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GRANDEUR n. f.
XIIe siècle, au sens de « puissance, splendeur (de Dieu) ». Dérivé de grand.

I. Étendue d'un objet considéré dans une ou plusieurs de ses dimensions (hauteur, largeur, longueur), dans son volume ou sa superficie ; taille, dimension. La grandeur des objets semble diminuée par la distance. La mesure de la grandeur de la Terre. Des tableaux de grandeurs différentes. Une propriété de bonne, de médiocre grandeur. Ce récipient est d'une grandeur convenable. Un orifice, une brèche de la grandeur de la main. Se dit aussi de la taille, de la stature d'un être vivant. Deux hommes, deux animaux de même grandeur. • Loc. adj. inv. Grandeur nature, se dit d'une reproduction, d'une imitation dont les dimensions sont identiques à celles du modèle, de l'original. Statue, tableau grandeur nature. Une maquette grandeur nature.

II. Valeur variable caractérisant l'importance d'un objet, l'intensité d'un phénomène mesurable. La grandeur d'un nombre, d'une somme, d'une estimation. Classer par ordre de grandeur, selon un ordre croissant ou décroissant. Donner un ordre de grandeur, une indication approximative de quantité ou de valeur. ASTRON. Unité de mesure permettant d'estimer l'éclat des étoiles et des planètes selon une échelle de classification allant de un à six. Les étoiles de première grandeur sont les plus brillantes, les étoiles de sixième grandeur sont tout juste visibles à l'œil nu. Sirius est une étoile de première grandeur. (On dit plutôt Magnitude.) Loc. fig. De première grandeur, d'une importance extrême. Un évènement, un changement de première grandeur. • Par méton. SC. Ce qui peut être mesuré et affecté d'une valeur numérique variable. La longueur, la masse, le temps sont des grandeurs physiques. La force, le travail, la vitesse, la surface sont des grandeurs utilisées dans diverses sciences. Grandeurs mathématiques, géométriques. Deux grandeurs égales, comparables.

III. Caractère de ce qui surpasse les êtres ou les objets analogues.
1. Caractère de ce qui a des dimensions supérieures à la moyenne ou à la normale. Un animal, un homme remarquable par sa grandeur. Admirer la grandeur d'un bâtiment. Expr. fig. et fam. Regarder quelqu'un du haut de sa grandeur, avec dédain.
2. Caractère de ce qui a une importance, une intensité supérieure à la moyenne ou à la normale. Considérez la grandeur de la tâche. La grandeur de son rang, de sa fonction.
3. Qualité, supériorité dans l'ordre moral ou spirituel. Se conduire avec grandeur, sans grandeur. Faire preuve de grandeur. Grandeur d'âme, qualité d'une âme généreuse, magnanime. Une attitude pleine de grandeur, dépourvue de grandeur. La grandeur de sa décision. Un geste qui ne manque pas de grandeur. Par ext. La grandeur d'une cause, sa noblesse, sa dignité. Dans cette œuvre, l'expression ne répond pas à la grandeur du sujet, à son importance, à son étendue. Une toile remarquable par la grandeur de la conception, de la composition. Cet opéra est mièvre et sans grandeur.
4. Élévation politique et sociale. Grandeur naissante. Il songe à sa propre grandeur plus qu'à l'intérêt général. Parvenir au faîte de la grandeur. Travailler à la grandeur de son pays. Une politique de grandeur. Grandeur et décadence, progrès et déclin d'un destin public ou privé. PSYCHIATR. Délire de grandeur, affection caractérisée par un désir insatiable de gloire ou de puissance, ou par l'illusion qu'on les possède (on dit aussi Mégalomanie). • Par méton. Au pluriel. Dignités, honneurs. Aimer, rechercher, mépriser les grandeurs. L'éclat, le néant des grandeurs. Avoir le goût des grandeurs. Les grandeurs de ce monde, par opposition à une vie modeste. Expr. La folie des grandeurs, la poursuite effrénée des honneurs, des richesses. Avoir le goût des grandeurs, souffrir de la folie des grandeurs, se dit aussi d'une personne qui déploie un luxe ostentatoire, dont la dépense, le train de vie semblent fastueux.
5. Spécialt. Puissance, gloire que confère la majesté. La grandeur, les grandeurs de Dieu. La grandeur des rois. Grandeur souveraine. Vraie, fausse grandeur. Avoir un air de grandeur.
6. Anciennt. (avec une majuscule). Titre donné, aux XVIe et XVIIe siècles, aux grands seigneurs qui ne prenaient pas celui d'Altesse ou d'Excellence. Titre qu'on a donné aux évêques ou aux archevêques. J'ai suivi les instructions de Votre Grandeur. • Titres célèbres : Servitude et grandeur militaires, d'Alfred de Vigny (1835) ; Grandeur et décadence de César Birotteau, d'Honoré de Balzac (1837).