| I. GARDE n. f. XIe siècle, guarde. Déverbal de garder ou issu du francique *warda, « action d'observer, de guetter ». ★I. Action ou charge de conserver, de protéger, de surveiller, de défendre. Il m'a confié la garde de sa maison. Confier un enfant à la garde de ses grands-parents. Lors de son divorce, il a obtenu la garde de ses enfants. Il a été commis à la garde des prisonniers. Ce corps de troupe est chargé de la garde des frontières. Un chien de garde. Avoir, prendre, tenir quelqu'un sous sa garde. Prendre, recevoir des bijoux, des valeurs en garde. Acquitter des droits de garde. ☆ Spécialt. Garde à vue, le fait de retenir une personne pour les besoins d'une enquête judiciaire, sans avoir à justifier de charges particulières contre elle. • Loc. adj. vieillie. De garde, de bonne garde, se dit de vins, de fruits, etc., qui se conservent longtemps sans se gâter. • Expr. À la garde de Dieu ! Dieu vous ait en sa garde, en sa sainte garde, ancienne formule d'adieu. • Se dit notamment d'un service de guet, de surveillance assuré par des soldats et, par ext., de tout service régulier exercé à tour de rôle par plusieurs personnes. Monter la garde, être de faction, assurer la surveillance d'un poste militaire et, par ext., défendre l'accès d'un lieu, veiller étroitement sur une personne. Faire bonne garde, mauvaise garde. Mettre, placer sous bonne garde, faire protéger ou surveiller étroitement. Poste de garde. Corps de garde. Tour de garde, ordre suivant lequel on assure ce service. Service de garde. Garde de nuit, surveillance exercée pendant la nuit auprès d'un malade ou dans un service hospitalier. La salle de garde d'un hôpital, où se tiennent les internes. Expr. Des plaisanteries de corps de garde, grossières. Des chansons de salle de garde, très crues. • Loc. Être de garde, être personnellement chargé de la sécurité d'un lieu, de la bonne marche d'un service. La sentinelle est de garde jusqu'à minuit. Adjt. Officier de garde. Médecin de garde. Interne, infirmière de garde. Pharmacie de garde. ★II. Action de se protéger, de se garder. ☆1. ESCR. Manière de tenir le corps et l'épée ou le fleuret, telle que l'on soit à couvert de l'adversaire et que l'on puisse aisément le frapper. Garde haute, garde basse, position haute ou basse du poignet. Baisser sa garde. Fermer, ouvrir sa garde, se couvrir, se découvrir. Se mettre, se tenir en garde, être en garde. Être hors de garde, hors d'état de se défendre ou d'attaquer. Mettez-vous en garde ou, ellipt., En garde ! • Se dit de la position d'un boxeur qui se met à couvert des coups de son adversaire et qui est prêt à la riposte. • Se dit encore dans certains jeux de cartes. Avoir une garde à carreau, à trèfle, avoir une carte basse de même couleur qu'une carte principale, et qui protège celle-ci. • Expr. fig. Être, se tenir en garde, sur ses gardes, se défier, faire attention à ne pas se laisser surprendre. Tenez-vous sur vos gardes. ☆2. Loc. Mettre quelqu'un en garde, l'avertir d'un danger, l'inviter à la prudence. Nous vous avions pourtant mis en garde. Mise en garde, avertissement. Les mises en garde de l'Académie française, en ce qui concerne la langue. • Prendre garde à, faire attention à. Je n'aurais pas pris garde à lui s'il ne m'eût adressé la parole. On m'annonça hier cette nouvelle, mais je n'y pris pas garde. S'emploie souvent en manière d'avertissement ou de menace. Prenez garde à vous, soyez prudent. Ellipt. Prenez garde ! Suivi de l'infinitif. Prendre garde à ne pas tomber, de ne pas tomber, avoir soin de ne pas tomber (on dit aussi, dans le même sens, Prendre garde de tomber). Prenez garde de ne pas vous blesser. Suivi du subjonctif. Prendre garde que, à ce que, veiller à ce que, faire en sorte que. Prenez garde que personne ne vous voie. Suivi de l'indicatif. Prendre garde que, remarquer, observer, ne pas perdre de vue que. Prenez garde que le temps s'est rafraîchi. • N'avoir garde de faire une