| ABOMA, subst. masc. ZOOL. Boa géant vivant aux Antilles, en Guyane, en Inde, etc. : 1. On conserve plusieurs peaux de cette espèce dans le muséum britannique et celui de M. Parkinson. M. Westley nomme ce serpent liboija, et l'Encyclopédie anglaise, boa. A Surinam on l'appelle aboma. Sa longueur, lorsqu'il a pris toute sa croissance, est quelquefois, dit-on, de quarante pieds, et sa circonférence de plus de quatre. Il a le dos d'un noir verdâtre, et couvert de taches irrégulières, blanches et entourées d'une bande noire; les flancs d'un beau jaune brun, avec les mêmes taches; et le ventre d'un blanc sale. Sa tête est large, plate, mais petite en proportion du corps; sa bouche est très-grande et renferme une double rangée de dents; ses deux yeux sont noirs et saillans. Ce serpent est tout couvert d'écailles dont quelques-unes sont de la forme d'un schelling. Pour l'aider à saisir sa proie, il est armé, sous le ventre, de fortes griffes comme les éperons d'un coq. Cet animal est amphibie et se plaît dans les terres basses et marécageuses, où il se tapit, en se serrant en rond comme une corde (...). Quand il est affamé, il dévore tout animal qu'il peut atteindre.
J.-G. Stedman, Voyage à Surinam et dans l'intérieur de la Guiane,trad. de l'angl. par P.-F. Henry, t. 1, An VII, pp. 231-233, et pl. XIV. 2. Mais sur l'îlot moussu que la rosée imbibe,
Par les vagues rumeurs troublé dans son sommeil,
Se déroule, haussant sa spirale au soleil,
Le vieux roi des pythons, l'aboma caraïbe.
La mâle torsion de ses muscles d'acier
Soutient le col superbe et la tête squameuse;
Sa queue en longs frissons fouette l'onde écumeuse;
Il se dresse du haut de son orgueil princier.
Armuré de topaze et casqué d'émeraude,
Comme une idole antique immobile en ses nœuds,
Tel, baigné de lumière, il rêve, dédaigneux
Et splendide, et dardant sa prunelle qui rôde.
Ch.-M. Leconte de Lisle, Poèmes tragiques,L'Aboma, 1886, p. 103. Stylistique − Terme techn., rare en dehors et même, semble-t-il, à l'intérieur de son domaine propre. Son emploi (unique dans la docum.) par un poète parnassien (ex. 2) participe de la coul. locale, avec en outre, dans le cont., une certaine noblesse.Étymol. − Orig. obsc. STAT. − Fréq. abs. litt. : 1. |