| ![]() ![]() ![]() ![]() ACQUIS, ISE, part. passé, adj. et subst. masc. I.− Emploi part. et adj. A.− DR., lang. commune. Être acquis par, grâce à... : 1. À la coemptio correspond l'usus; ce sont deux formes d'un même acte. Tout objet peut être acquis indifféremment de deux manières, par achat ou par usage; il en est de même de la propriété fictive de la femme.
N.-D. Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 405-406. B.− Être acquis à 1. [En parlant d'une chose] Appartenir à. Qqc. est acquis à qqn : 2. (1583). Elle [la vente] est parfaite entre les parties, et la propriété est acquise de droit à l'acheteur à l'égard du vendeur, dès qu'on est convenu de la chose et du prix, quoique la chose n'ait pas encore été livrée ni le prix payé.
Code civil,1804, p. 293. − Au fig., rare. Qqc. est acquis à qqc. : 3. Metz et Bazaine, c'est acquis à l'histoire.
M. Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme,t. 1, 1902, p. 28. Rem. Cet emploi est quelque peu recherché, pour le plus usuel : appartient à; avec cette nuance que appartenir à l'histoire serait laud. (« ils sont une des gloires du passé »), alors que M. Barrès a voulu simplement exprimer cette constatation : « on ne peut plus les rayer de l'histoire ». 2. Au fig. [En parlant d'une pers.] Être entièrement dévoué à. a) [À qqn] Qqn est acquis à qqn : 4. Malgré notre souffrance,
S'il est grand par l'idée ou par la délivrance,
Nous l'aimons! Nous aimons sa lyre! Nous aimons
Son glaive flamboyant dans l'ombre sur les monts!
Nous pourrions lui garder rancune de vous autres;
Mais non, nous devenons ses soldats, ses apôtres,
Ses légions, son camp, sa tribu, ses amis.
Nous lui sommes acquis, nous lui sommes soumis,
Il peut faire de nous ce qu'il veut...
V. Hugo, La Légende des siècles,t. 6, 1883, p. 302. b) [À qqc., à une cause] Qqn est acquis à qqc. : 5. ... le docteur était le seul des Rougon qui lui serrât la main dans les rues et qui lui témoignât une sincère amitié. Aussi, en le voyant couvert encore de la poussière de la route, et le croyant acquis à la cause républicaine, le jeune homme montra-t-il une vive joie.
É. Zola, La Fortune des Rougon,1871, pp. 211-212. − P. iron. [À un obj. matériel] Synon. être aliéné : 6. Ces cinq cents francs chaque jour plus me pesèrent; je voudrais m'en débarrasser et je ne sais pas comment faire. Car enfin..., ou si quelqu'un me les a donnés sans erreur, au moins mérite-t-il une reconnaissance. Reconnaissant, je voudrais l'être, − mais je ne sais pas envers qui.
Dans l'espoir d'un nouveau hasard qui me tirerait de ma peine, je porte sur moi le billet. Ni jour ni nuit je ne le quitte. J'y suis acquis. − Avant j'étais banal mais libre. A présent j'appartiens à lui. Cette aventure me détermine; j'étais quelconque, je suis quelqu'un.
A. Gide, Le Prométhée mal enchaîné,1899, pp. 309-310. C.− Être acquis 1. C'est acquis. Il est acquis que... Cela est incontestable, considéré comme un fait sur lequel on ne reviendra plus : 7. Celui-ci [M. Bertulus], comme on sait, a déclaré qu'il n'y avait pas lieu de poursuivre, reconnaissant par là qu'il n'y a pas eu de faux commis. En effet, le faux constaté, l'instruction restait ouverte jusqu'à la main mise sur le coupable. Le non-lieu, c'est l'attestation judiciaire de l'authenticité de la lettre infâme signée Esterhazy. Voici qui est acquis.
G. Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 369. 2. Subst. + acquis a) (Cf. acquérir I A 1).Dont on a la propriété : 8. La patrie, pour eux, fut dans le maintien de leurs honneurs, la garantie de leurs richesses, la jouissance paisible de tous les biens acquis;...
