| DÉGAGER v. tr. (se conjugue comme Bouger). XIIe siècle, desguagier, « retirer ce qui était en gage », puis « donner congé, libérer ». Dérivé de gage. ☆1. Reprendre ce qui était engagé, ce qui avait été mis en gage, donné en nantissement, en hypothèque, pour en disposer de nouveau. Dégager un objet du crédit municipal. Il a dégagé peu à peu ses terres hypothéquées. Par anal. Dégager des fonds, les rendre disponibles pour les affecter à un usage déterminé. Dégager des crédits pour la construction d'un hôpital. ☆2. Fig. Dégager sa parole, retirer une parole donnée parce qu'on estime que les conditions n'ont pas été remplies ou que l'engagement avait été pris à la légère. Dégager sa responsabilité, toute responsabilité, déclarer que l'on ne se tient plus pour responsable de quelque chose, qu'on ne se sent plus lié à une entreprise qu'on désapprouve. Dans cette affaire, il n'a songé qu'à dégager sa responsabilité. Pron. Il s'est dégagé de toute responsabilité. ☆3. Délivrer quelqu'un de ce qui le retient entravé, prisonnier. On eut de la peine à le dégager de dessous son cheval, des décombres sous lesquels il était enseveli. Pron. Se dégager de ses liens. Elle se dégagea d'un geste brusque. Se dégager d'une étreinte. Par anal. Il ne pouvait se dégager de la foule. MILIT. Dégager une unité en difficulté, venir à son secours. Dégager une ville assiégée, faire cesser le siège. • Fig. Dégager quelqu'un de ses soucis, de ses responsabilités. Dégager son esprit des contingences matérielles. Spécialt. Dégager quelqu'un d'une promesse, l'affranchir d'une promesse qui le liait. Pron. Il a contracté une obligation dont il voudrait bien se dégager. ☆4. Libérer une chose de ce qui la maintient, la retient ou l'enserre. Dégager son pied de l'étrier. Dégager une dague de son fourreau. Dégager un fossile d'un bloc de pierre. CHORÉGR. Dégager le pied et, absolt., dégager, écarter un pied de l'autre pied. - MARINE. Dégager un cordage, le faire parer quand il est engagé. Dégager une ancre. - ESCR. Dégager le fer et, absolt., dégager, détacher son épée de celle de l'adversaire en passant d'une ligne à une autre. Dégager en tierce, en quarte. - JEUX DE BALLON. Dégager le ballon et, absolt., dégager, envoyer le ballon loin de son propre camp. - MODE. Découvrir. Une robe qui dégage les bras et le cou. Une coiffure qui dégage le front. Donner de l'aisance à Dégager une emmanchure. Mettre en valeur. Une jupe qui dégage la taille. ☆5. Faire qu'une chose ne soit plus obstruée, encombrée, dissimulée, etc. Dégager une porte, un couloir. Dégager la voie publique. La foule n'est plus aussi grande, le passage commence à se dégager. Le ciel, couvert le matin, s'est dégagé vers le soir. On a dégagé ce monument, cette façade, en abattant les masures qui l'entouraient, qui en obstruaient la vue. CH. DE FER. Dégager la voie, la libérer, en parlant d'un train. • Expr. fig. et fam. Ce cataplasme lui a dégagé la poitrine, l'a soulagé d'une sensation d'oppression. Ma tête commence à se dégager. Pop. Dégager les lieux ou, ellipt., dégager, vider les lieux, s'en aller. Allez ! dégagez ! ☆6. Produire, exhaler, répandre. Dégager un parfum, un fumet. Une odeur fétide se dégageait de la mare. Ce feu dégageait une fumée noire. Le poêle dégage une douce chaleur. Fig. Le charme qui se dégage de sa personne, qui en émane. Une rumeur se dégage de la foule. • CHIM. Au cours de l'électrolyse, l'eau se décompose en dégageant de l'oxygène et de l'hydrogène. Du gaz carbonique se dégage au cours de la réaction d'un acide sur un carbonate. ☆7. Fig. Faire apparaître, mettre en évidence. Dégager les idées essentielles d'une doctrine. La conclusion qui se dégage de cet exposé, de ce rapport. MATH. Dégager l'inconnue, faire sortir des relations algébriques où elle est engagée la quantité inconnue qui vérifie l'équation. |