| VOIRE, adv. A. − Vx. [Empl. comme particule d'assertion] Vraiment, certes, assurément. Édouard, entre les mains de Philippe de Valois, avait accepté par le mot voire (oui) ce serment français qu'il viola (Chateaubr., Litt. angl., t. 1, 1836, p. 94). B. − Vieilli, littér. ou p. plaisant. [Empl. p. antiphr. pour nier qqc. ou exprimer un doute] Nous avions beau alléger notre défaite en y mettant de l'ironie, nous nous sentions cocus, certes, et pas contents. Pas contents? Voire. À l'occasion, nous y allions encore d'un beau discours (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 277).Mara: (...) voilà que tout est pour elle et rien pour moi. La Mère: Tu auras ta part. Mara: Voire! (Claudel, Annonce, 1948, I, 2, p. 154). C. − Littér. [Sert à renforcer une assertion, à renchérir] Même, et même. Il y a de ces heures, non pas seulement d'aberration, comme vous dites, mais de souffrance réelle, intolérable, qui peuvent conduire à des folies et détruire toute une vie, voire deux (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1226).J'eus l'occasion de constater que mon amie aurait pu être ma mère, voire ma grand'mère (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 372). ♦ Voire même. Le texte nous est parvenu en si mauvais état qu'il est souvent très difficile, voire même impossible de deviner ce que l'auteur a voulu dire (Mérimée, Lettres Delessert, 1848, p. 40).Le chasseur (...), il lui faut étouffer le bruit de ses pas, se courber, voire même ramper si les eaux sont hautes (Vidron, Chasse, 1945, p. 74). Rem. L'expr. voire même est souvent considérée comme un pléonasme fautif et notée fam. ds Ac. 1835, 1878. Prononc. et Orth.: [vwa:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1155 veire « certainement, vraiment » terme empl. pour renforcer une idée (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 8580); 1601 voire mesme (P. Charron, De la Sagesse, Trois Livres, p. 178) − 1680, Rich. note ,,Ces mots de Voire-même vieillissent & n'entrent aujourdhui que dans le stile Comique, & Satirique, ou dans le plus bas stile``; 2. ca 1160 voire « oui; certainement; sans aucun doute » (Enéas, éd. J. J. Salverda de Grave, 1680) − 1680, Rich. note ,,mot qui est reçeu dans le burlesque``, 1704, Trév. note ,,ce mot est entierement aboli``; 3. 1607 « vraiment » terme empl. pour marquer le doute, l'ironie (H. d'Urfé, L'Astrée, t. 1, p. 105). Du lat. vera, plur. neutre pris adverbialement de l'adj. verus « vrai, véritable, réel, juste, sincère ». Fréq. abs. littér.: 605. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 134, b) 285; xxes.: a) 791, b) 1 829. Bbg. Ricard (R.). Fr. mod. 1953, t. 21, pp. 166-168. |