| ACCOMMODATION, subst. fém. Action (ou résultat de l'action) d'accommoder, de s'accommoder. A.− [Avec une idée d'arrangement répondant à l'amélioration du confort, de l'utilisation] 1. Vieilli. [L'obj. désigne une pers.] Action d'installer convenablement : 1. Dans chaque maison, même, on recommande de tenir autant que possible le malade en un appartement distinct. Les hôpitaux ne sont que des constructions exceptionnelles et restreintes, pour l'accommodation temporaire de quelques cas pressants. « Vingt, trente malades au plus, peuvent se trouver, − chacun ayant sa chambre particulière, − centralisés dans ces baraques légères... »
J. Verne, Les Cinq cents millions de la Bégum,1879, p. 163. 2. [L'obj. désigne une chose] Action d'aménager, de préparer pour un meilleur usage. a) Très rare. [En parlant d'un lieu] :
2. La nécessité de s'unir pour l'aménagement des eaux, la construction de puits, l'entretien de certains travaux, l'accommodation d'un milieu favorable aux cultures, resserre la cohabitation.
P. Vidal de La Blache, Principes de géographie humaine,1921, p. 186. b) Peu attesté. [En parlant d'aliments] (Attesté ds Lar. 3). B.− [Avec une idée de mise en rapport d'harmonie ou de correspondance] 1. [L'obj. désigne une entité abstr. ou l'esprit] a) SC. RELIG. [En parlant de l'Écriture sainte] Action d'appliquer (le contenu d') un texte à un objet différent de son objet originel − en vue de favoriser sa compréhension : 3. ... il est résulté, dans le siècle dernier, de violentes controverses entre les catholiques et les rationalistes. Ceux-ci prétendent que Jésus-Christ et ses apôtres ne se sont pas toujours expliqués clairement sur quelques points d'une discussion dangereuse, afin d'éviter les attaques auxquelles aurait pu les exposer cette discussion même, et qu'ils ont professé parfois une doctrine moins élevée, moins céleste que la leur, mais plus propre à frapper les esprits grossiers de leurs contemporains. C'est là, selon les rationalistes, le système d'accommodation.
Besch.1845. 4. Cette adaptation se fait de deux manières. Le texte, appliqué à une personne, un objet, une situation différents de ceux qu'avait en vue l'auteur inspiré, garde-t-il son sens premier et naturel, l'accommodation a lieu par extension. L'application est fondée sur quelque ressemblance, sur l'analogie et une sorte d'identité morale des situations. Ainsi un pécheur emploierait pour excuser sa faute les paroles d'Ève : Serpens decepit me, Gen., III, 13 (...). Par suite de son adaptation à une autre circonstance, le texte perd-il son sens naturel et a-t-il une signification nouvelle [?] Il n'y a plus qu'une simple allusion à l'Écriture, une coïncidence de sens entre une parole divine et l'expression d'une pensée humaine.
Bible1912, pp. 112-115. b) Domaine idéol., philos.[En parlant d'une doctrine quelconque] Action d'adapter aux individus, aux circonstances : 5. Le communisme soviétique a compris la gravité du problème; et c'est justement pourquoi il a entrepris de créer une humanité nouvelle. Comme je l'indiquais plus haut, il s'agit pour lui (je parle des exigences idéales du système, quoi qu'il en soit des atténuations et accommodations que la vie concrète pourra ou a pu déjà introduire), il s'agit pour lui de changer l'homme afin d'évincer le Dieu transcendant dont il est l'image...
J. Maritain, Humanisme intégral,1936, p. 71. 6. Le type courant en est offert par le mensonge oratoire qui, sans positivement briser les reins à la vérité, accentue ce qui doit plaire à l'auditeur, atténue ce qui ne doit pas lui plaire et ne sait plus bien lui-même où sont les limites du vrai. Il est un type d'orateur et de politicien que Gambetta représente à merveille et que les partis ont reproduit depuis en de nombreux exemplaires; ils ne vivent que de compromis, non par lâcheté franche ou par esprit de synthèse; seulement, ils ne savent refuser à leur partenaire cette accommodation de la vérité qui assure une séduction immédiate.