chose, n'avoir pas la volonté ou le pouvoir de la faire, en être bien éloigné. Il n'a garde de tromper, il est trop honnête homme. Dans un remerciement. Je n'aurai garde d'oublier ce que je vous dois. ☆3. MILIT. « Garde à vous ! », commandement ordonnant d'adopter la position du Garde-à-vous (voir ce mot). ★III. Ce qui garde, ce qui sert à garder ou à se garder. ☆1. Corps de troupe qui est chargé de monter la garde, d'assurer une surveillance. Renforcer, doubler la garde. Changer la garde. La relève de la garde. Garde montante, celle qui vient prendre son service, par opposition à Garde descendante. Appeler la garde. « À la garde ! ». Spécialt. Avant-garde, Flanc-garde, Arrière-garde, voir ces mots. • Désigne en particulier un corps de troupe chargé d'assurer le service et la protection d'un souverain, d'un chef d'État ou d'un personnage officiel. Garde royale, garde impériale. La garde prétorienne, la garde particulière des empereurs romains. La Garde noble pontificale ou, ellipt., la Garde noble, recrutée jadis dans l'aristocratie romaine et chargée de la sécurité personnelle du souverain pontife. Garde suisse, Garde du corps, formations militaires de la maison du roi. La garde du Directoire, la garde des Consuls. La Garde impériale ou, absolt., la Garde, créée par Napoléon Ier. Les grenadiers, les grognards de la Garde. La Vieille Garde, les régiments les plus anciens de la Garde impériale. La Jeune Garde, les autres régiments de la Garde impériale et, fig., les éléments les plus jeunes et les plus avancés d'un mouvement, d'un parti. Faire donner la Garde. « La Garde meurt et ne se rend pas ! », réplique attribuée au général Cambronne, que les Anglais sommaient de se rendre, à Waterloo. Spécialt. Garde d'honneur, troupe chargée de faire cortège à un personnage éminent auquel on rend les honneurs militaires. • Désigne également certaines formations qui assurent la sûreté intérieure d'une ville, d'un État. La Garde nationale, milice formée de citoyens, chargée de maintenir l'ordre public et de participer à la défense intérieure du pays, de 1789 à 1871. La garde nationale de Paris. Les légions, les bataillons, les compagnies de la Garde nationale. La Garde nationale mobile ou, ellipt., la Garde mobile, entre 1868 et 1871, partie de la classe laissée dans ses foyers à l'époque du recrutement, mais soumise au service militaire en temps de guerre. Garde municipale, troupe sédentaire et soldée qui, au XIXe siècle, était préposée au maintien de l'ordre dans certaines villes. La Garde républicaine mobile ou, ellipt., la Garde mobile, ancienne dénomination de la gendarmerie mobile. La Garde républicaine, le corps d'élite de la gendarmerie nationale chargé, à Paris, des services d'ordre et d'honneur. • Par ext. S'est dit de certains groupes paramilitaires. La Garde rouge, organisée par les bolcheviks en 1917, et autour de laquelle se constitua l'Armée rouge. La Garde de fer, organisation nationaliste roumaine de l'entre-deux-guerres, d'inspiration fasciste. ☆2. Dans des emplois spécialisés. Ce qui assure une protection. La garde d'une arme blanche, la partie qui protège la main, entre la lame et la poignée. La garde d'une épée, d'un sabre. Garde à coquille. S'enferrer jusqu'à la garde. Fig. Il s'est enferré jusqu'à la garde dans le mensonge. ÉDITION. Feuille de garde, page de garde ou, simplement, garde, feuille vierge placée au début d'un volume, avant le faux titre, et à la fin, après l'achevé d'imprimer. Une dédicace sur la page de garde. Fausse garde, que l'on coud pour protéger un volume en cours de reliure, et qu'on arrache quand le travail est achevé. - SERRURERIE. Les gardes, les petites pointes de fer s'opposant dans la serrure au passage de clefs étrangères. - VÈN. Ergot du sanglier. - MARINE. Celle des amarres qui empêche le bateau de raguer le long d'un quai. • Par ext. TECHN. Garde au sol, distance entre le sol et le point le plus bas du châssis d'un véhicule. |