| ACTIVISTE, adj. et subst. A.− Emploi adj. Qui se rapporte à l'activisme, qui se réclame de l'activisme : 1. ... à notre avis les maux profonds de la « nouvelle civilisation » russe se résument dans le totalitarisme communiste lui-même, qui porte au maximum les terribles risques qu'entraîne toute forte organisation collective, détruit, comme les autres formes de totalitarisme, la liberté de la pensée, et veut socialiser la personne et l'esprit; dans la lutte contre Dieu, le travail d'extermination de la religion, l'idolâtrie de la technique et de la science des phénomènes, le dynamisme activiste et le nouvel asservissement − au profit de l'homme collectif cette fois − dont il menace certaines couches des masses productrices.
J. Maritain, Humanisme intégral,1936, p. 94-95-96. 2. En toute rigueur, les processus de fuite du réel n'ont rien à voir avec les processus d'intériorisation. À tel point que souvent ils sont une fuite devant la réalité intérieure tout aussi bien que devant la réalité extérieure. Nous les avons étudiés sous divers noms : complexe de retraite, peur de l'action, narcissisme, égocentrisme, refus d'autrui. Dans leur pure essence, s'il existait de pures essences psychologiques, ils ont tous ce double caractère du refus et de la peur, ils sont une crainte de la vie, et non pas la recherche d'un accroissement de vie. En soi, ils appauvrissent et désarment la personnalité. C'est bien là tout ce que les critiques matérialistes et activistes reprochent justement aux évasions intérieures.
E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 569. 3. On comprend que ce fatalisme ait pu être poussé (comme il est arrivé à la pensée hégélienne) à une sorte de quiétisme politique par des marxistes, comme Kautsky, pour qui il était aussi peu au pouvoir des prolétariats de créer la révolution qu'en celui des bourgeois de l'empêcher. Même Lénine, qui devait choisir au contraire l'aspect activiste de la doctrine, écrivait en 1905, dans un style d'excommunication : « c'est une pensée réactionnaire que de chercher le salut de la classe ouvrière dans autre chose que le développement massif du capitalisme. »
A. Camus, L'homme révolté,1951, p. 255. B.− Emploi subst. Partisan de l'activisme (cf. activisme B et C). − Spécialement 1. Partisan de l'action directe : 4. À cette heure, deux équipes de dirigeants se proposent au peuple rhénan. Nous assistons à la lutte de deux influences, de deux personnels, de deux méthodes. D'une part, les activistes, et de l'autre, les légalistes. Activistes : Dorten, Smeets, etc. Dorten a repris (de l'influence). Au commencement de septembre, à Trèves, une réunion de 5 à 6 000 personnes. Hier, à la mi-octobre, à Prunn, une petite ville de 2 500 habitants, il y avait 1 600 personnes. Ça, c'est tous les jours. Légalistes : Adenauer.
M. Barrès, Mes cahiers,t. 14, mai-déc., 1923, p. 257. 2. Propagandiste d'un mouvement politique ou syndical : 5. Il ne voulait que des disciples, pas des égaux. Chez lui, ce sens inné de la hiérarchie donnait l'impression de la force, de la capacité d'organisation. Nous finîmes par soumettre nos textes à Ricarda. − Vous êtes d'incorrigibles activistes, nous dit-il, c'est-à-dire des gamins vicieux, mais après tout, je m'en fiche. Je vous ai donné une bonne idée, si bonne, qu'elle ne risque même pas d'être compromise par vos fantaisies. Faites votre expérience... Ne m'y mêlez pas, mais tenez-moi au courant.
− Nous avons besoin d'agir, dit Michel, d'un air sombre.
R. Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 269. 3. Extrémiste, notamment en parlant des membres d'organisations d'extrême droite. Attentats commis par des activistes (Dub.). Prononc. : [aktivist]. Enq. : /aktivist/. Étymol. ET HIST. − 1916 pol. « partisan de l'activisme, mouvement de Flamingants partisans de l'action en faveur de la langue flamande » d'apr. Pt Rob.
Dér. de actif*; suff. -iste*. Sur le mouvement flamingant, voir Lar. 20es.v. flamingantisme et P. Renouvin, La Crise européenne et la 1reguerre mondiale, Paris, 1962, p. 416-417. STAT. − Fréq. abs. litt. : 8. BBG. − Bél. 1957. |