| FLEUR n. f. XIe siècle, flur ; XIIe siècle, flor. Du latin flos, floris, « fleur », « partie la plus fine », et, au figuré, « élite ». ☆1. Partie des plantes supérieures, ordinairement colorée et souvent odorante, qui porte les organes de la reproduction. Le calice, la corolle d'une fleur. Le pistil d'une fleur femelle. Les étamines d'une fleur mâle. Une fleur hermaphrodite. Un bouton de fleur. La fleur du pommier, du cerisier. Une fleur en bouton, épanouie, fanée, séchée. En apposition. Un tissu couleur fleur de pêcher ou, ellipt., fleur de pêcher. • Expr. et loc. Être belle, fraîche comme une fleur. Avoir un teint de fleur. En fleur, en fleurs, dont les fleurs sont épanouies, qui est couvert de fleurs. Un arbre en fleur. Un jardin, une prairie en fleurs. Fig. Des jeunes filles en fleur ou en fleurs, dans l'éclat de leur fraîcheur. À la fleur de, dans la fleur de, dans tout l'éclat de, au moment du plein épanouissement de. Elle a été emportée à la fleur de l'âge. Elle est dans toute la fleur de sa jeunesse, de sa beauté. • Par ext. La fleur avec sa tige. Cueillir des fleurs. Une jonchée de fleurs. Un bouquet, une gerbe, une guirlande, une couronne de fleurs. Le marché aux fleurs. Les batailles de fleurs d'un corso. Offrir une fleur, des fleurs. Porter une fleur à la boutonnière. Le langage des fleurs, langage symbolique dans lequel les fleurs, soit isolées, soit assemblées suivant un certain choix, servent à exprimer un sentiment. Ni fleurs ni couronnes, formule par laquelle on demande de n'apporter, de n'envoyer aucune fleur à un enterrement. • Par méton. Plante qui produit, qui porte des fleurs. Les fleurs des champs. Cultiver, arroser des fleurs. Un parterre, un massif de fleurs. Des fleurs en pot. Une fleur de serre. • Spécialt. Fleurs pectorales, servant à la préparation de tisanes pectorales. Tisane des quatre fleurs. Eau de fleur d'oranger. • Fig. Fleurs de rhétorique, ornements conventionnels et souvent factices du style, du discours. Cultiver les fleurs de rhétorique. Fleur bleue, se dit d'une sentimentalité mièvre et naïve. Adjt. Fam. Elle est assez fleur bleue. • Expr. fig. Couvrir quelqu'un de fleurs, le complimenter avec abondance, de manière appuyée. Jeter des fleurs sur la tombe de quelqu'un, rendre hommage à sa mémoire. Partir la fleur au fusil, se disait des soldats qui, s'en allant à la guerre, plantaient une fleur dans le canon de leur arme ; auj., par ext., partir avec enthousiasme. Perdre sa fleur, perdre sa virginité. Fam. Faire une fleur à quelqu'un, lui accorder un avantage, un privilège. Ils s'envoient des fleurs, se complimentent mutuellement. Il est arrivé comme une fleur, à contretemps ou en retard, mais avec un air très dégagé. Il a passé son examen comme une fleur, sans aucun effort. • Titres célèbres : Les Fleurs du mal, de Charles Baudelaire (1857) ; À l'ombre des jeunes filles en fleurs, de Marcel Proust (1918). ☆2. Représentation, imitation de cette partie des plantes ou de ces plantes. Dessiner des fleurs. Redouté fut un peintre de fleurs. Une étoffe, un tissu à fleurs, où des figures de fleurs sont imprimées, tissées ou brodées. Une robe à fleurs. Un papier à fleurs. Une tapisserie à mille fleurs, voir Millefleur. Fleurs artificielles, en étoffe, en matière plastique. Un chapeau à fleurs, orné de fleurs artificielles. HÉRALD. Fleur de lis, figure imitant trois fleurs de lis réunies, qui est l'emblème de la maison de France. Par ext. Marque en forme de fleur de lis, qu'on imprimait au fer rouge, sur l'épaule des personnes condamnées à une peine afflictive et infamante. - ARCHIT. Fleur de chapiteau, petite rosace située au milieu de l'abaque d'un chapiteau. ☆3. Par anal. Ce qui évoque cette partie des plantes ou ces plantes. Fleurs de givre, dessins formés par les cristaux de glace, l'hiver, sur les vitres. CHIM. Vieilli. Se disait de certains solides, produits par sublimation ou par oxydation prolongée au contact de l'air. Fleur de soufre, d'arsenic, d'antimoine. Fleurs de zinc, flocons d'une grande légèreté que forme l'oxyde de zinc issu de la combustion de ce métal - MINÉR. Efflorescence naturelle imitant la végétation ou produite par la végétation. Fleur de cobalt, de bismuth. - ŒNOL. Fleurs de vin et, par ext., fleurs de bière, de cidre, de vinaigre, sortes de moisissures produites à la surface de ces liquides, par le contact de l'air, lors de la fermentation alcoolique. - HORT. Voir Efflorescence. ☆4. La plus fine, la meilleure partie d'une matière. Fleur de farine, farine de blé très pure. Fig. L'élite. La fleur de la chevalerie ou la fine fleur de la chevalerie. Fleur des saints, titre de plusieurs ouvrages hagiographiques. Expr. fam. La fleur des pois, au XIXe siècle, l'élite élégante d'une société ; au XXe siècle, se dit d'un personnage efféminé. • Spécialt. NUMISM. Fleur de coin, médaille, monnaie frappée avec des coins neufs. En parlant d'une monnaie ancienne. Une médaille, une pièce de monnaie à fleur de coin, parfaitement conservée. ☆5. La partie ou la couche superficielle d'une matière, d'un objet. S'emploie spécialement en peausserie pour désigner la partie d'une peau tannée qui portait les poils, la toison. En apposition. Le côté fleur, par opposition au côté chair. • Loc. prép. À fleur de, à la surface ou presque à la surface de. À fleur d'eau, au niveau ou presque au niveau de la surface de l'eau. Un rocher, une digue, un quai à fleur d'eau. Les hirondelles volaient à fleur d'eau. Des yeux à fleur de tête, saillants. Expr. fig. Avoir les nerfs à fleur de peau, être dans un état d'extrême nervosité. Une sensibilité à fleur de peau, très vive, exacerbée. |