| FORME n. f. XIe siècle. Emprunté du latin forma, « moule ; beauté ; forme, espèce ». ★I. Aspect extérieur, configuration caractéristique ou particulière. La forme du corps humain. La forme du visage. La forme d'une maison. Une forme géométrique. Une cour de forme ronde, carrée. Ce jardin a la forme d'un rectangle, une forme rectangulaire. Un polygone de forme irrégulière. Cette montagne est en forme de cône. Changer de forme. Perdre sa forme. N'avoir plus de forme. Prendre, reprendre forme. Fig. Ce projet, ce travail prend forme. • Spécialt. Par méton. Être indistinct dont on ne perçoit que la silhouette. Une forme qui s'éloigne. • Par ext. Le plus souvent au pluriel. Les contours, les lignes. Les formes du corps humain. Un athlète aux formes longilignes. La beauté d'une forme, l'élégance des formes. Des formes architecturales, ornementales. Les formes élancées des cathédrales gothiques. En parlant du corps féminin. Des formes épanouies. Sa robe met ses formes en valeur. Loc. fam. Prendre des formes, de l'embonpoint. Bien en forme, bien en chair. ★II. État particulier et variable d'un être, d'une chose, d'un sentiment, etc. Les différentes formes de l'énergie. La forme cristalline d'un sel. Les formes du sentiment religieux. Il y a en lui une forme de bravoure. • Spécialt. MÉD. Forme clinique, ensemble de caractères définissant certaines variétés des maladies. Forme fébrile, forme douloureuse, forme aiguë. Forme chronique, forme atténuée, forme maligne. - BIOL. Ensemble de caractères qui, à l'intérieur d'une espèce, déterminent des distinctions d'ordre biologique. Forme mâle, forme femelle. Forme larvaire, forme adulte. - BOT. Forme biologique, aspect que prennent les plantes à une saison donnée, et selon lequel on les répartit en différentes catégories (on dit plutôt Type biologique). • POLIT. et DROIT. En parlant d'une société, d'une collectivité, son principe d'organisation. Un État de forme monarchique, républicaine. Une entreprise constituée sous la forme d'une société anonyme. • LINGUIST. Chacun des aspects particuliers sous lesquels peut se présenter un même mot. Dans les langues à déclinaisons, la forme d'un mot varie selon sa fonction. Les formes grammaticales. Les formes du féminin, du pluriel. • Loc. Sous la forme de ou sous forme de suivi d'un nom, sous forme suivi d'un adjectif. Les dieux de la mythologie apparaissaient aux humains sous des formes diverses. L'ange apparut au jeune Tobie sous la forme d'un voyageur. Disposer d'une somme sous forme de numéraire. Prescrire un médicament sous forme soluble, sous la forme de pilules. ★III. En parlant des œuvres de l'esprit. ☆1. Manière dont on exprime sa pensée, dont on compose un ouvrage. Souvent par opposition à Contenu ou à Fond. Vous pouviez exprimer cette idée sous une autre forme, sous une forme plus claire, plus concise. Cette critique est courtoise dans sa forme. Il a su donner à ce sujet une forme neuve, originale. Mettre en forme, donner à un écrit la forme correcte et élégante qui convient. • Absolt. La forme, le style, la composition, ce qui relève de l'art. Le souci de la forme. Le culte exclusif de la forme. Sacrifier le fond à la forme. ☆2. Mode de composition littéraire ou musical érigé en genre, en modèle. Donner à un récit la forme d'un journal, d'une correspondance. Il s'est essayé à diverses formes littéraires. Poèmes à forme fixe, à forme libre ou, par méton., formes fixes, formes libres. Le sonnet, la ballade sont des formes fixes. Un finale en forme de rondo. La forme scherzo, la forme menuet. La forme sonate. ★IV. Manière d'être, d'agir, de se conduire, de procéder, etc., conforme à certains usages, à certaines règles, ou à quelque modèle. Souvent au pluriel. Prescrire une forme de conduite. Il faut savoir observer les formes, les règles de la bienséance, de la courtoisie. Inviter quelqu'un dans les formes. Spécialt. Atténuations polies. Une personne avec qui il faut prendre des formes. Apprenez-lui la nouvelle en y mettant des formes, avec les précautions propres à en atténuer l'effet. • Vieilli. Au pluriel. Façon de s'exprimer ou d'agir propre à une personne. Avoir des formes grossières, distinguées, raffinées. • Loc. Pour la forme, pour se conformer aux usages, aux conventions, sans conviction véritable. Il n'a présenté ses excuses que pour la forme. J'irai le consulter pour la forme. Il proteste pour la forme. De pure forme, qui n'est fait ou exprimé que pour respecter les convenances ou sauver les apparences. Des regrets de pure forme. En forme, qui est conforme aux règles reçues, consacrées. Une bataille en forme, telle que l'exigeaient autrefois les usages militaires. • Spécialt. DROIT. Toute manière de faire prévue par le droit pour l'accomplissement d'un acte juridique ou d'un acte de procédure. Respecter la forme légale, les formes légales. Un contrat établi dans les formes. Une décision judiciaire revêtant la forme d'une simple mention au dossier. Un arrêt cassé pour vice de forme. Par ext. Formalité particulière, solennité exigée pour la validité