| ABLE, subst. masc. A.− ICHTYOL. Terme générique désignant une variété de poissons d'eau douce (cyprinidés) et de couleur claire. B.− Poisson confondu avec l'ablette dont il serait une espèce, voir ablette : 1. Able ou ablette. Sorte de petit poisson de rivière.
Gattel1797. 2. Quelques-uns de ces phénomènes linguistiques sont moins obscurs; c'est quand l'objet nommé ou surnommé est très caractéristique de forme ou de couleur : ainsi l'able ou ablette (albula) est dite poisson blanc par les hollandais, les anglais, les polonais : witfisch, white bait, bialoryb; ...
R. de Gourmont, Esthétique de la langue française,1899, p. 171. C.− Espèce de saumon, par analogie de couleur (Besch. 1845 et Lar. 19e). Stylistique − En tant que terme de la lang. cour., able est considéré à l'époque mod. comme vieilli, au profit de son synon. ablette. Sens précis seulement dans des traités spécialisés (zool. ichtyol.).Prononc. − 1. Forme phon. : [abl̥.]. 2. Homon. : hâble (s, ent) du verbe hâbler. 3. Dér. et composés : ableret ablerette, ablet, ablette, ablettier, ablier, ablière. Étymol. − Corresp. rom. : ital. àvolo; cat. able. 1393 « poisson blanc du genre des cyprinidés » terme, ichtyol. (Le Ménagier de Paris, éd. société des Bibliophiles françois II, 100 : Quart mets. Gelee, escrevices, plais en l'eaue, ables et froide, sauge, nomblès à la sausse chaude, pastés de vache et talemouses); xves. « id. » (empl. pour exprimer une valeur infime) (Martyre de S. Denis ds Gdf. Compl. : Qui nos diex ne prises, II. ables).
Du lat. albula, subst. fém. (substantivation de albulus, adj., dimin. de albus « blanc ») au sens de « petit poisson » dep. Varron, Res Rustic., 3, 14 ds TLL s.v.; cf. Corp. Gloss., éd. Götz, III, 355, 76 : de piscibus... albula : ι
κ
τ
α
ρ [α]. La forme a- repose sur un type dissimilé* ab(u)la, cf. 1239, Compte ms. ds Du Cange s.v. abula : Decano Turon, ille, qui capit Abulas, de dono ad unum batellum emendum, xl. sol. Tur. Cf. avec forme au-, s.v. ablette.
HIST. − 1. Vx mot de la lang. commune apparu au xives. (cf. étymol.) et mentionné sans changement dans la lexicogr. jusqu'au xixes. A son orig. il signifie simplement « blanchaille »; il s'emploie aussi comme synon. de ablette (cf. ce mot, hist.); il est toujours recensé comme tel, sauf ds Cotgr. 2. À partir de Cuvier, Hist. du règne animal, le mot désigne en outre un genre de poissons de la famille des cyprins et devient ainsi le synon. sav. des désignations vulg. « poissons blancs » ou « blanchaille ». Dès lors, et surtout au xxes. s'établit la distinction entre ablette et able, le 1erdevenant une variété du second et celui-ci, tout en restant synon. de ablette dans la lang. commune, fonctionne davantage, dans la lang. de l'ichtyol., comme terme générique des poissons de la famille des cyprinidés. − Rem. Au xixes. on rencontre un emploi très partic. de able pour désigner une espèce de saumon des lacs de Suède et d'Allemagne (cf. Lar. 19e), dit le saumon albe (cf. Besch.), sans doute p. anal. de couleur. STAT. − Fréq. abs. litt. : 14. BBG. − Ac. Gastr. 1962. − Baudr. Pêches 1827. − Bouillet 1859. − Brard 1838. − Comm. t. 1 1837. − Dumas 1965. − Littré-Robin 1865. − Mont. 1967. − Privat-Foc. 1870. |