| ABÊTISSEMENT, subst. masc. A.− Action d'abêtir : 1. La gésine et la nursery ne sont pas l'affaire dominante de l'homme. Nous traversons ces affaires d'entrailles, mais nous n'y pouvons demeurer, sous peine d'abêtissement, ou du moins d'affadissement.
H.-F. Amiel, Journal intime,13 juil. 1866, p. 365. 2. Il promettait de toucher l'opinion par une campagne de presse : la tyrannie politique, l'exploitation économique, la terreur policière, l'abêtissement systématique des masses, la honteuse complicité du clergé, il dirait tout.
S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 89. 3. Je me demandais si à la longue Zaza ne se laisserait pas convaincre que son devoir de chrétienne était de fonder un foyer; pas plus que l'abêtissement du couvent, je n'acceptais pour elle la morosité d'un mariage résigné.
S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 276. B.− État de celui qui est abêti : 4. Mais la fatigue est un grand remède et l'abêtissement une précieuse ressource.
A. France, Le Mannequin d'osier,1897, p. 14. 5. Presque tout le temps que je passais près d'elle, j'étais à peu près idiot et plongé dans un abêtissement délicieux.
A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 277. Rem. 1. Dans l'ex. 4 abêtissement a une valeur légèrement inchoative (entrée dans l'état). 2. Quoique appartenant à la lang. commune, le mot apparaît peu dans la docum. Il est cependant moins fam. que ses princ. synon. (abrutissement, crétinisme, gâtisme). Dans l'emploi A il a une valeur nettement dépréc. Dans l'emploi B (A. France, ex. 4, 5), le cont. lui donne une nuance (ironiquement) méliorative. Prononc. ET ORTH. : [abεtismã] ou [-be-], cf. abêtir. Enq. : / abetismã /. Étymol. ET HIST. − 1552 « action d'abêtir » (B. Aneau, Imagination poétique, 45 ds Hug. : Abetissement d'enfants par tyrannie des magisters); 1842 « id. » (Richard, Dict. des mots nouveaux d'apr. Quem.).
Dér. de abêtir* à partir du thème du part. prés. (voir suff. -ement) une 1refois au xvie, puis au xixes. STAT. − Fréq. abs. litt. : 15. |