| ABROTONE, subst. fém.,ABROTANUM, subst. masc. BOT. Nom vulgaire des aurones, du genre armoise, cultivées dans les jardins pour leur odeur pénétrante : Durtal remit, en grognant, à MmeBavoil, un papier qu'il ôta de sa poche; elle éclaircit ses lunettes en soufflant dessus et en les frottant d'un vigoureux coup de mouchoir, et elle lut : sauge − rue − abrotone − cornichon − melon − absinthe − marrube − fenouil − iris − livèche − cerfeuil − lys − pavot − sclarea − menthe − chasse-puce − ache − bétoine − aigremoine − eupatoire − éphèdre − menthe de chat − radis et rose.
J.-K. Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 104. Rem. On distingue plusieurs espèces : − aurone mâle : citronelle; − aurone femelle : santoline petit cyprès. Selon P. Fournier, Les quatre flores de France, Paris, 1961, p. 981, la fleur se caractérise par des feuilles à lanières très fines, des tiges très ramifiées, à rameaux dressés en panicule étroite et aime les rochers et les pierrailles. Prononc. − 1. Forme phon. − Les seules transcriptions du mot fr. sont celles de Land. 1834 et de Gattel 1841 : ɑ-bro-to-ne. 2. Dér. et composés : abrotonite, abrotonoïde. Étymol. − xives. abrotane « Artemisia abrotanum L. ou armoise abrotanelle » terme de bot. (Bruno de Longobucco, Cyrurgie, ms. de Salis, fol. 21a ds Gdf. : Resine seche, abrotane ars); 1611 abroton « id. », Cotgr. : Abroton, the herbe Sothernwood.
Empr. au lat. (h)abrotonum, terme de bot. (dep. Lucrèce, 4, 125 ds TLL s.v., 2487, 51); désigne une armoise indéterminée du genre Artemisia L. ds Pline, Nat., 21, 160, ibid., 2487, 36 (habrotonum duorum traditur generum, campestre ac montanum, hoc feminam, illud marem intellegi volunt) où qualifiée d'h. campestre, elle s'oppose à l'h. montanum qui désigne la santoline, petit cyprès, Santolina Chamaecyparissus L., plante ornementale (d'apr. André, Lex. bot., s.v. habrotonum); utilisation en méd. : cf. Pline, op. cit., 21, 160 ds TLL s.v., 2487, 43 : habrotonum... usus et foliis, sed maior semini ad excalfaciendum, ideo nervis utile, tussi, orthopnoeae; cf. lat. médiév. av. 1161, Matt. Platearius, Gloss. in antidotarium Nicolai ds Mittellat. W. s.v., 42, 6 : abrotanum... herba est ... flores et folia abjectis stipitibus in medicinis ponimus. Forme dissimilée abrotanum dep. Celse (TLL s.v., 2487, 25-50); d'où la var. graphique abrotane.
HIST. − Mot entré dans la lang. au xives. (cf. étymol.) et dont la déf. s'est élargie au cours de son évolution : − xviies. : Herbe, ou plante fibreuse odoriferante qui craint le froid au troisième degré, et qui aime une terre maigre et sèche. Abrotonne mâle. Abrotonne femelle. Rich. 1680. − xviiies. : Herbe, ou plante fibreuse et odoriférante. (...). On dit aussi par corruption, Brotanne pour Abrotone; mais ces deux termes sont peu usités dans la Botanique, et ne se trouvent que dans d'anciennes et mauvaises traductions de Livres de plantes. Il faut dire Aurone. Trév. 1752. − xixes. : Nom donné vulgairement à l'aurone et à quelques plantes qui lui ressemblent, comme les armoises, les santolines, etc. Lar. 19e. STAT. − Fréq. abs. litt. : 1. BBG. − Bouillet 1859. − Littré-Robin 1865. − Mont. 1967. − Nysten 1814-20. − Privat-foc. 1870. |