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ABÂTARDISSEMENT, subst. masc.
Action de rendre progressivement bâtard. Résultat de cette action.
A.− Au sens propre. [Se dit d'un être vivant (hum., animal ou végétal)] :
1. Au fond de tout cela, il y a quelque chose de très triste. C'est l'abâtardissement des races royales. P. Mérimée, Lettres à la comtesse de Montijo,t. 1, 1870, p. 247.
2. Mais le climat de la grande zone sèche qui se prolonge en diagonale du Soudan à l'Inde n'est pas propice au bois. Il envie à l'homme le plus familier des matériaux dont il ait généralisé l'emploi. L'abâtardissement graduel de la végétation arborescente ne tarde pas, dès qu'on s'éloigne d'une douzaine de degrés de l'équateur, à se rendre sensible. P. Vidal de La Blache, Principes de géographie humaine,1921, p. 150.
Rem. Se reporter aussi à abâtardir, ex. 14.
B.− Au fig. Altération portant atteinte à la vigueur originelle (des esprits, du courage, d'une nation, etc.) :
3. Le mariage est une corruption et un abâtardissement des bons et rares esprits; (...) P. Borel, Champavert,Dina, la belle juive, 1833, p. 116.
4. N'éclairons jamais le peuple à faux jour. Les principes s'étiolent et pâlissent dans votre cave constitutionnelle. Pas d'abâtardissement. Pas de compromis. Pas d'octroi du roi au peuple. Dans tous ces octrois-là, il y a un article 14. A côté de la main qui donne, il y a la griffe qui reprend. V. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 799.
5. Et je pense bien que personne ne me soupçonnera d'entendre par barbarie les pauvres et les déshérités, je vois des barbares, des dégradés dans le millionnaire repu, dans le salon idiot. En bas la haine, l'irritation, en haut l'amolissement, l'abâtardissement. M. Barrès, Mes cahiers,t. 8, 1911, p. 188.
Prononc. : [abɑtaʀdismɑ ̃].
ÉTYMOL. − « Fait de s'avilir, de se dégrader », dans différents emplois : 1327 (?), d'une pers. (J. de Vignay, Mir. hist., XII, 14, éd. 1531 ds Quem. t. 1 1959 : Par tel abatardissement de mes ennemys); 1548, de l'esprit (N. du Fail, Baliverneries, 108 éd. Guichard : O perte et abatardissement de ce bon esprit); 1549, d'une lang. (Du Bellay, Préf. du Recueil de Poésies de 1549 : Au grand deshonneur et abatardissement de nostre langue); 1562, d'une plante (Du Pinet, Hist. nat. de Pline, XVIII, 17 ds DG : Cest abbastardissement [des grains] vient principalement de l'humidité du terroir). Dér. de abâtardir* 1. HIST. − Le subst. suit la même évolution que le verbe abâtardir. Attesté d'abord au sens fig. « avilissement, dégradation (de qqn, de l'esprit...) » 1erattest. 1327 (cf. étymol.). Apparaît dans les dict. au sens propre à partir du xviies. « dégradation, dégénérescence (d'une plante p. ex. ...) » : Ce vin-là se sent bien de l'abastardissement de son plan. Ac. 1694. Les 2 emplois sont toujours attestés (cf. sém.).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 12.
BBG. − Littré-Robin 1865. − Privat-Foc. 1870.