adultère simple désignant l'adultère entre une pers. mariée et une pers. non mariée. II.− Au fig. Stylistique − Très fréq., le mot se prête à des emplois littér. variés et faciles, confinant souvent à la jonglerie verbale, comme p. ex. :
− La personnification :
9. Antoine veut fuir, l'adultère lui souffle au visage, la fornication l'étreint à bras le corps, l'immondicité, en face de lui, ricane d'un rire retentissant.
G. Flaubert, La Tentation de saint Antoine, 1849, p. 375.
− Les cont. métaph., volontiers iron. :
10. M. Duchampy poussa un grossier éclat de rire.
− Et vous, demanda-t-il à sa femme, − le nommez-vous mon frère? cela serait curieux. Mais en vous appelant ainsi de ces noms fraternels, ne savez-vous point que vous semez tout simplement de la graine d'inceste dans le terrain de l'adultère?
H. Murger, Scènes de la vie de jeunesse, 1851, p. 160.
11. Rien de joli comme cette figure de grand seigneur surpris son adultère aux dents, les pommettes enflammées par des mirages de voluptés promises, et s'apaisant à la minute dans une sérénité de tendresse conjugale ...
A. Daudet, Le Nabab, t. 2, 1877, p. 39.
12. N'ayant peur de l'enfer ni honte, elle [Cléopâtre] avait fait
De son lit une auberge où s'en venait la terre
Se soûler à pleins brocs du vin de l'adultère.
Ch.-M. Leconte de Lisle, Poèmes barbares, Les Paraboles de Dom Guy, 1878, p. 335.
13. Nonancourt poupin pour un adultère sucré de dévote; ...
J. Péladan, Le Vice suprême, 1884, p. 62.A.− Sens biblique.Acte d'idolâtrie : 6. Cela fait comprendre les grandes comparaisons bibliques, et je me suis éloigné en répétant le verset de Jérémie : « J'ai vu tes adultères; j'ai entendu tes hennissements; l'énormité de tes prostitutions est sur les collines et dans les champs, et je connais tes fornications. »
M. Du Camp, Le Nil, Égypte et Nubie,1854, pp. 262-263. Rem. Sens non attesté dans les dict. gén. des xixeet xxes.; sur ce sens, cf. Bible 1912 s.v. adultère : ,,L'alliance du peuple fidèle avec Dieu est comparée à un mariage; en conséquence, celui qui rejette Dieu pour se livrer à des idoles est appelé du même nom que celui qui viole la foi conjugale.`` B.− [S'appliquant à des inanimés] Mélange contraire à la nature, aux lois ou aux conventions établies : 7. Aucun peintre, depuis Delacroix qu'il a étudié longuement et qui est son véritable maître, n'a compris, comme M. Degas, le mariage et l'adultère des couleurs; ...
J.-K. Huysmans, L'Art moderne,1883, pp. 138-139. 8. zelten. − En effet. Avec leurs écharpes, ils ont l'air de venir faire un constat. Ils viennent me prendre en flagrant délit d'adultère avec l'Allemagne. Oui, j'ai couché avec elle, Siegfried. Je suis encore plein de son parfum, de toute cette odeur de poussière, de rose et de sang qu'elle répand dès qu'on touche au plus petit de ses trônes, j'ai eu tout ce qu'elle offre à ses amants, le drame, le pouvoir sur les âmes.
J. Giraudoux, Siegfried,1928, III, 2, p. 119. Prononc. : [adyltε:ʀ]. Enq. : /adylte2
ʀ/. Étymol. ET HIST. − 1. Fin xiies. adultere « action de violer la foi conjugale » (St Bernard, Sermons ds Gdf. Compl. : en adultere); 2. 1690 adultère du soleil, astron. (Fur. : ... Les Astronomes appellent adultère du soleil et de la lune, leurs eclipses, quand elles se font en quelque manière contre les règles de l'Astronomie, comme il arrive aux eclipses horisontales).
Empr. au lat. adulterium « id. » (dep. Plaute, Miles, 802 ds TLL s.v., 882, 55 : adulterio studiosus). Adultere forme sav. pour le pop. avoutire, xiies. (Eneas, éd. Salverda de Grave, 4370 ds T.-L. : mostra lor tot en apert cele avoltire a descovert). STAT. − Fréq. abs. litt. : 624. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 936, b) 1 008; xxes. : a) 1 222, b) 578. BBG. − Bél. 1957. − Bible 1912. − Boiss.8. − Bruant 1901. − Cap. 1936. − Dheilly 1964. − Dup. 1961. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Réau-Rond. 1951. − Réau-Rond. Suppl. 1962. − St-Edme t. 1 1824. |