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ADRET, subst. masc.
Versant d'une montagne exposé au soleil, orienté au sud ou à l'est. Anton. ubac :
1. Jaume a tiré les hommes à l'écart. − Laissons les femmes, dit-il, voilà : je vais monter aux Sablettes. Là, je tâcherai de voir de quoi il retourne. Maurras gardera le côté de Bournes, Gondran les ubacs, Arbaud les adrets. Ce qu'il faut guetter? Tout et rien : le poids de l'air, le chaud, le frais, le vent, le nuage, on peut en tirer enseignement. J. Giono, Colline,1929, p. 72.
2. Nous étions arrivés sur la lisière, notre lisière, à cinquante pas de la grange. Elle était bâtie là, à cheval sur la ligne de crête qui sépare d'un trait estompé les deux versants d'ubac et d'adret, elle surveillait les gras pâturages situés à l'ombre sans renoncer pour cela à jouir du soleil. R. Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 103.
Prononc. : [adʀ ε].
Étymol. ET HIST. − 1927 géogr., Lar. 20e: Adret. Dans les Alpes, flanc d'une vallée orientée au midi. (S'oppose à ubac.) Terme prov. du sud-est, attesté en ce sens dep. ca 1300, V. de S. Honorat ds Rayn., V, 74 b : deves l'adreg del vinares [« vers le bon côté (exposé au soleil) du vignoble »], prov. mod. adré (adrech, adreit, adret) « côté d'une montagne exposé au midi » ds Mistral t. 1 1879, adré; topon. L'Adret (Isère), Les Adrets (Isère, Var), Longnon, Noms de lieux, 2740; cf. Suisse romande (Vaud., Valais, Fribourg) adrai « versant de la vallée tourné du bon côté; c'est-à-dire du côté du soleil », fréquemment topon. en cette région voir Gauchat-Jeanjaguet-Tappolet, Gloss. des pat. de la Suisse romande, s.v. À rapprocher de l'a. fr. es adroes de « en face de, face à », 1289, Autun ds Gdf. L'a. prov. adreg, prov. mod. adreit, adret est dans cet emploi dér. de l'adj. a. prov. adreg, adreit au sens de « qui est convenable, juste, bon », Rayn., V, 69 b littéralement donc : « le bon côté, c'est-à-dire celui qui regarde le soleil » opposé à envers (cf. Suisse adroit « endroit, bon côté d'une chose », Gauchat-Jeanjaguet-Tappolet, loc. cit.). À rapprocher de l'agn. destre « sud », (Baist ds Z. für Deutsche Wortforschung, IV, 1903, p. 262 : légendes de carte de géogr., Mich-Rayn., Itin., 138 : Ceste terre ki est a destre, ça est asaver devers le su) et du calabrais díestru « versant ensoleillé d'une vallée », Rohlfs ds Arch. rom., IX, 1925, p. 156.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 3.
BBG. − Baulig 1956. − Bél. 1957. − Canada 1930. − Delc. t. 1 1926. − Mots rares 1965. − Plais.-Caill. 1958.