| ABRÉVIATEUR, TRICE, adj. et subst. masc. A.− Emploi adj. Qui abrège, réduit, simplifie : 1. ... beaucoup de gens ont accusé de barbarie tous les peintres dont le regard est synthétique et abréviateur, par exemple M. Corot...
Ch. Baudelaire, Curiosités esthétiques,1846, p. 338. B.− Emploi subst. Stylistique Terme spécialisé dans les lang. techn. (chancellerie, sens anc.) et celle des crit. litt.1. Auteur de la version abrégée d'un ouvrage : 2. St Marc, tout en copiant en abréviateur le récit de St Mathieu, lui donne une couleur qui n'était pas dans l'original. Il l'interprète, comme dit Papias, suivant ses lumières.
P. Leroux, De l'humanité, de son principe et de son avenir, t. 2, 1840, p. 7. 3. Certaines personnes se plaisent à relever les traits qui, dans notre littérature et notre philosophie, rappellent la décadence grecque et romaine, (...). Nos éditeurs, compilateurs, abréviateurs, philologues, critiques répondraient aux rhéteurs, grammairiens, scoliastes d'Alexandrie, de Rhodes, de Pergame.
E. Renan, L'Avenir de la science,1890, p. 388. 2. CHANCELLERIE PONTIFICALE. Secrétaire chargé de la rédaction (en utilisant, à l'occasion, les abréviations) ou de la collation et de l'expédition de certaines bulles et lettres pontificales : 4. ... les votants de la signature, les abréviateurs, les maîtres des cérémonies, les camériers assistants, les camériers secrets, les camériers ordinaires, les camériers extra, les avocats consistoriaux, les écuyers, les chantres, les clercs, et les acolytes de la chapelle, les porteurs de la (...), − tout un peuple ecclésiastique et toute l'innombrable « famille pontificale »...
E. et J. de Goncourt, Madame Gervaisais,1869, p. 81. Prononc. : [abʀevjatœ:ʀ]. Étymol. ET HIST. − Corresp. rom. : ital. abbreviatore; esp., port., cat. abreviador.
1. 2emoitié xives. « rédacteur de la version abrégée d'une œuvre » (Raoul de Presles, Cité de Dieu, 4, Exp. sur le chap. 6, éd. 1531 ds Quem. : Elorus fut abbreviateur de Titus Livius). Perman. (cf. sém. B 1). Dep. le xixes., on le trouve également à la forme adj. (cf. sém. A). 2. a) « officier de la chancellerie pontificale chargé de rédiger les minutes des lettres pontificales », (ces litterae notatae sont ensuite confiées aux grossatores qui en font l'expédition), terme de diplomatique; emploi fig. mil. xves. Les Droits nouveaux de G. Coquillart ds
Œuvres, éd. Tarbé, I, 112 : Les vrayes collations ordinaires Sont dames plaines de doulceurs; Souspirs sont les referendaires; Les patrons sont larmes et Regrets sont abreviateurs [= en amour, les regrets sont inséparables de l'octroi des bénéfices]; 1534 sens propre (Rabelais, II, 7 ds Hug. : bullistes, copistes, scripteurs, abbreviateurs, référendaires et dataires). Perman. jusqu'au xxes. (cf. sém. B 2); toutefois cette fonction ayant été supprimée en 1908, le terme n'est plus empl. que p. allus. à une institution passée; b) 1534 « notaire, secrétaire chargé de rédiger la minute d'un jugement », terme de diplomatique (Pierre Le Fevre, dit Fabri, Art de pleine Rhétorique, éd. Héron, II, 122 : appellez les abbreviateurs des jugements de la court), d'apr. la docum. ne semble vivant qu'au xvies.
Empr. au lat. abbreviator, attesté au sens 1 dep. Isidore (In libros nov. et vet. testam. proemia, 82 ds TLL s.v. : Marcus abbreviator Mathei; cf. Albert le Grand, Génér., 1, 6, 9 ds Mittellat. W. s.v., 15, 23 : Avicenna et abbreviator ejus Algazel). 2 a empr. au lat. médiév. (cf. xiiies. Ordines cancell. papalis, 3, 4, 4 ibid., 28 : nullus abbreviator notam in grossam redigat); 2 b est un élargissement de 2 a au niveau du fr.; n'a pas d'équivalent en lat. médiév. STAT. − Fréq. abs. litt. : 9. BBG. − Éd. 1913. − St-Edme. t. 1 1824. |