E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 492. 2. [L'obj. désigne un organe, une struct.] a) OPHTALMOLOGIE, OPT. Mise au point de la vision (grâce aux modifications de courbure du cristallin selon la distance des objets et grâce à la dilatation de la pupille selon les variations d'intensité lumineuse) de façon à former une image claire et nette sur la rétine. (Se dit aussi d'un syst. opt.) : 7. Sa vue a beaucoup baissé (...), elle a été consulter un spécialiste. Il paraît que c'est la sensibilité rétinienne qui faiblit. Tu comprends qu'il y a deux choses très différentes : d'une part une défectueuse accommodation du cristallin, à quoi les verres remédient. Mais, même après qu'ils ont écarté ou rapproché l'image visuelle, celle-ci peut impressionner insuffisamment la rétine et cette image n'être plus transmise que confusément au cerveau.
A. Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 1161. 8. Il existe en outre tout un groupe de réflexes dont le point de départ est un organe sensoriel et dont l'effecteur est l'organe mobile qui porte ce sens : ce sont les réflexes d'accommodation et d'exploration : cligner des yeux à l'approche brusque d'un objet ou sous l'effet d'une lumière vive et subite, suivre des yeux un objet qui ne sort pas du champ visuel, accommoder, amener les yeux en convergence sur un objet peu distant, voilà des réflexes qui d'ailleurs ne sont pas incoercibles au même degré, dont plusieurs se commandent par synergie (par exemple la contraction ciliaire, la convergence et l'accommodation) et qui ne sont manifestement pas des réflexes de défense mais bien d'orientation, d'adaptation à une situation : ...
P. Ricœur, Philosophie de la volonté,1949, pp. 223-224. 9. La mise au point des images dans l'œil comporte : − une variation de la courbure de la face antérieure du cristallin entraînant une variation de la convergence des milieux transparents de l'
œil : c'est l'accommodation, grâce à laquelle l'image nette est constamment ramenée sur la rétine (...); − une variation du diamètre de la pupille : c'est la diaphragmation.
H. Camefort, A. Gama, Sciences naturelles(baccalauréat 2epart.), Paris, Hachette, 1953, p. 152. 10. Accommodation aux distances. Un
œil ne peut voir nettement en même temps un objet rapproché et un objet éloigné. Mais il passe rapidement de la vision nette d'un objet éloigné à celle d'un objet rapproché et inversement : l'
œil s'accommode aux distances.
L'
œil normal est au point pour l'infini. Pratiquement il voit encore nettement sans accommodation un objet distant de 60 m. De l'infini à 60 m, l'
œil normal voit sans accommoder.
R. Simon, Anatomie et physiologie humaines,Paris, Dunod, 1954, pp. 100-101. 11. Chez l'Homme et les Mammifères, l'accommodation comporte essentiellement une déformation du cristallin dans le sens d'un accroissement du pouvoir de réfraction, exclusivement, ce qui a pour effet de projeter sur la rétine les images de points de plus en plus rapprochés de l'
œil, avec une limite variable définissant l'amplitude d'accommodation. Sur le mécanisme de cette déformation, engendrée par une contraction du muscle ciliaire, plusieurs théories s'opposent encore. Il existe toutefois une très faible capacité de déformation inverse diminuant le pouvoir de réfraction (accommodation négative).
