| DÉCHIRER v. tr. XIIe siècle. Issu, par substitution de préfixe, de l'ancien français escirer, « déchirer », lui-même de l'ancien bas francique *skerian, « séparer, diviser ». ☆1. Mettre en morceaux, en pièces, sans se servir d'instrument tranchant. Déchirer des étoffes, de la toile, du papier, une lettre. Le léopard déchire sa proie. Par affaibl. En tombant, elle s'est déchiré le genou. Déchirer sa veste, y faire un accroc. Par méton. Être déchiré, tout déchiré, avoir ses vêtements en lambeaux. Spécialt. Pron. Se déchirer un muscle, se rompre des fibres musculaires. • Fig. Être déchiré entre des sentiments contraires. Elle est déchirée entre son père et sa mère. Litt. Un cri strident déchira la nuit. Son appel déchira l'air. • Expr. fig. Déchirer un contrat, un traité, faire comme s'il n'existait plus. Déchirer le voile, faire apparaître une vérité cachée. ☆2. Diviser, causer des dissensions dans. L'État était déchiré par diverses factions. Les schismes qui ont déchiré l'Église. Les guerres civiles déchirèrent le royaume durant de nombreuses années. La Fronde déchira la France. Une famille déchirée. ☆3. Faire souffrir fortement, meurtrir. De terribles douleurs lui déchiraient l'estomac. Ses oreilles étaient déchirées par ces sons discordants. Fig. Leurs plaintes douloureuses me déchirent, m'émeuvent de façon pénible. Avoir l'âme déchirée. À cette nouvelle, je sentis mon cœur se déchirer. Les amants se déchiraient jour après jour. Être déchiré par le remords. Absolt. Un spectacle qui déchire. ☆4. Offenser, attaquer par des médisances, des calomnies, des outrages. Déchirer son prochain. Il l'a déchiré à belles dents. Par méton. Déchirer la réputation d'un honnête homme. |