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ACCOMMODANT, ANTE, part. prés., adj. et subst.
I.− Part. prés. de accommoder*.
II.− Adj. Qui s'accommode à, avec ou de son entourage.
A.− [En parlant de pers. ou d'attitudes humaines]
− Dans le domaine moral ou relig.Tolérant, conciliant, accueillant aux idées d'autrui (parfois péj.) :
1. Les dames espagnoles du Nouveau Monde aiment le chocolat jusqu'à la fureur, au point que, non contentes d'en prendre plusieurs fois par jour, elles s'en font quelquefois apporter à l'église. Cette sensualité leur a souvent attiré la censure des évêques; mais ils ont fini par fermer les yeux; et le révérend père Escobar, dont la métaphysique fut aussi subtile que sa morale était accommodante, déclara formellement que le chocolat à l'eau ne rompait pas le jeûne, étirant ainsi, en faveur de ses pénitentes, l'ancien adage : liquidum non frangit jejunium. J.-A. Brillat-Savarin, Physiologie du goût,1825, p. 115.
2. Pascal ne flétrit si à plaisir les casuistes accommodants, que parce que Port-Royal avait affaire à des ennemis fort peu commodes et fort persécuteurs. Tartufe, d'ailleurs, sait être accommodant là où il faut; il l'est pour Orgon, qu'il a tellement ensorcelé... Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 218.
3. Il rugirait en voyant aujourd'hui l'Église se montrer si accommodante et d'entendre parler de son évolution. Il la veut immuable, et toutes les « variations » appartiennent à l'hérésie. A. Gide, Journal,1946, p. 306.
Emploi substantivé :
4. En 1662, Madame de Sablé s'intéressa très-vivement aux négociations de M. de Comminges, et aurait voulu qu'on y mît plus de condescendance. Elle était et devait être du côté des accommodants. On a une lettre d'Arnauld, qu'il lui écrit sur une nouvelle proposition d'accommodement, en mai 1663;... Ch.-A. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 4, 1859, p. 462.
− Dans le domaine du caractère ou des relations humaines.D'un commerce aisé :
5. ... je lui trouvai un air bonne fille, point bégueule du tout et fort accommodant. É. Zola, Contes à Ninon,1864, p. 6.
6. Voulez-vous regarder un caractère plus avenant, un vrai Français, joli, léger et gai, comme ceux du siècle dernier, toujours en verve, amusant, accommodant, galant même, et qui, somme toute, n'est exempt ni de probité ni même de délicatesse? Lui aussi, il porte la marque de son siècle, et ses galanteries ne sont que du bout des lèvres. Il est brillamment étourdi et plaisamment bavard, ce qui ne l'empêche pas d'être avisé, retors, alerte... H. Taine, Notes sur Paris,Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, 1867, p. 226.
7. MmePaulin a eu l'intelligente bienveillance de ne pas m'interrompre. Ensuite elle m'a essuyé les yeux, elle m'a consolée par de vagues paroles accommodantes, elle s'est bien gardée de discuter : tout ce que j'ai voulu m'a été concédé, promis, comme à un enfant gâté. L. Frapié, La Maternelle,1904, p. 254.
8. D'humeur inégale et cependant toujours gaie, susceptible, irritable et pourtant accommodante et facile, la langue salée avec le ton le plus poli, vaine, modeste, vraie, fausse, délicieuse, si Rose Thévenin ne faisait pas bien ses affaires, si elle ne devenait point déesse, c'est que les temps étaient mauvais... A. France, Les Dieux ont soif,1912, p. 128.
− Dans le domaine des affaires.Avec qui on peut traiter facilement :
9. Ce marchand est fort accommodant. Ac.1835-1932.
B.− P. anal. [En parlant de choses concr.] Dont la forme s'adapte aisément :
10. Après quelques jours de cohabitation dans ce sac, les objets les plus disparates entrent dans un commerce intime; les boîtes crèvent et s'épanchent; tout s'agglutine et s'unifie en un conglomérat sans nom. Le plus accommodant c'est mon parapluie − un parapluie (...) que le muletier me rendit, le premier soir, arqué, ayant pris, selon le dos de l'âne, forme d'une impropriété surprenante... A. Gide, Journal,Voyage en Andorre, 1910, p. 316.
11. L'invariable bâtarde elle-même a également subi une transformation qui sans nuire à la lecture, l'a rendue plus élégante et surtout plus accommodante pour combler les vides que présente souvent une composition ingrate. A.-M. Villon, Dessinateur et imprimeur lithographe (Encyclopédie Roret), 1932, p. 250.
Rem. 1. Accommodant, constamment attesté ds les textes depuis ca 1630 (FEW) et ds les dict. dep. Rich. t. 1 1680 et Ac. 1964, a gagné en vitalité au xixes. et surtout au xxes. 2. Il est paradigmatiquement associé à des synon. ou anton. comme : a) agréable, aisé, arrangeant, avenant, bon, bon prince, commode, complaisant, conciliant, coulant, débonnaire, doux, facile, léger, libéral, pliant, sociable, tolérant, traitable, etc.; b) acariâtre, agressif, atrabilaire, bégueule, bourru, difficile, entier, farouche, immuable, insociable, intolérant, intraitable, intransigeant, invariable, irritable, mal léché, persécuteur, pointilleux, sévère, susceptible, tranchant, etc.
Prononc. : [akɔmɔdɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Enq. : /akomodã, -t/.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 104.
BBG. − Bar 1960. − Bénac 1956. − Le Breton Suppl. 1960.