| ACCUSATIF, subst. masc. et adj. I.− Emploi subst., GRAMM. (gr. et lat.). Cas de la déclinaison auquel se mettent généralement les compléments d'objet, de direction, de but, de durée, etc., et certains compléments prépositionnels : 1. Accusatif. Cas, dans les langues où les noms se déclinent, qui sert principalement à indiquer le régime direct des verbes actifs ou transitifs, et celui de certaines prépositions. C'est par abus de terme qu'on a nommé en français accusatif le complément direct d'un verbe actif.
Littré. 2. Accusatif. Cas considéré par les grammairiens grecs de l'antiquité comme indiquant l'aboutissement ou l'effet de l'action (le dérivé aitiakos du participe grec aitiatos, qui signifie proprement : causé, déterminé, a été traduit en latin, par suite d'un rapprochement avec le verbe aitiaomai = accuser, par accusativus). Les différentes valeurs de l'accusatif se laissent difficilement ramener à l'unité; on peut dire qu'il est essentiellement le cas de l'objet touché directement par l'action verbale.
Mar. Lex.1951. − Accusatif absolu. Constr. analogue à l'ablatif absolu* dans laquelle un syntagme nom. (nom + part. apposé) en position détachée joue le rôle d'une prop. sub. : 3. Les exemples d'accusatif absolu sont particulièrement fréquents chez Grégoire de Tours et Jordanès. Ainsi, Jord., Rom. 350 : regina... neminem scientem subterfugit « sans que personne le sût »;...
Ern.-Th.1959, § 32. − Accusatif de l'objet externe. Compl. d'obj. d'un verbe trans., p. oppos. à accusatif de l'objet interne, nom ou syntagme nom. en position d'obj. apr. un verbe intrans. : 4. La syntaxe reconnaît quelquefois, par opposition à l'accusatif ordinaire ou accusatif de l'objet externe (...) qui convient au complément d'un verbe transitif (dans le type de phrase : chercher son chemin), un accusatif de l'objet interne (...) qui s'emploie quelquefois avec un verbe habituellement intransitif, lorsque la notion exprimée par l'objet peut être en quelque manière considérée comme incluse dans le concept verbal (type de phrase : aller son chemin, l'idée de chemin étant prédéterminée par l'idée d'aller).
Mar. Lex.1951. − Accusatif de relation. Construction pronominale partic. qui permet de préciser de manière plus ou moins restrictive la part. du propos subséquent ou précédent : 5. L'accusatif de relation ou de détermination (...), dit aussi accusativus graecus du fait qu'il apparaissait aux Latins comme une particularité de la syntaxe grecque, répond à l'emploi du tour français quant à, pour ce qui est de, par, dans les expressions du type : grand par le cœur.
Mar. Lex.1951. − Double accusatif. Construction présentant 2 compléments à l'accusatif, après des verbes comme docere (« enseigner »), numerare (« compter... qqn comme » + subst.), etc. Dans ce type de construction entre aussi l'accusatif prédicatif, cas de l'attribut de l'objet : 6. L'accusatif prédicatif ou adjoint (...) est le cas de l'attribut dépendant d'un verbe prédicatif transitif : lat. facere aliquem beatum. Certains verbes se construisent avec un double accusatif, ainsi en latin docere = enseigner, qui demande l'accusatif à la fois pour le nom de la chose enseignée et pour celui de la personne à qui on l'enseigne : docere pueros grammaticam.
Mar. Lex.1951. − Autres expr. : accusatif adverbial (Ern.-Th. 1959, § 37), accusatif de degré (Ern.-Th. 1959, § 41), accusatif de durée (Ern.-Th. 1959, § 40), accusatif d'étendue (Ern.-Th. 1959, § 39), accusatif exclamatif (Ern.-Th. 1959, § 30), accusatif de mesure (Ern.-Th. 1959, § 41), accusatif de mouvement (Ern.-Th. 1959, § 42), accusatif prépositionnel (Ern.-Th. 1959, § 43), accusatif de qualification (Ern.-Th. 1959, § 33)... ...
Rem. En fr., le terme est rare. Certains grammairiens l'emploient cependant pour désigner la fonction compl. d'obj. dir., à propos de formes spécifiques de cette fonction, notamment du pron. rel. que, ou pour caractériser certains constr. inf. plus ou moins archaïsantes (apr. des verbes d'assertion ou de jugement) : 7. Le type de phrase, auquel certains grammairiens donnent le nom d'accusatif avec infinitif (expression empruntée à la grammaire latine), est rare en français. On ne le rencontre que dans deux cas :
a) lorsque le sujet de l'infinitif est le pronom relatif que : j'ai soutenu l'opinion que je crois être la bonne (...)
b) exceptionnellement, quand le sujet de l'infinitif est un pronom personnel ou un nom : (...) il ne céda pas, tant il jugeait cette démarche devoir lui être profitable.
Wartb.-Zumthor1958, § 119. II.− Emploi adj., rare − GRAMMAIRE ♦ Cas accusatif, synon. de accusatif, subst. masc. ♦ Forme accusative. Forme que prennent les mots à l'accusatif. − DR., vx. Mémoire accusatif : 8. Le Prince a fait un mémoire (...) « accusatif » contre la Nation...
Journal d'une Bourgeoise pendant la Révolution,[1791-1793], Paris, Calmann-Lévy,1881, p. 29 (Brunot t. 10 1939, p. 124). Prononc. : [akyzatif]. Enq. : /akyzatif/. Étymol. ET HIST. − 1. Subst. xiies. terme de gramm. (Vie d'Edouard le Conf., 1-6, éd. Ö. Södergard, cité par A. Goose ds Fr. Mod. 1953, t. 21, p. 217 : Si joe l'ordre des cascas ne gart Ne ne juigne part a sa part, Certes n'en dei estre reprise, Ki nel puis faire en nule guise. Qu'en latin est nominatif, Ço frai romanz acusatif); 2. adj. xives., (Aalma, 98 ds M. Roques, Rec. gén. Lex. fr., t. 2 : accusativus, va, vum : accusatiz).
Empr. au lat. accusativus, terme de gramm. attesté comme adj., toujours dans le syntagme accusativus casus dep. Varron (De lingua latina, 8, 67 ds TLL), de même en lat. médiév. (Mittellat. W. s.v., 105, 55-64); − comme subst. masc. dep. Quintilien (Inst. 7, 9, 10 ds TLL); cf. xiies., Hugues de St Victor, Bibl. nat., Fonds St Victor, 757, fol. 221 ds Thurot Prononc. 1881-1883, 84 : genitivo et accusativo hec [sociantur] : memini, obliviscor... L'emploi adj. ne semble pas avoir vécu en fr. STAT. − Fréq. abs. litt. : 13. BBG. − Dem. 1802. − Gramm. t. 1 1789. − Mar. Lex. 1961 [1951]. − Springh. 1962. |