ou la preuve d'un acte. Donation en la forme authentique. Un testament en la forme mystique, en bonne et due forme. Expr. Sans autre forme de procès, sans recourir à la justice ou, fig., sans détour ni délai. • RELIG. CHRÉTIENNE. La forme d'un sacrement, la parole prononcée au nom du Christ, qui donne au support matériel et au geste leur signification et leur efficacité de grâce. ★V. Principe d'unité, de synthèse et d'organisation. ☆1. PHILOSOPHIE GÉNÉRALE. Principe qui détermine et perfectionne la matière en la faisant passer de la virtualité à l'actualité, de la puissance à l'acte. Selon Aristote, la forme achève la matière comme l'acte achève la puissance. Forme substantielle, en scolastique, principe de détermination inhérent à une substance, à la nature d'un être, par opposition à Forme accidentelle, détermination particulière et contingente qui ne modifie pas la nature de cet être. Forme des vertus (vieilli), principe qui porte l'énergie spirituelle à sa perfection. Pour les chrétiens, la charité est la forme des vertus. • Chez Kant, forme désigne un principe constitutif de la connaissance, une loi de la pensée. L'espace et le temps sont les formes a priori de la sensibilité. Les formes de l'entendement, les concepts purs a priori, ou catégories. Les formes de la raison, les Idées de la raison pure. Forme de l'acte moral, constituée par l'intention de celui qui agit. La moralité d'un acte dépend exclusivement de sa forme, déterminée par l'impératif catégorique. Forme de la moralité, caractère de la loi morale, qui fait qu'elle s'impose de manière impérative à la conscience. ☆2. PSYCHOL. Ensemble cohérent d'éléments, caractérisé par les relations qui existent entre ces divers éléments, ainsi qu'entre eux et l'ensemble lui-même. La perception de la forme précède celle des éléments. Psychologie de la forme. Théorie de la forme (en allemand Gestalttheorie), qui généralise les conceptions de la psychologie de la forme en les appliquant à la biologie et à la physique. ☆3. LOGIQUE. Ensemble des rapports établis entre les termes d'un raisonnement, lorsqu'on les considère à part, indépendamment de leur contenu. La forme d'une démonstration. Un syllogisme est en forme lorsque la conclusion découle nécessairement des prémisses. Un raisonnement en forme, qui est conforme aux règles de l'argumentation logique. ☆4. LINGUIST. La forme d'une langue, sa configuration particulière, telle qu'elle ressort de l'ensemble de ses règles internes. ★VI. Emplois techniques et spécialisés. ☆1. Cadre, châssis. ARCHIT. Surtout dans les édifices gothiques. Chacun des grands compartiments d'une fenêtre, limités par les remplages. - PAPETERIE. Châssis de bois garni d'un tissu métallique, et servant à la fabrication du papier. Papier à la forme, dont la pâte a été coulée dans ce châssis. - IMPRIMERIE. Dans la typographie au plomb, ensemble des lignes d'une page serrées dans un châssis ; ce châssis lui-même. Par ext. Cliché, plaque ou cylindre servant à l'impression. Placer les formes sur la rotative. Par méton. Chaque côté d'une feuille d'impression. Dans l'in-octavo, une forme est constituée de huit pages. ☆2. Moule en relief ou en creux, matrice, qu'on utilise pour donner forme à une matière. Forme à fromage. Une forme de cordonnier, utilisée dans la confection des chaussures. Monter une botte sur la forme. Par ext. Embauchoir. CHAPELLERIE. Mettre un chapeau en forme, sur la forme, le placer sur un moule de bois ou une armature de sparterie pour le façonner. Par méton. Calotte de feutre cylindrique. Un chapeau haut de forme, voir Haut-de-forme. • Loc. En forme, de forme. Robe en forme, qui suit la ligne du corps jusqu'aux hanches et s'évase vers le bas. Housse en forme, qui épouse la forme des meubles qu'elle sert à recouvrir. Coque en forme, carène arrondie dans le plan transversal. Outil de forme, outil de coupe dont le profil correspond à celui qu'on veut donner à une pièce. Lettre de forme, écriture minuscule gothique, soigneusement calligraphiée, en usage du XIIIe siècle au XVe siècle. ☆3. Spécialt. MARINE. Bassin d'échouage où l'on répare les bateaux. Faire passer un navire en forme. Forme de radoub (on dit aussi Bassin de radoub ou Cale sèche). - BÂT. P. ET CH. Couche de sable ou de mâchefer sur laquelle on place le pavement ou le carrelage. - ARCHÉOL. Au Moyen Âge, banc à dossier et appuis, où chaque place était marquée par une séparation. Une forme en chêne sculpté. Chacune des stalles du chœur d'une église ; leur rangée complète. - CHASSE. Cavité où gîte un lièvre. On ne tire pas un lièvre en forme. Oiseau artificiel utilisé comme leurre (on dit aussi Appelant). Lancer des formes sur un étang pour attirer les sarcelles. - PATHOL. ANIMALE. Exostose qui se développe sur les phalanges d'un cheval. Formes du paturon. ★VII. Fig. et fam. Condition physique. Être en bonne forme, en grande forme, au mieux de sa forme, ou, ellipt., en forme. Garder, perdre la forme, se tenir en forme. Par ext. Je vous ai trouvé en grande forme, vous avez été au meilleur de vous-même. |