| ABRASEMENT, subst. masc. Action d'abraser (cf. abraser, C). Rem. Résurgence d'un mot d'a. fr. (cf. hist. et styl.). Stylistique − Usage à des fins d'expressivité ds Ch. Péguy, qui semble l'avoir préféré (peut-être sous l'influence de rasement « action de démolir un édifice jusqu'au niveau du sol ») à abrasion, terme de géomorphologie (voir ce mot, sém. A) :
1. Tout ce qu'ils veulent, c'est qu'on perde de la valeur. C'est une décantation perpétuelle, c'est un abrasement continu. Ils sont comme les eaux. Ils opèrent une érosion continuelle. Tout ce qui dépasse ils ne sont occupés qu'à le déraser.
Ch. Péguy, L'Argent, 1913, p. 1194.
2. Ce qui partout ailleurs est une accession
N'est ici qu'un total et sourd abrasement
Ce qui partout ailleurs est un entassement
N'est ici que bassesse et que dépression.
Id., la Tapisserie de Notre-Dame, Prière de résidence, 1913, p. 909.
3. Et nous ne valons pas dans nos abrasements
Ce que l'homme valait dans son inhabitude.
Id., Ève, 1913, p. 1009.Prononc. : [abʀazmɑ
̃]. ÉTYMOL − Repris au m. fr. abrasement, attesté au xves. dep. 1419 au sens de « démolition (d'une maison) » (Lobineau, II, 935 ds Gdf. : mais seront et demourront [ces châteaux] ... sans aucunement y faire novation, dilaceration, abracement ne diminution), formé sur le part. pass. du lat. abradere (« enlever en rasant », voir abrasion) à l'emploi fig. de « supprimer, détruire », fréq. en lat. chrét. (Blaise). STAT. − Fréq. abs. litt. : 4. |