| DÉFENDRE v. tr. et pron. (se conjugue comme Attendre). Xe siècle, comme pronominal, « se protéger contre » ; XIIe siècle, comme transitif, « interdire l'approche d'une ville ». Du latin defendere, « repousser, écarter ; défendre, protéger ». ★I. V. tr. ☆1. Protéger contre une attaque réelle ou prévisible, prêter assistance à, venir au secours de, en usant au besoin de la force. Défendre quelqu'un au péril de sa vie. Défendre ses concitoyens. Défendre son pays, sa patrie. Défendre les faibles, les opprimés. Défendre sa vie et, pop., sa peau. Défendre ses privilèges, ses droits, ses intérêts. Défendre son honneur. Loc. fig. À son corps défendant, à regret, avec répugnance. J'y ai consenti à mon corps défendant. Par anal. En parlant d'un animal. La lionne défendait ses petits. Défendre son territoire. ☆2. Protéger, garantir un lieu contre une attaque ennemie, contre un envahisseur, en établissant un dispositif de défense, en employant les armes. Défendre une frontière. Défendre une ville, un pont, une route. La garnison a bien défendu la place. Le commandement a renoncé à défendre cette position. Avec pour sujet un moyen de défense. Une batterie défend l'entrée du port. La frontière est défendue par plusieurs forts. • Par ext. Protéger, garantir. La montagne défend cette maison des vents du nord. ☆3. DROIT. Assister quelqu'un en justice. Défendre un criminel devant la cour d'assises. Cet avocat a fort bien défendu son client. • Par ext. Défendre la mémoire de quelqu'un. Défendre une cause. Défendre une idée, une théorie, une doctrine. Défendre un projet, un parti. Défendre la morale, la religion. Pron. à sens passif. C'est une opinion qui se défend. ☆4. Interdire quelque chose à quelqu'un, l'en empêcher par un ordre, une injonction. On nous a défendu de partir. Il est formellement défendu de traverser les voies. Je vous le défends. On lui défendit l'alcool. Il défend qu'on le dérange. L'équité nous défend de lui opposer un refus. Fig. Le fruit défendu. Expr. Défendre sa porte aux visiteurs, refuser les visites. ★II. V. pron. ☆1. Résister à une attaque. Se défendre contre un agresseur, contre un voleur. Il l'a tué en se défendant. Il se défendit vaillamment. Expr. fam. Se défendre comme un beau diable. MILIT. Repousser une attaque ennemie. Cette compagnie s'est défendue pendant trois jours. La ville est, n'est pas en état de se défendre. Cette place se défend d'elle-même, elle est protégée par sa situation. • Par anal. Se protéger, se prémunir contre les effets nuisibles de quelque chose. Porter un anorak pour se défendre du froid. Se défendre contre la maladie. Expr. fig. et fam. Se défendre bien ou, ellipt., se défendre, résister aux atteintes de l'âge. Elle se défend bien pour son âge. Pop. Réussir en affaires. Je me défends, malgré les difficultés, je me tire d'affaire et, par litote, les choses vont bien pour moi. Une famille qui se défend bien, dont les membres s'entraident, qui réussit, qui reste unie dans les difficultés. Se défendre en anglais, aux échecs, y réussir plutôt bien. ☆2. DROIT. Se disculper d'une accusation en justice. L'accusé a voulu se défendre lui-même. Il s'est défendu avec des arguments solides. Par ext. Se disculper de, nier ce qu'on vous reproche. On l'a accusé de double jeu, il s'en est défendu. ☆3. S'interdire, s'empêcher de. Se défendre toute distraction. Se défendre de porter un jugement. Il ne peut se défendre d'un mouvement d'humeur. Spécialt. Parvenir à se défaire d'un sentiment qu'on juge peu honorable. Il est difficile de se défendre d'une certaine méfiance à son égard. Quand je vois la richesse de ses collections, je ne peux me défendre d'une certaine envie. |