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ACÉRÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.− Part. passé de acérer*
II.− Adjectif
A.− Au propre
1. [En parlant du fer, d'un obj. en fer] Garni d'acier pour en rendre le tranchant plus affilé ou plus pointu :
1. Les briques destinées aux constructions extérieures (...) doivent être (...) dures au point de faire feu sous le choc du marteau acéré du maçon. A. Brongniart, Traité des arts céramiques,t. 1, 1844, p. 339.
2. J'ai pris un canif dont la lame avait un tranchant acéré, et me suis fendu les chairs aux endroits où se réunissent les lèvres. Lautréamont, Les Chants de Maldoror,1869, p. 126.
3. Cela ne se fit pas sans que l'on chassât un peu dans les environs, d'autant mieux que Pencroff possédait maintenant quelques douzaines de flèches armées de pointes très-acérées. J. Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 117.
4. ... Fleury, toujours dévoué, était remonté là-haut et avait vu par le judas que le prisonnier maniait un autre couteau de petite dimension, cette fois, mais qui dardait une lame acérée comme une langue de vipère. Boylesve, La leçon d'amour dans un parc,1902, p. 136.
P. compar. (avec la forme d'une lame acérée) :
5. le chœur. − Louée soit notre sœur la flamme qui est pure − forte − vivante − acérée − éloquente − invincible − irrésistible −! P. Claudel, Jeanne d'Arc au bûcher,1939, 11, p. 1225.
2. P. ext. [En parlant de choses naturellement tranchantes] Tranchant, pointu.
− Dans le domaine de la zool. :
6. Aiguillons, tarières, ventouses, dents tranchantes, pinces acérées, un arsenal d'armes inconnues qui n'ont pas de noms encore, naquirent, s'allongèrent, s'aiguisèrent pour travailler la matière vive. J. Michelet, L'Insecte,1857, p. 132.
7. Il y avait des dents aiguës et des griffes acérées qui s'enfonçaient dans les chairs saignantes. L. Ménard, Rêveries d'un païen mystique,1876, p. 213.
− Dans le domaine de la bot. :
8. Au bruit de leurs discours, le monstre qui dormait Leva sa tête étrange, avec un long murmure, Et, tout autour de lui, de la base au sommet, Son feuillage acéré sonna comme une armure... L. Bouilhet, Dernières chansons,L'Aloès, 1869, p. 102.
9. Les Aloès (Aloe), (...) sont connus pour leurs feuilles charnues au bord garni d'épines acérées. Plantefol, Cours de botanique et de biologie végétale, t. 2, 1931, p. 312.
B.− P. anal. Qui produit une sensation aiguë.
[En parlant de sons] Perçant, strident :
10. ... de toute cette foule effervescente s'échappait, comme la vapeur de la fournaise, une rumeur aigre, aiguë, acérée, sifflante comme les ailes d'un moucheron. V. Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 58.
11. C'était indéfinissable et charmant; quelque chose de pur, de sonore, d'aérien, d'ailé, pour ainsi dire. C'étaient de continuels épanouissements, des mélodies, des cadences inattendues, puis des phrases simples semées de notes acérées et sifflantes. V. Hugo, Notre-Dame de Paris,1832p. 79.
[En parlant du froid] Vif, intense :
12. Aujourd'hui éveillé à neuf heures, lu de l'italien dans mon lit, − puis levé, − déjeuné. − Un temps gris et bas, − le froid pénétrant et acéré. J. Barbey d'Aurevilly, Premier memorandum,1838, p. 165.
C.− Au fig.
1. Compar. explicite. Qui laisse une impression vive, comme si elle était produite par une lame ou une pointe acérée :
13. Le regard de l'Anglais était froid et acéré comme une lame d'épée... P.-A. Ponson du Terrail, Rocambole,t. 2, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 97.
14. Car il est de certaines sensations délicieuses dont le vague n'exclut pas l'intensité; et il n'est pas de pointe plus acérée que celle de l'infini. Ch. Baudelaire, Petits poèmes en prose,Le « Confiteor » de l'artiste, 1867, p. 16.
15. Vitet? Un destructeur! Son arme favorite est un mot, insignifiant en apparence, mais plus tranchant qu'un scalpel et plus acéré qu'un aiguillon. G. Duhamel, La Confession de minuit,t. 1, 1920, p. 164.
2. [En parlant d'une idée, d'une méthode, d'une fac. hum.] Fin, pénétrant :
16. ... l'idée est fine, délicate, acérée, quelquefois subtile... E. et J. de Goncourt, Journal,févr. 1865, p. 130.
