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ABOMINABLEMENT, adv.
D'une manière abominable. Chanter, écrire, se conduire abominablement (Ac. 1835).
A.− Sens fort :
1. Il [Gavroche] prit, pour se tirer d'affaire, le procédé le plus simple; il mentit abominablement. V. Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 440.
2. Les fillettes continuaient leur ronde, comme si l'enfant n'eût pas été abominablement noyé par la malice du monstre. P. Adam, L'enfant d'Austerlitz,1902, p. 3.
B.− Sens affaibli :
3. Mercredi 12 décembre. La Dheure qui joue, hélas! abominablement le rôle de la grande Adèle, le rôle dangereux de la pièce, sent, sans que je lui aie rien dit, sent très bien que je suis mécontent de son jeu, et la voici, la belle et douce blonde, qui se met à fondre en larmes et pleure une partie de la répétition avec des montées de sanglots à la gorge d'une petite fille grondée. E. et J. de Goncourt, Journal,déc. 1888, p. 872.
C.− [Emploi gén. avec un adj. ou un adv.] Beaucoup, extrêmement :
4. Je tousse abominablement et je salis des mouchoirs de poche innombrablement. G. Flaubert, Correspondance,1873, p. 7.
5. Il faisait abominablement chaud et pour fuir l'asphalte en fusion, les vapeurs d'essence et de goudron, les arbres grillés, la poussière du Luxembourg, les bandes d'enfants, les amants sordides du quartier, les filles au linge douteux de la taverne du Panthéon, j'étais lâche, j'allais voir ma mère à Neuilly... P. Nizan, La Conspiration,1938, p. 231.
Rem. Dans l'ex. 4 les deux adv. de manière qui présentent la même struct. morphol. expriment aussi chacun, sur un mode plais. le comble de l'intensité (cf. aussi abominable A, ex. 5).
Prononc. : [abɔminabləmɑ ̃]. Enq. : /abominabləmã/.
Étymol. − 1. xives. « d'une manière à inspirer la réprobation » (Chron. des Quatre Valois, 295 ds Quem. t. 1 1959 : pour l'amour et honneur du roy (...) fut icelui prevost resputé d'estre ars, comme cil qui l'avoit trop abhominablement deservi); 2. 1422 « d'une manière à inspirer un sentiment d'horreur (dans un contexte religieux) » (Courcy, Hist. de Grèce, Ars. fo253a ds Gdf. Compl. Contre Dieu tout leur temps emploierent et puis finerent abhominablement); 3. 1560 « de manière à inspirer la nausée » (Viret, Cuisine papale, 47, ds Quem. t. 1 1959) : les singes de ces singesses et ces singes abominablement puans. Dér. de abominable*; suff. -ment*. HIST. − Aucun sens disparu av. 1789. A.− Hist. du sens I (sém.). Grande stab. sém. dep. le xives. cf. étymol. 1 et 2 et aussi : 1570 : Il est tout manifeste combien ceux-cy l'ont honoré : c'est-à-dire, combien vilainement et abominablement (La cité de Dieu, trad. G. Hervet, 1, 212a ds Vaganay, Hist. franç. mod.). Cf. encore Fur. 1690, Ac. 1878, Littré, Rob. B.− Hist. du sens II (sém.) − 1. Dans ce sens le mot s'est empl. d'abord avec des verbes : 1redat. Ac. 1694 (cf. aussi abominable sens II et Journet-Petit t. 1 1966) dans un type d'expr. constamment repris : chanter, écrire abominablement; dep. 1694 grande stab. sém. (Trév. 1704; Ac. 1878; Lar. 20e). 2. A une époque relativement récente (xviiies.) cet emploi s'est étendu aux adj. et adv. : chanter, écrire abominablement, abominablement mal (Ac. 1798). Emploi attesté de façon discontinue ds les dict. : Ac. 1835, DG, Lar. 20e, Lar. encyclop. L'attest. du xviiies. abominablement laide (Voisenon, Alphanore et Bellanvie ds DG) est souvent donnée par les lexicographes.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 81.