Piéron1963. b) PHONÉT. ou plus gén. ACOUSTIQUE. Action d'accorder aux vibrations sonores. − [En parlant de l'appareil auditif] :
12. Le tympan est une membrane vibrante, capable d'entrer en vibration à l'unisson des ondes sonores qui la frappent. Ses différentes zones, dont la tension peut être modifiée par l'action des muscles agissant sur la chaîne des osselets, peuvent s'accommoder au nombre et à l'amplitude des ondes sonores, et vibrer à l'unisson d'une série très étendue de sons. La cavité de l'oreille moyenne fait fonction de caisse de résonance, d'où son nom de caisse du tympan. Les vibrations sont transmises à l'oreille interne, à la fois par l'air qui remplit l'oreille moyenne, par les parois osseuses et par la chaîne des osselets. Cette dernière joue en même temps le rôle d'un appareil d'accommodation.
P. Rey, Sciences naturelles(Manuel du baccalauréat, 2epart.), Paris, Vuibert, 1946, pp. 122-123. 13. L'oreille moyenne transmet les vibrations sonores. Le tympan peut vibrer synchroniquement avec toutes les vibrations audibles, car il est inégalement tendu des bords au centre et, de plus, il est capable d'une certaine accommodation : sa tension peut être augmentée par la traction que lui fait subir en se contractant le muscle du marteau, ce qui l'accorde pour les sons aigus; inversement, le muscle de l'étrier le détend et l'accorde pour les sons graves.
H. Camefort, A. Gama, Sciences naturelles(baccalauréat 2epart.), Paris, Hachette, 1953, p. 164. ♦ Spéc. Accommodation auditive : ,,deuxième stade de l'adaptation auditive (on l'appelle encore adaptation perstimulatoire).`` (Piéron 1963). − [En parlant d'un appareil phonateur] :
14. Dans toute la tessiture de la voix (...) on peut chanter dans ces deux timbres [clair et sombre] sauf sur quelques notes extrêmes, rebelles aux différentes transformations des cavités de résonances ne possédant qu'une seule accomodation [sic] des résonateurs capables de donner un joli son.
J. Arger, Initiation à l'art du chant,1924, p. 56. − [En parlant de phonèmes voisins qui s'assimilent plus ou moins partiellement] :
15. Les articulations françaises s'unissent très étroitement, si bien qu'il y a entre elles compénétration et non pas simple juxtaposition. L'accommodation est de règle. Ainsi dans ya et dans yu, la position des lèvres variera même pour y (...). Comparer également pa et pu. L'organe obéit ici à une loi de prévoyance : il prépare, autant que la chose est possible, dès la première articulation, le mouvement de la seconde.
Rouss.-Lacl.1927, p. 73. 16. ... deux phonèmes, du fait qu'ils sont contigus ou à brève distance, tendent à devenir identiques ou à acquérir des caractères communs : la sonore g de latin ago devient sourde c devant la sourde t de actus (...). L'assimilation est partielle et s'appelle alors quelquefois accommodation (...) dans le cas qui vient d'être cité de actus...
Mar. Lex.1951, p. 33 (s.v. assimilation). c) PHYSIOL. [En parlant d'un organisme] Processus de modifications morpho-physiologiques non héréditaires qui permet l'équilibre et la survie dans le milieu ambiant : 17. L'homme s'acclimate à une haute altitude par des modifications de son sang et des systèmes circulatoire, respiratoire, squelettique et musculaire. Les globules rouges répondent à l'abaissement de la pression barométrique en se multipliant. L'accommodation se fait rapidement. (...). En même temps, la peau se protège contre la lumière de la neige par une pigmentation intense. Le thorax et les muscles de la poitrine se développent. Après peu de mois de vie active dans les hautes montagnes, le système musculaire s'accoutume à l'effort plus grand de la marche et à l'escalade des rochers. La forme et l'attitude du corps se modifient. L'appareil circulatoire et le cœur s'habituent aussi à l'exercice incessant qui leur est demandé. En même temps, l'organisme devient résistant au froid.