17. ... la mystique, issue de l'exercice de la Raison, est une SCIENCE, et la plus stricte et acérée de toutes. L. Daudet, Études et milieux littéraires,1927, p. 24.
18. Il ne l'avouait guère et comme, à cet étrange respect, se mêlait beaucoup d'aversion, il attaquait volontiers et cherchait l'avantage. Il redoutait, entre autres, l'intelligence acérée de Schleiter et se refusait pourtant à lui marquer la moindre considération. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Vue de la terre promise, 1934, p. 123.
3. [En parlant d'un écrit, de paroles, de leur ton, d'attitudes] Vif, mordant :
19. Eh bien, la parole la plus acérée, l'ironie la plus aiguë, ne lui arrachèrent ni un mouvement ni un geste de dépit. H. de Balzac, La Peau de chagrin,1831, p. 129.
20. C'était un homme d'une grande taille, dont la physionomie, vulgaire et disgracieuse dans l'ensemble, s'animait de temps en temps d'une finesse railleuse et d'un sourire acéré. L. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 214.
21. M. Duranty est là, au milieu de ses estampes et de ses livres, assis devant sa table, et ses doigts effilés et nerveux, son œil, acéré et railleur, sa mine fouilleuse et aiguë, son pincé de comique anglais, son petit rire sec dans le tuyau de sa pipe, repassent devant moi à la vue de cette toile où le caractère de ce curieux analyste est si bien rendu. J.-K. Huysmans, L'Art moderne,1883, p. 136.
22. Un bas bleu, Mmede Villeparisis en avait peut-être été un dans sa prime jeunesse, et, ivre alors de son savoir, n'avait peut-être pas su retenir contre des gens du monde moins intelligents et moins instruits qu'elle, des traits acérés que le blessé n'oublie pas. M. Proust, À la recherche du temps perdu,Le Côté de Guermantes 1, 1920, p. 186.
23. Si l'on répète un propos de Philip, il reste acéré, subtil, il continue à faire mouche. R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 966.
24. ... je refoulai les chevaliers errants, je me parlai sans cesse des hommes de lettres, des dangers qu'ils couraient, de leur plume acérée qui embrochait les méchants. J.-P. Sartre, Les Mots,1964, p. 144.
P. ext., rare. [En parlant d'une pers.] :
25. Il hantait volontiers les soupers sans entraves, Où l'esprit, en jouant, se mêle aux choses graves, Philosophe acéré, convive ingénieux, C'était lui qu'en son cœur l'édile aimait le mieux, Après un morse noir qu'il nourrissait d'esclaves, Et Coracoïdes, son bouffon aux gros yeux. L. Bouilhet, Melaenis,1857, p. 39.
Prononc. − Enq. : /aseʀe1/.
Étymol. ET HIST. − 1. a) 1155 « garni d'acier (de l'extrémité d'une lance rendue plus tranchante et solide) » (Brut, éd. Arnold, 9298 ds Keller, Voc. Wace, 314 b : Lance ot redde, Bun aveit nun, Acerez fu li fer en sun); 1172-75 « id. » (Chrét. de Troyes, Chevalier au Lion, éd. M. Roques, 5618 : Et lor escu n'estoient mie Tel que rien en ostast espee Tant fust tranchanz ne aceree); b) 1562 « dur et tranchant comme l'acier » (Rabelais, L'Île sonante, éd. Abel Lefranc, p. 24-25 : les chats fourrez sont bestes moult horribles... ils... ont aussi les griphes tant longues, fortes et asserees que rien ne leur eschappe); 2. emploi fig. a) 1276 « dur comme l'acier, inébranlable (de pers.) » (Enf. Og., éd. Scheler, 6769 ds T.-L. : ce sont gent aceree); b) 2emoitié xvies. « robuste, fort (inanimé non matériel) » (Charron, P. Traité de la sagesse, I, III, ch. XXXIX, 759 ds Gdf. Compl. : Socrates par sa sobrieté avoit une santé forte et aceree); c) av. 1755 « (d'un propos destiné à blesser) piquant, mordant » (Saint-Simon, Mém. [1715], t. XII, c. 18 ds Dict. hist. de la lang. fr. publ. par l'Ac. fr., t. 1, 1865, 696 b : Les brocards les plus cruels et les mieux acérés, couloient sur lui comme sur toile cirée, pour peu qu'il crût avoir intérêt à les secouer). Dér. de acer, forme anc. de acier; suff. *; cf. a. fr. acerin « id » aux sens propre et fig.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 155.