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ABORDEUR, adj. et subst. masc.
I.− [En parlant d'un navire]
A.− Adj. Auteur d'un abordage :
1. ... si un abordage avait eu lieu, il se pouvait faire que le bâtiment abordeur l'eût recueilli, lui seul, et emmené au loin. G. de Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Le Noyé, 1888, p. 1154.
B.− Subst. Navire auteur d'un abordage :
2. ... si l'éperon [d'un cuirassé] venait à rencontrer les grosses plaques de blindage qui constituent... [la ceinture cuirassée], le choc disloquerait l'avant de l'abordeur et le mettrait en danger. A. Croneau, Construction pratique des navires de guerre, t. 1, 1892, p. 272.
DR. MAR. (Navire) responsable de l'abordage :
3. « Adjectif et substantif ayant un sens ambigu. Dans la langue courante, il désigne le navire ayant joué un rôle actif dans un abordage, par opposition au navire qui a joué un rôle passif et qu'on appelle « abordé »; il ne faut absolument pas donner à ce mot un synonyme avec « responsable » ou « fautif ». Sans doute, en pratique (sauf dans le cas où l'un des navires serait au mouillage et, par conséquent, indiscutablement passif) chaque capitaine affirme-t-il que l'autre est l'abordeur, et lui l'abordé en donnant nettement à ce mot le sens de « fautif ». Mais, dans le langage juridique, le mot abordeur a le sens de « navire responsable de l'abordage ». Le Clère1960.
II.− [En parlant d'un marin] ,,Nom donné aux marins composant le détachement qui doit toujours être le premier à l'abordage. S'emploie aussi adj. Marin abordeur.`` (Lar. 19e).
Prononc. : [abɔ ʀdœ:ʀ].
Étymol. − 1. Adj. 1773 vaisseau abordeur « bâtiment qui fait un abordage » terme mar. (Bourdé de La Villehuet, Man. des marins s.v. : un vaisseau abordeur est celui qui aborde, qui fait un abordage); 2. subst. 1798 « bâtiment qui fait l'abordage » terme mar. (Röding, Wörterbuch der Marine ds Kemna, 72). Dér. de aborder* 1, terme mar.; suff. -eur*. HIST. − On retrouve dans les dér. de aborder la trace des princ. sens du verbe. I.− « Heurter (un navire), soit accidentellement, soit pour l'attaquer », d'où : A.− Abordage : « action de heurter un navire, soit accidentellement, soit pour l'attaquer »; 1reattest. ds Rich. 1680 et continuellement attesté dep. B.− « Celui qui joue un rôle actif dans l'abordage » : 1. abordeur : 1reattest. 1773 (cf. étymol.) et constamment attesté. 2. abordant : 1reattest. 1845 (cf. étymol.), dernière attest. ds Lar. 19e. C.− Abordable « dont la constr. rend l'accès facile à celui qui veut l'attaquer (en parlant d'un navire) ». Attesté en 1773 (cf. étymol.), rares attest. au xixes. jusqu'au Lar. 19es. D.− Abordé, -ée : « celui qui joue un rôle passif dans l'abordage ». 1reattest. 1845 (cf. étymol.), qq. rares attest. dans toute la période. II.− « Approcher » d'où : A.− Abordable : « que l'on peut approcher, en parlant d'une pers. ». 1reattest. ds Nicot 1606 et constamment attesté. B.− Abordage : « action d'approcher d'un navire »; attesté de Jal 1848 à Lar. 19e. III.− « Arriver » d'où : A.− Dès le début (1reattest. 1454, cf. étymol.), abordée s'est trouvé rejeté dans des loc. « d'abord; dès le commencement ». Attesté pendant toute la période. B.− Abordable : « d'un accès facile, en parlant d'un rivage »; 1reattest. 1542 (cf. étymol.) et constamment attesté. C.− « Action d'entrer dans un port » : 1. Abordage : attesté en 1553 (cf. étymol.), sans attest. post. 2. Abordée : attesté en 1575 (cf. étymol.), sans attest. post. IV.− « Entamer une entreprise plus ou moins difficile », d'où abordable : « d'un prix accessible »; 1reattest. 1862 (cf. ex. 6) et constamment attesté, avec une vitalité notable; « qu'il est possible d'aborder, d'envisager », noté à partir de la 2emoitié du xixes. (cf. ex. 9, 10, 11, 12).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 2.
BBG. − Gruss 1952. − Jal 1848. − Le Clère 1960. − Will. 1831.
Stylistique − Abordeur et abordé appartenant à la lang. du dr. mar.; abordant n'ayant, en tant qu'adj., qu'un emploi dial.; et les loc. formées sur abordée étant toutes rares et vieillies, les seuls mots de la série réellement vivants sont abordable et abordage. Abordage contient l'idée, tantôt effrayante, tantôt séduisante (séduction des aventures lointaines, des voyages en mer, que l'on peut transposer à des aventures sur la terre ferme) de danger, de menace et de bataille : on monte à l'abordage, muni d'une hache d'abordage, en criant « à l'abordage! », etc. Il apporte aux récits de guerre, de voyages et d'aventures une certaine coloration affective. Qq. emplois intéressants : Abordable : 4. ... tes lettres seront pour moi tour à tour la plus adorable (ou abordable) expression (de) ton cœur... M. de Guérin, Correspondance, 1837, p. 303. Abordage : 5. Cette matière cornée résiste par son élasticité, bien mieux que les os, qui se seraient usés par le frottement. Elle revêt en entier le corps de quelques amphibies, tels que les tortues, qu'elle défend contre les abordages des rochers et le frottement des sables. J.-H. Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature, 1814, p. 245. 6. Dans le désir de parfaitement bien connaître son échiquier avant de tenter l'abordage de la maison de Nucingen, Rastignac voulut se mettre au fait de la vie antérieure du père Goriot... H. de Balzac, Le Père Goriot, 1835, p. 101. 7. Un monstre avait saisi l'autre. La pieuvre avait pris Clubin. Cela avait été, dans l'ombre inexorable, presque ce qu'on pourrait nommer la rencontre des hypocrisies. Il y avait eu, au fond de l'abîme, abordage entre ces deux existences faites d'attente et de ténèbres, et l'une, qui était la bête, avait exécuté l'autre, qui était l'âme. V. Hugo, Les Travailleurs de la mer, t. 2, 1866, p. 384.