A. Carrel, L'Homme, cet inconnu,1935, pp. 259-260. 18. Par opposé aux réflexes que la physiologie découvre à la base du besoin et plus largement de l'organisation, les réflexes de protection et de défense, d'appropriation, d'accommodation et d'exploration se donnent comme réflexes dans le corps ou comme emprise incoercible du monde sur moi; ils ne sont pas impliqués dans un autre vécu dont ils seraient en quelque sorte l'envers objectif; ils constituent par eux-mêmes un embryon de fonction avec une adaptation de première urgence...
P. Ricœur, Philosophie de la volonté,1949, p. 219. 19. ... il peut se faire aussi que la subsistance dans le second milieu soit due à un simple phénomène d'accommodation, se reproduisant à chaque génération, dans les mêmes conditions, la modification non héréditaire étant une réaction de l'organisme aux facteurs du nouveau milieu.
Encyclopédie de la Pléiade, Biologie, 1965, p. 1655. 20. Le terme général d'adaptation englobe divers phénomènes : l'adaptation individuelle ou accommodation, l'adaptation spécifique ou naturalisation, l'adaptation éthologique ou statistique.
Encyclopédie de la Pléiade, Biologie, 1965p. 1699. Rem. La fixation héréditaire de ces modifications constituerait l'adaptation (cf. Baldwin ds Lal. 1968). − Spécialement ♦ OBSTÉTRIQUE. Changement postural du fœtus qui fait concorder ses particularités formelles avec celles de l'utérus et du bassin : 21. L'expérience journalière a montré que le plus souvent, le fœtus est placé, in utero, la tête en bas et le siège en haut; cette disposition est d'autant plus fréquente que la grossesse est plus avancée. Cette situation, ainsi que toutes les autres, se trouve commandée par une série de facteurs physiologiques et mécaniques, dont l'ensemble constitue ce que l'on a nommé l'accommodation foeto-utéro-pelvienne.
L. Dubrisay, C. Jeannin, Précis d'accouchement,Paris, Lamarre, 1946, p. 120. ♦ ÉLECTRO-BIOL. Accommodation électrique, ,,relèvement du seuil, faible par rapport au processus d'excitation, et accompagnant, d'après les observations, une stimulation de durée adéquate.`` (Lar. 3). d) PSYCHOL. [En parlant du psychisme d'un individu] Processus de modifications psychologiques (avec répercussion éventuelle sur le comportement) qui permet l'équilibre dans ou avec le milieu ambiant; spéc. ,,Activité mentale de l'enfant transformant un schème initial pour s'adapter à une situation nouvelle (soit que la situation soit telle qu'elle ne puisse être assimilée, soit que sa maturation ait fait dépasser à l'enfant le stade de la simple assimilation) (Piaget).`` (Piéron 1963) : 22. Se subordonner, ce n'est pas seulement servir la société, c'est nous servir. C'est la grande vérité découverte et pratiquée par Gœthe. Il est rare qu'un artiste tout jeune en ait la divination. D'ordinaire il hésite entre la révolte de son individualité et l'accommodation au milieu, mais dans cette hésitation même on peut deviner la sagesse des renoncements futurs.
P. Bourget, Essais de psychologie contemporaine,t. 1, 1883, p. 18. 23. Et lui se devait considérer comme un modèle de bel animal pensant, absolument souple et délié; doué de plusieurs modes de mouvement; (...). Il doit suffire à l'être suprêmement coordonné de se prescrire certaines modifications cachées et très simples au regard de la volonté, et immédiatement il passe de l'ordre des transformations purement formelles et des actes symboliques au régime de la connaissance imparfaite et des réalités spontanées. Posséder cette liberté dans les changements profonds, user d'un tel registre d'accommodations, c'est seulement jouir de l'intégrité de l'homme, telle que nous l'imaginons chez les Anciens.
