| ABRUPTION, subst. fém. A.− MÉD. Fracture transversale d'un os avec déchirure inégale et déplacement des fragments. B.− RHÉT. Procédé visant à animer le style (notamment dans le discours dir.) en supprimant les transitions d'usage. Stylistique − Quoiqu'il possède, selon DG, un emploi gén., mais vieilli avec le sens « rupture », abruption n'est bien attesté que dans ses emplois techn. − L'emploi méd. est assez fréquemment noté dans les dict. gén. et méd. du xixes. surtout (Nysten 1814; Ac. Suppl. 1829; Ac. 1832; F. Raymond Dictionnaire général de la langue francaise, 1840; Ac. Compl. 1842; Besch. 1845; Littré; La Châtre t. 1 1865; Littré-Robin 1865; Lar. 19e; Ac. Compl. 1842; Boiss. 8eéd.; Nouv. Lar. ill. 1897-1904), moins fréquemment dans les dict. du xxes. (DG; Lar. 20e; Quillet 1934; Garnier-Del. 1961). Il paraît tomber progressivement en désuétude de nos jours. − L'emploi rhét. (cf. l'emploi B 2 c de abrupt adj.) est signalé par qq. dict. gén. du xixes. et rarement du xxes. (Ac. Compl. 1842; Besch. 1845; La Châtre t. 1 1865; Lar. 19e; Nouv. Lar. ill. 1897-1904; Lar. 20e). Absent des ouvrages spécialisés (Dem. 1802; Mar. Lex. 1961; Mar. 1969; etc.), il semble n'avoir jamais eu une grande vitalité.Prononc. − La dernière transcription de ce mot est celle de DG : ab'-rŭp'-syon; en vers, -si-on. Étymol. − 1. 1480 « faille, gouffre terrestre » (Baratre infernal, A. 297, Bibl. de Rouen, anc. fonds ds R. Hist. Litt. Fr., I, 181 : Faisant en son effort gronder abruptions, fentes et ouvertures par les dites montaignes.); 2. 1611 terme méd. « fracture » Cotgr. : Abruption d'os. An entire separation of some part of a bone from the rest, which thereby suffers a manifest want.
Empr. au lat. abruptio (au sens de « rupture [d'un obj.]» dep. Cic., Div., 2, 84 ds TLL s.v., 143, 79) cf. avec 1 fin v-vies., Fulgence, De aet. mundi, 11, ibid., 143, 82 : terrenae abruptionis hiatum; pas d'emploi méd. relevé en lat. class. ni médiév.
HIST. − L'emploi géogr. primitif de abruption, attesté pour la 1refois au xves. (cf. étymol.), paraît être rapidement tombé en désuétude. En effet aucun dict. du xvieau xxes. ne le mentionne : seuls Cotgr. 1611 (« An abruption; a breaking off, a bursting asunder ») et DG (cf. styl.) signalent un emploi gén. qui le rappelle vaguement. Abruption dans cet emploi géogr. est remplacé aux xixeet xxes. par un autre n. de la même fam. (cf. abrupt II, subst.). L'emploi méd. est attesté, sans var. sém., de 1611 à nos jours (avec une éclipse dans les dict. du xviiies. et une raréfaction notable dans les dict. du xxes., cf. styl.). Un 3eemploi (rhét.), mentionné dans les dict. à partir de Ac. Compl. 1842, semble n'avoir jamais eu d'autre existence que théorique et lexicogr. (cf. styl.). BBG. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Littré-Robin 1865. − Nysten 1814-20. |