| ADORATEUR, TRICE, subst. et adj. A.− Subst. Celui, celle qui adore, rend un culte à Dieu, à une divinité. 1. RELIG. Les adorateurs du vrai Dieu; les vrais adorateurs. (Ac. 1798, Ac. t. 1 1932) : 1. Il s'agissait, d'ailleurs, de l'Australie, vers laquelle les conduisait le Duncan, et son histoire ne pouvait venir plus à propos. Paganel fut donc invité à commencer sans retard ses tours de mnémotechnie « Mnémosyne »! s'écria-t-il, déesse de la mémoire, mère des chastes muses, inspire ton fidèle et fervent adorateur!
J. Verne, Les Enfants du capitaine Grant,t. 2, 1868, p. 40. 2. Comme deux de ces causes agissaient puissamment (les menaces européennes, notre action sur l'esprit public) il était difficile aux républicains de gauche de traiter d'idolâtres et d'adorateurs de Moloch les demi-radicaux qui pressaient le pays d'adopter pour commune mesure le critère de son intérêt national.
Ch. Maurras, Kiel et Tanger,préf., 1914, p. lxxxi. 3. M. Godeau ne pleurait que celles de ses larmes qu'il leur devait. Une résignation infinie montait de leurs cadavres. Contemplatifs muets, adorateurs extatiques, on les avait renversés de leurs stalles de pierre pour les faire servir; ils entraient dans le domaine abominable de l'utilité humaine.
M. Jouhandeau, Monsieur Godeau intime,1926, p. 301. 4. Sur la coupole de la Sakhra ou mosquée d'Omar on lisait l'inscription naguère apposée par Saladin après la reconquête de Jérusalem : « Cette demeure sacrée, Salâh Ed-Dîn l'a purifiée des polythéistes », nom que les musulmans appliquaient aux adorateurs de la Trinité.
R. Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 333. − P. ext., iron. : 5. Je ne sais si ce disciple de mauvais ton ne fit pas déplorer sa célébrité à l'illustre Breton, mais enfin lui aussi d'adorateur du pape s'était fait amant de la liberté.
Stendhal, Lucien Leuwen,t. 3, 1836, p. 240. 6. La liberté céleste aime les beaux rameurs;
Mais elle goûte peu nos oisives humeurs;
Sa robe est relevée, et, belle voyageuse,
Pour notre peuple elle est trop rude et trop marcheuse.
Sybarite au poil noir, et gras voluptueux,
Adorateur sacré du parmesan glueux,
Il a le cœur au ventre, et le ventre à la tête.
A. Barbier, Iambes et poèmes,Il pianto, Chiaia, 1840, p. 155. 2. Par hyperbole ou exagération. Celui, celle qui aime ou respecte extrêmement quelqu'un ou quelque chose : 7. On se rappelle encore la fille de Jephté pleurant sa virginité; − ces longueurs excessives de mains et de pieds, ces ovales de têtes exagérés, ces afféteries ridicules, − conventions et habitudes du pinceau qui ressemblent passablement à du chic, sont des défauts singuliers chez un adorateur fervent de la forme.
Ch. Baudelaire, Salon de 1846,1846, pp. 154-155. − Spéc. Celui qui aime, courtise une femme : 8. Quant à Mmede Chevreuse, jolie, spirituelle, aimable, presque un peu plus que bizarre, elle avait été sans doute poussée par l'appât de la célébrité, et par l'essaim de ses courtisans ou de ses adorateurs : « J'entends, reprit l'empereur, elle espérait recommencer la Fronde; mais moi je n'étais pas un roi mineur. »
E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 659. 9. Le gars ne souffrait point dans son amour-propre en entendant appeler ses gens au sortir d'un bal, quand trente jolies femmes encapuchonnées et flanquées de leurs maris et de leurs adorateurs attendaient leurs voitures.
H. de Balzac, La Maison Nucingen,1838, p. 603. B.− Adj. Qui adore, qui est porté vers l'adoration. 1. RELIGION : 10. ... c'était le Perse adorateur du feu qui recueillait les tributs de cent nations; c'étaient les habitans de cette ville même, adorateurs du soleil et des astres, qui élevaient tant de monumens de prospérité et de luxe... Troupeaux nombreux, champs fertiles, moissons abondantes, tout ce qui devrait être le prix de la piété, était aux mains de ces idolâtres : ...
C.-F. de Volney, Les Ruines,1791, p. 13. 11. Le sommeil tout-à-coup vient fermer sa paupière,
Et l'asseoir sous un dais brillant de pourpre et d'or;
D'un cortège pompeux elle est environnée;
Un peuple adorateur se presse sur ses pas,
Et sa fière rivale, à ses pieds amenée,
Attend, en frémissant, l'arrêt de son trépas : ...
P.-M.-F.-L. Baour-Lormian, Ossian,Les Veillées, 1827, p. 317. − Spéc. Qui a pour fonction principale d'adorer (le Saint Sacrement) : 12. − Pour les jeunes de maintenant, disait l'abbé, c'est un prêtre de formation sociale, qu'il faudrait. Un pauvre vieil homme comme lui n'était pas à sa place ici; qu'on le mette dans quelque bibliothèque de grand séminaire, dans quelque couvent de religieuses adoratrices.
J. Malègue, Augustin ou le Maître est là,t. 1, 1933, pp. 167-168. 2. Emploi profane : 13. − « Voici l'homme! et voilà le plaisir! » pensa-t-elle. Une ironie intérieure de ses résistances aux caresses aimantes de Bianca, à celles adoratrices de Betty, ricana en elle.
J. Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 44. Prononc. : [adɔ
ʀatœ:ʀ], fém. [-tʀis]. Enq. : /adoʀatø2
ʀ, -tʀis/. Étymol. ET HIST. − 1298 « pers. qui adore » (Livre de Marco Polo, XXXI, Pauthier ds Gdf. : Des aourours de feu); xives. (Bible. Maz. 684, fo286a ds Gdf. : Quant li verai aoreor aorront li pere...). Dès av. 1435, réintroduction du -d- (cf. adorer) (A. Chartier,
Œuvres, 353, éd. 1617 ds Delb., mss Bibl. Sorbonne, d'apr. Quem. : Venus, dont il se monstra, par sa doctrine plaine de toute dissolution et d'ordure, adourateur volontaire); 1488 (La Mer des histoires, II, 36a, éd. 1491 ds Vaganay, Rom. Forsch. XXXII, 5 : Nul ne povoit faire telle translation s'il n'estoit adorateur d'icelluy vray Dieu).
Empr. au lat. chrét. adorator (dér. de adorare) « pers. qui adore ». Comme en fr., l'obj. de l'adoration pouvait être, soit Dieu (252, Cyprien, De dominica oratione, 34 ds TLL, 812, 78 : adoratores dei), soit les faux dieux (av. 202, Tertullien, De spectaculis, 8 ds TLL, 812, 82 : si Serapeum sacrificator vel adorator intravero, a deo excidam); cf. lat. médiév. av. 866-69, Godescalcus Saxo, Opuscula theologica, 6, p. 156, 12 ds Mittellat. W., 240, 34 : sacerdotes idolorum adoratores erant daemonum. STAT. − Fréq. abs. litt. : 340. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 872, b) 404; xxes. : a) 388, b) 251. BBG. − Bél. 1957. − Daire 1759. − Dup. 1961. − Lav. Diffic. 1846. − Le Roux 1752. |