E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 2, 1823, p. 315. Rem. En emploi adj., acquis correspond plus rarement au sens I A 2 ou I A 3 de acquérir (en dehors de la nuance de sens définie inf. sous b). Il tient alors gén. la fonction d'un attribut de l'obj. : elle croyait ces connaissances bien acquises. − DR. Prescription acquise. Dont les délais sont écoulés : 9. (2222). Celui qui ne peut aliéner, ne peut renoncer à la prescription acquise.
Code civil,1804, p. 407. b) [P. oppos. à ce qui est inné, en parlant d'un bien moral inexistant à la naissance] Obtenu au bout d'un minimum de temps par un effort d'apprentissage ou par l'expérience personnelle : 10. Ne croyant qu'à lui-même et non à la science, l'empirique peut se vanter de tout ce qu'il voudra et affirmer qu'il guérit tous les maux. Il trouvera toujours assez de gens qui le croiront pour l'encourager dans son charlatanisme; car l'humanité est ainsi faite qu'elle a besoin d'être trompée, qu'on aime mieux le merveilleux que le réel et qu'on préfère croire à la science infuse plutôt que croire à la science acquise. De même qu'aussi on est souvent plus porté à tirer vanité des facultés qu'on a apportées en naissant que de celles qu'on a acquises par le travail.
C. Bernard, Principes de médecine expérimentale,1878, pp. 47-48. − BIOL. Caractère acquis. ,,Caractère apparu dans le soma au cours de la vie individuelle, en réaction au jeu d'un facteur externe (...). Ces caractères sont acquis par le soma et non par le germen. Ils disparaissent donc obligatoirement lors de la mort.`` (Encyclopédie de la Pléiade, Biologie, 1965, p. 1674) : 11. En somme, l'hérédité d'une particularité acquise pourrait s'expliquer, dans les expériences de Brown-Séquard, par une intoxication du germe. La lésion, si bien localisée qu'elle paraisse, se transmettrait par le même processus que la tare alcoolique, par exemple. Mais n'en serait-il pas de même pour toute particularité acquise qui devient héréditaire? Il y a un point, en effet, sur lequel s'accordent ceux qui affirment et ceux qui nient la transmissibilité des caractères acquis : c'est que certaines influences, comme celle de l'alcool, peuvent s'exercer à la fois sur l'être vivant et sur le plasma germinatif dont il est détenteur. En pareil cas, il y a hérédité d'une tare, et tout se passe comme si le soma du parent avait agi sur son germen, quoiqu'en réalité germen et soma aient simplement subi, l'un et l'autre, l'action d'une même cause.
H. Bergson, L'Évolution créatrice,1907, pp. 82-83. II.− Subst. masc. [P. oppos. aux dons naturels] Connaissances, savoir-faire résultant de l'étude du travail, de l'expérience : 12. Non seulement j'avais la confiance la plus absolue en Saint-Loup, en la loyauté de son amitié, et il l'avait trahie (...), mais il me semblait que, de plus, il eût dû être empêché de le faire (...) par cet extraordinaire acquis d'éducation qui pouvait pousser la politesse jusqu'à un certain manque de franchise.
M. Proust, À la recherche du temps perdu,Le Côté de Guermantes 2, 1921, p. 399. Prononc. − 1. Forme phon. : [aki], fém. [i:z]. Enq. : /aki/. 2. Homon. : acquit, Aqui (ville). Étymol. ET HIST. − 1601 subst. « savoir faire; fruit de l'expérience (opposé à l'inné) » (Charron, Sagesse, II, 3 ds DG : Le naturel vaut mieux que l'acquis).
Substantivation du part. passé de acquérir* « se procurer (obj. inanimé) », empl. fig. (cf. lat. médiév. acquisitus, part. passé. adjectivé; Albert le Grand, De causis et processus universitatis, 2, 2, 20 p. 509 b, 13 ds Mittellat. W. s.v. acquiro, 125, 10 : acquisitus [intellectus appellatur]... quia per studium acquisitur vel virtutis vel scientiae). STAT. − Fréq. abs. litt. : 2 933. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 5 287, b) 2 786; xxes. : a) 3 738, b) 4 220. |