| ACHE1, subst. fém. A.− BOT. Plante de la famille des ombellifères, dont l'espèce la plus connue est le céleri; variété cultivée de l'ache sauvage : 1. Herbages en général, ou prairies.
Mousse, plante.
Ache, ou céleri sauvage.
Voyage de La Pérouse autour du monde,t. 3, 1797, p. 121. 2. Que nous étions heureux dans cette Grande-Claire (...)
Où les longs rubanniers, la menthe et l'ache d'eau
Recouvraient les marais de leur flottant rideau!
A. Pommier, Océanides et fantaisies,1839, p. 231. 3. Le céleri n'est que l'ache cultivée.
Dorvault, Officine, ou Répertoire général de pharmacie pratique,1844, p. 128. − Dans les expr. couronner, couronné d'ache. ♦ [Avec une signification symbolique] :
4. Le front couronné d'ache toujours verte, et de roses qui durent si peu, nous nous excitions à jouir de la vie par la considération de sa brièveté : ...
F.-R. de Chateaubriand, Les Martyrs,t. 1, 1810, p. 248. 5. Les Romains se couronnaient d'ache dans les festins.
Ac. Compl.1842. 6. Célénie m'apparaît souvent dans mes rêves comme une nymphe des eaux, tentatrice naïve ... couronnée d'ache et de nénufar ...
G. de Nerval, Bohème galante,1855, p. 216. ♦ Proverbe d'orig. gr. [En parlant d'un malade désespéré] :
7. Il ne lui faut plus que de l'ache.
Besch.1845. Rem. Syntagmes rencontrés : ache des marais (Code pharmaceutique, 1821; Deschamps d'Avallon, Compendium de pharmacie pratique, 1868; Codex Medicamentarius Gallicus, 1908), ache de montagne (Code pharmaceutique, 1821), sirop d'ache ou sirop de racine d'ache (Deschamps d'Avallon, Compendium de pharmacie pratique, 1868), vert comme (de l')ache (Ac. 1835). B.− HÉRALD. et SYMBOLIQUE NOBILIAIRE. Ornement de couronne, notamment ducale : 8. Comme j'allais sortir des galeries, j'ai distingué dans l'ombre une tête de pierre sortant à demi du mur et ceinte d'une couronne à trois fleurons d'ache, comme les rois du onzième siècle.
V. Hugo, Le Rhin,1842, p. 248. 9. Le tortil du baron, les feuilles d'aches et les perles du marquis valent bien les pointes de la couronne ducale, quand la race est ancienne et la filiation pure de tout mélange.
T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 226. 10. Un vieux domestique, poudré, couvert de fourrures, se tenait encore dans le vestibule. Sur les boutons de sa livrée noire brillaient les feuilles d'ache d'une couronne ducale.
Ph.-A. M. de Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels, L'Inconnue à Madame de Laclos, 1883, p. 315. C.− ARCHITECTURE : 11. Ache. Feuillage offrant une certaine analogie avec celui du trèfle, et usité principalement en blason (pour les couronnes de duc, comte, etc.) et dans un certain nombre de chapiteaux de monuments de l'époque gothique.
J. Adeline, Lexique des termes d'art,1884. Rem. Dans l'Antiq. gr. et romaine, l'ache était un ornement funèbre, tressé en couronnes déposées sur les tombeaux; dans les jeux néméens on couronnait d'ache les vainqueurs, en souvenir de l'orig. funèbre de ces fêtes; les Romains se couronnaient d'ache dans les festins. En Gaule, dans la vieille France l'ache était l'élément constitutif des couronnes vertes qu'étaient censés porter, en signe de joie, des génies mythologiques ou les populations naturelles; puis elle est devenue l'ornement typique de la couronne des princes, et surtout des ducs et des marquis; enfin elle a servi d'élément décoratif dans l'archit. gothique (d'apr. divers dict. du xviiieet du xixes.). Prononc. − 1. Forme phon. : [aʃ]. 2. Homon. : hache. Étymol. ET HIST. − 2emoitié xies. judéo-fr. apie, prob. Apium graveolens L., bot. (Blondheim, Gloses fr. dans Comment. talmudiques de Raschi, John Hopkins Studies, XI, 1937, 100 : apie); xiies. ache « id. » (L. Delisle, Notes sur un ms. de Tours renfermant des gloses fr. du XIIes. ds Bibl. École des Chartes, V, 6esérie, p. 327 : apium : ache); 1268 « id. » (S. Omer ds Crapelet, Prov. et dict. pop. ds Gdf. Compl. : en février, fait bon ... prendre puison d'aigremore et d'ape).
Du lat. apium (plur. apia) désignant un groupe de 6 plantes ombellifères, d'apr. André 1956, s.v., cf. Pline, Hist. nat. 19, 123 ds TLL s.v., 239, 62 : plura genera sunt ... apia. Id enim quod sponte in umidis nascitur, helioselinum vocatur ..., rursus in siccis hipposelinum ..., tertium est oreoselininum ... et sativi; attesté dep. Virgile, Églogues, 6, 68, ibid. 240, 22 (floribus atque apio crinis ornatus amaro) où il désigne l'apium graveolens L., var. sativum (d'apr. André, loc. cit.). Le fr. du nord ache et la plante qu'il désignait furent évincés par le céléri*, plante comestible, obtenue en culture par modification de l'ache et importée de Lombardie; ache conservé dans la lang. des botanistes, et sporadiquement comme nom d'une variété comestible cultivée dans les jardins; voir aussi api2. STAT. − Fréq. abs. litt. : 13. BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Alex 1768. − Barb.-Card. 1963. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Gay t. 1 1967 [1887]. − Littré-Robin 1865. − Mont. 1967. − Nysten 1814-20. − Perraud 1963. − Privat-Foc. 1870. |