| ABIGOTIR, verbe trans. Région., arg. Rendre bigot : Son père était mort jeune, elle se souvenait d'un visage triste, déjà voilé par les ombres. Ce grand amour expiré avait vieilli sa mère avant l'âge et lui donna le mystère des êtres qui ne savent plus se reprendre au geste de la vie et demeurent tournés vers les tombeaux. Elle fut sans caresses pour l'orpheline. Sa petite enfance s'étiola dans la réclusion à la garde d'une vieille servante quinteuse elle-même abigotie. Un prêtre lui inculqua les rudiments et toujours lui reparlait du péché doucement.
C. Lemonnier, L'Homme en amour,1897, p. 185. − S'abigotir.Devenir bigot (cf. hist.). Rem. Le verbe ne semble vraiment en usage qu'à la forme du part. passé-adj. dans l'arg. parisien et en Belgique (cf. ex.). De même que bigot, il est péj. Littré, qui ne mentionne que la forme abigoti, e, note : ,,Mot bon à remettre en usage.`` Étymol. ET HIST. − [1912?] ds C. Villate, Parisismen : Abigotir (s') v. pr. (pop.) fijn worden, een kwezelaar (-ster) worden. [« devenir bigot, devenir lambin »]. − Rem. Si la forme abigotir (s') est récente, le part. passé abigoti est usité comme adj. dès le xvies. par A. d'Aubigné : Ce moine [Jacques Clément] ayant donc ésté receu du roi comme estoyent les moines de cet esprit abigoti. (A. d'Aubigné, Hist. Univ., XII, 22 ds Hug.). Par ailleurs, ds France 1907 on trouve le verbe abigoter (s') de même sens ,,vieux mot tombé à tort en désuétude et conservé seulement par le peuple``. |