P. Valéry, Variété 1,1924, p. 193. 24. Que la vie mentale soit aussi accommodation au milieu ambiant, cela ne peut faire davantage de doute. L'assimilation ne peut jamais être pure, parce qu'en incorporant les éléments nouveaux dans les schèmes antérieurs, l'intelligence modifie sans cesse ces derniers pour les ajuster aux nouvelles données. (...) l'adaptation intellectuelle, comme tout autre, est une mise en équilibre progressive entre un mécanisme assimilateur et une accommodation complémentaire. L'esprit ne peut se trouver adapté à une réalité que s'il y a parfaite accommodation, c'est-à-dire si plus rien, dans cette réalité, ne vient modifier les schèmes du sujet.
J. Piaget, La Naissance de l'intelligence chez l'enfant, Paris, Delachaux et Niestlé, 1935, p. 15. 25. Le bois, cette croix brute qui n'a pas encore parachevé sa forme, c'est tout ce à quoi entre les circonstances Dieu a confié la tâche de refaire l'homme à Son image, tout ce qui dans l'ambiance est né pour exercer sur lui une action, une contrainte formative. C'est l'armature et le patron. C'est l'instrument de cette douloureuse accommodation en nous de l'intérieur avec l'extérieur. Dans cet hymen de la Croix et de l'homme qu'elle est appelée à pétrir, il y a trois choses à considérer : résistance, effort, transport.
P. Claudel, Un Poète regarde la croix,1938, p. 56. 26. Réciproquement, le milieu agit sur l'organisme, et l'on peut désigner, conformément à l'usage des biologistes, cette action inverse sous le terme « d'accommodation », étant entendu que l'être vivant ne subit jamais telle quelle la réaction des corps qui l'environnent, mais qu'elle modifie simplement le cycle assimilateur en l'accommodant à eux. Psychologiquement, on retrouve le même processus, en ce sens que la pression des choses aboutit toujours, non pas à une soumission passive, mais à une simple modification de l'action portant sur elles. Cela dit, on peut alors définir l'adaptation comme un équilibre entre l'assimilation et l'accommodation, ce qui revient donc à dire un équilibre des échanges entre le sujet et les objets.
J. Piaget, La Psychologie de l'intelligence,Paris, Colin, 1962, p. 13-14. Rem. Except., par une création d'aut., accommodation donne lieu à une expr. composée : 27. ... l'humidité, qui amollit, apparaissait comme l'agent de la plasticité et de la passivité : corrigeant l'action du chaud, elle le rendait utile en développant les facultés d'adaptation et de modération, la réceptivité sensorielle, intellectuelle et morale, avec, comme contrepartie, la versatilité; le sec, au contraire, figurait la tension, la non-accommodation, la rigidité, et par suite l'âpreté, la dureté, l'obstination, la violence.
E. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 179. Rem. 1. Accommodation relève essentiellement de la lang. techn. mod. (notamment sc.). Dans son accept. A, il paraît rivaliser avec accommodage et accommodement, p. ex. dans le lang. culin. 2. Accommodation s'associe syntagmatiquement avec les subst. suiv. (auxquels il sert souvent de compl.) : amplitude d'-; champ d'-; - du cristallin; effort d'-; - au, avec le, du milieu; réflexe d'-; spasme d'-; et avec les adj. suiv. : - auditive, mentale, négative, visuelle. 3. Accommodation s'associe paradigmatiquement aux subst. suiv. : a) synon. accommodement, adaptation, ajustement, aménagement, appropriation, arrangement, assimilation, atténuation, changement, compromis, conciliation, contraction, convergence, déformation, dilatation, entretien, équilibre, installation, intégration, interprétation, lâcheté, mensonge, mise au point, modification, naturalisation, passivité, plasticité, réaction, réceptivité, réglage, renoncement, réponse, révolte, soumission, transformation, transposition, utilisation, variation, versatilité; b) anton. dureté, rigidité. Prononc. : [akɔmɔdasjɔ
