| ABCÉDER, verbe intrans. MÉD. Se transformer en abcès. − Emploi absolu : 1. Abcéder. Se tourner en abcès.
Gattel1797. − (Gén.) emploi pronom. : 2. ... le centre du nodule se ramollit, s'abcède, ...
Laederich ds(F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouveau traité de médecine,fasc. 4, 1920-1924, p. 420). 3. Exceptionnellement le goitre peut s'enflammer, s'abcéder, ...
Apert ds(F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. RogerNouveau traité de médecine,fasc. 8, p. 151). − Part. passé. abcédé. Où s'est formé un abcès : Stylistique − Selon La Châtre 1865, le verbe s'empl. au fig. dans le sens de « aboutir », « éclater », « produire ses conséquences » :
5. Ces déplorables doctrines abcédèrent enfin et répandirent avec leur venin la corruption et la mort.
La Châtre 1865.4. ... étendant excentriquement leur œuvre de destruction pour élargir la cavité abcédée.
Dopter ds(F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. RogerNouveau traité de médecine,fasc. 3, p. 333). Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [ab̭sede]. il abcède [ab̭sεd]. 2. Dér. et composés : abcès. 3. Conjug. − Dans le paradigme verbal, la syllabe finale du rad. présente une alternance vocalique en [e] é et [ε] è (pour la répartition des timbres et des graph., cf. abréger, prononc. et orth.). 4. Hist. − La forme mod. apparaît en vedette dans les dict. du xviiies. (Trév. 1752) mais elle ne l'emporte définitivement qu'à partir d'Ac. 1762. A son entrée dans la lang. au xvies., le mot se présente sous la forme abscéder plus proche du lat. (cf. étymol.). Abscéder est encore la vedette princ. ds Trév. 1752, la vedette abcéder renvoyant simplement à cette 1reforme avec la mention : ,,Voyez Abscéder, conformément à l'étymologie.`` Ces 2 formes apparaissent encore ds Trév. 1771. La forme mod. s'impose à partir d'Ac. 1762. Seuls Besch. 1845 et le DG mentionnent encore abscéder comme forme anc. ÉTYMOL. − 1539 « se former en abcès », terme méd., (J. Canappe, Le 2elivre de la méthode thérapeutique, 21 ds Fr. mod., t. 19, p. 200 : absceder).
Empr. au lat. abscedere, (largement attesté dep. Plaute au sens de « s'éloigner »), dep. début du iers., « se former en abcès », terme méd. (Celse, De medicina, 2, 7 ds TLL s.v., 146, 23 : in inferioribus partibus aliquid abscedet). Explication sens méd., voir abcès.
HIST. − Grande stab. sém. de ce terme techn. entré dans la lang. en 1539 (cf. étymol.) encore qu'il ne soit pas recensé dans les dict. gén. av. Trév. 1752. L'idée gén. du mot est donnée par l'étymol. lat. abscedere calqué sur le gr. α
̓
φ
ι
́
σ
τ
α
μ
α
ι, « s'écarter, se désagréger ». Il s'agit donc ici de la désagrégation d'une partie saine du corps et par la suite de la formation d'une tumeur. − Rem. Le verbe peut être employé à l'actif (la jambe abcède, action) ou au passif (la jambe est abcédée, état), mais ne se rencontre qu'à la 3epers. du sing. ou du plur. (cf. Besch. 1845), le suj. ne pouvant être un locuteur. La forme pronom., étymologiquement impossible, est passée dans l'usage aux xviiieet xixes., mais est condamnée dans toute la lexicogr., excepté ds Besch. 1845 qui ratifie l'usage : Il paraît par ces passages [tirés de l'œuvre d'un chirurgien] qu'un bon oculiste n'est pas pour cela un bon grammairien. Trév. 1752. On trouve quelquefois dans les livres de médecine s'abcéder, comme si abcéder est un verbe réfléchi, C'est une faute, abcéder est un verbe neutre, et on ne peut pas plus dire s'abcéder que se procéder. Littré. C'est à tort que l'Acad., M. Landais et tous les dictionnaires ne mentionnent pas l'emploi du verbe abcéder avec le pron. personnel. On le trouve ainsi employé dans les écrivains spéciaux. La tumeur s'abcède. (Saint-Yves) (...) Cette phrase suffit pour démontrer que abcéder n'est pas seulement un verbe neutre, comme l'indiquent tous les dictionnaires, mais qu'il peut aussi s'employer pronominalement. Besch. 1845. − xviiies. : Lorsque les abscès sont petits, ils proviennent d'un orgeolet qui abscède entre le cartillage et la peau qui le couvre. S. Yves (Trév. 1752). Terme de chirurgie. Se tourner en abcès. Cette tumeur abcédera. Ac. 1798. BBG. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Littré-Robin 1865. − Nysten 1814-20. |