̃]. Enq. : /akomodasiõ/. Étymol. ET HIST. − A.− 1395 terme de coutume « prêt gratuit » (J. Bout., Somme rur., fo97a, éd. 1486 ds Gdf. : Accommodation que les coustumiers appellent prester a aultre par courtoysie aucune chose), attest. isolée. B.− 1. 1455-75 « moyen de satisfaire qqn » (Chast., Chron. V, 246, 9, éd. K. de Lettenhove : en luy exhibant honneur, service, reverence, toute accomodation et prestance), attest. isolée. Ce sens est contesté par FEW, XXIV, s.v. accommodare, note 1, qui donne celui de « remise de qqc. à qqn, prêt » sans doute à la suite d'une interprétation erronée de prestance au sens de « action de prêter » (cf. FEW, IX, s.v. praestare, note 15); 2. 1690 « accord » ds Fur. s.v. : accommodation, t. de Palais. Accord qui se fait à l'amiable. Ce procès est si embrouillé, qu'il n'y a pas moyen d'en sortir que par voye d'accommodation; 1690 « id. (en parlant de textes) », Id., ibid. : ...on le dit aussi figurément de la conciliation des loix, des passages des auteurs qui semblent être contraires. Le plus grand soin des Commentateurs est de trouver l'accommodation des textes de leurs Autheurs qui se contrarient). C.− 1566 « action d'accommoder à qqc., de conformer » (H. Est., Apol. p. Herod., I, 121 ds Gdf. : Or laisserai je veoir la deduction et accommodation de ce propos à ceux qui auront le livre); d'où divers emplois : a) 1701 philos. « déduction, appropriation » (Fur., ibid. : accommodation, terme de Philosophie. Connoître par accommodation, c'est connoître une chose par l'idée d'une autre); b) 1845 théol. (Besch., ibid. : accommodation... Ce mot résume tout un système d'interprétation des livres saints...); c) 1863 physiol. « action d'accommoder (de l'œil) : modification de la courbure du cristallin selon la distance des objets » (Littré s.v. : accommodation, terme de physiologie. On donne le nom d'accommodation de l'œil aux changements qui s'y opèrent pour rendre la vision distincte à des distances diverses); d) 1868 ling. « assimilation partielle d'un son à un autre qui lui est voisin » (Baudry, Gramm. comp. des lang. class., § 79, ibid. : l'accomodation consiste en ce que le voisinage d'une lettre force la lettre voisine à changer d'une certaine façon, pour rendre la prononciation du mot plus facile); e) 1872 « installation, disposition d'un local pour un objet quelconque » (Journ. offic., 7 mars 1872, p. 1611, 3ecol., ibid. : l'accomodation des écoles laisse à désirer.) D.− 1578 sens vieilli « action de traiter qqn (en mauvaise part) » (H. Est., Nouv. lang. franç. italian., I, 116 ds DG : Se dira quelque fois quand il l'aura tué : voilà une accommodation horrible).
Empr. au lat. accommodatio attesté au sens C ds Rhet. Herr., I, 2, 3 ds TLL s.v., 330, 24 : elocutio est idoneorum verborum et sententiarum ad inventionem accommodatio; au sens A, en lat. médiév. (« prêt d'argent »), ds Chartae Friburgenses, 126 ds Mittellat. W. 97, 71 : decem marcas... titulo accommodationis... accepimus. STAT. − Fréq. abs. litt. : 52. BBG. − Battro 1966. − Bible 1912. (s.v. accommodatice). − Birou 1966. − Fries t. 1 1965 (s.v. adaptation). − Galiana Astronaut. 1963. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Goblot 1920. − Husson 1964. − Lafon 1963. − Laitier 1969. − Lal. 1968. − Littré-Robin 1865. − Mar. Lex. 1961 [1951]. − Piéron 1963. − Sc. 1962. − Séguy 1967. − Sill. 1965. − Springh. 1962 (s.v. accomodamento). − Uv.-Chapman 1956. |