| VŒU, subst. masc. A. − [Le plus souvent dans un cont. relig.] Promesse. 1. Promesse faite à une divinité, à Dieu, dans le but de lui être agréable. Tenir un vœu; être fidèle à un vœu. Elle cherchait dans sa tête quelque vœu à accomplir. Quand elle allait à confesse, elle inventait de petits péchés (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 40). − Loc. verb. Faire (le) vœu de. Faire une promesse solennelle à Dieu pour obtenir une faveur ou en remerciement d'une demande exaucée. Échappé comme par miracle à un grand danger, il fit vœu de quitter le monde et se retira à la Trappe. L'abbé de Rancé (...) le renvoya comme peu croyant (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 568).Elle avait pleuré, elle avait prié... Elle avait fait le vœu d'épouser le baronnet, s'il sauvait Fernand (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 710). − P. méton. L'ex-voto lui-même, l'objet promis par un vœu. Il reconnut cette petite croix de diamant qu'Armance avait reçue de Russie et qui était un vœu de sa mère (Stendhal, Armance, 1827, p. 230). 2. Engagement religieux; dans l'Église catholique, les trois vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance prononcés par un homme ou une femme à leur entrée en religion et constitués d'un ensemble de promesses faites à Dieu et à un supérieur religieux pour la vie ou pour un temps déterminé. Vœux de religion; vœux conventuels. L'usage est chez nous qu'à l'instant où les femmes prononcent les vœux religieux elles jettent derrière elles un bouquet de fleurs qu'elles portaient pendant la cérémonie (Staël, Corinne, t. 3, 1807, p. 69).V. monastique A 2 a ex. de Bernanos, profession A 3 ex. de Huysmans. − P. ell. Faire, renouveler ses vœux; enfreindre, rompre, violer ses vœux; manquer à ses vœux; se faire délier, relever de ses vœux; se consacrer à Dieu par des vœux. Le pape pouvait casser les vœux de la sœur Thérèse (Balzac, Langeais, 1834, p. 342).Faire en sorte qu'on ne puisse accepter ce que la vie nous donne, là est la plus grande de toutes les fautes. Se ligoter par des vœux est horrible (Green, Journal, 1937, p. 98). ♦ Loc. verb. Prononcer ses vœux. Déclarer solennellement son engagement. L'irrévocable détermination où elle étoit de quitter le monde et de prononcer ses vœux (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 105). − [Les vœux distingués en fonction de leur nature] ♦ Vœux solennels, définitifs. Vœux par lesquels on s'engage définitivement et qui rendent les actes (de propriété, de mariage) invalides, alors que les vœux simples les rendent simplement illicites (d'apr. Foulq.-St-Jean 1969). ♦ Vœux simples. [P. oppos. à vœux solennels] Vœux temporels ou perpétuels par lesquels on s'engage dans l'état religieux sans une totale renonciation aux biens temporels. C'étoient les filles du Bon-Pasteur (...); elles ne prononçoient que des vœux simples (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 507). ♦ Vœux temporaires. Vœux qui n'obligent que pour un temps déterminé (d'apr. Marcel 1938). Vœux perpétuels. [P. oppos. à vœux temporaires] Vœux qui, une fois émis, obligent durant toute la vie (d'apr. Marcel 1938). Tout postulant à la réclusion (...) devrait (...) se lier non plus par des vœux temporaires mais par des vœux perpétuels (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 168). − Loc. verb. Faire vœu de + subst. ou inf.Promettre quelque chose ou de faire quelque chose par un engagement envers Dieu. Faire vœu de pauvreté, de chasteté, d'obéissance, de continence; faire vœu d'être à Dieu. En somme je n'ai pas fait vœu de célibat (Frapié, Maternelle, 1904, p. 274).À l'âge de quatorze ans, il renonça à son héritage et fit vœu de servir le Seigneur (A. France, Île ping., 1908, p. 17). ♦ P. ext. [En situation non relig.] S'engager envers soi-même à quelque chose, à faire quelque chose. J'ai fait vœu de vous être attaché pour la vie (Ac.1835-1935).Il fit vœu dans son cœur d'élever cet enfant pour l'amour de son frère (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 175). 3. Vœux du baptême. ,,Promesse que fait le baptisé, ou en son nom ses parrain et marraine, de vivre en disciple de J.-C.`` (Marcel 1938). Rénovation, renouvellement des vœux du baptême. ,,Cérémonie de la profession solennelle de la foi catholique (communion solennelle)`` (Marcel 1938). B. − Souhait. 1. Souhait, désir ardent de voir s'accomplir quelque chose; p. méton., expression de ce souhait, de ce désir. Vœux ambitieux, ardents, timides; vœux insensés, irréalisables, stériles, vains; vœux accomplis, réalisés; réalisation d'un vœu; émettre, exprimer, faire, former, formuler des vœux; accomplir, accueillir, combler, couronner, exaucer, réaliser, remplir, satisfaire des vœux; rejeter, repousser un vœu; céder, consentir, répondre, se rendre, souscrire aux vœux de qqn; appeler qqc. de ses vœux; vœu le plus cher. Vivre tranquille. C'était le vœu secret, la volonté de tous, même des plus énergiques (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1449).Sartre répondait exactement au vœu de mes quinze ans: il était le double en qui je retrouvais, portées à l'incandescence, toutes mes manies (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 344). − En partic. ♦ Loc. verb. Faire un vœu. Formuler un souhait particulier, dans certaines occasions et en liaison avec une tradition, une coutume, une superstition. Faire un vœu à la vue d'une étoile filante. Amphytrion: Ne souhaites-tu pas un cadeau, n'as-tu pas un vœu à faire? Alcmène: Je voudrais, avant de pénétrer dans cette chambre, que tu effleures de tes lèvres mes cheveux (Giraudoux, Amphitr. 38, 1929, ii, 7, p. 159). ♦ Loc. subst. Le(s) dernier(s) vœu(x) (d'un mourant, d'un condamné). Respecter les derniers vœux d'un mourant. Ma sœur me manda le dernier vœu de ma mère (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 643).Lorsque Camille est tombé à l'eau, il m'a crié: « Sauve ma femme, je te la confie. » Je crois accomplir ses derniers vœux en épousant Thérèse (Zola, Th. Raquin, 1867, p. 124).L'objet des vœux de qqn. Ce vers quoi tendent les désirs de quelqu'un, en particulier la personne dont il souhaite être aimé. Je suis reçu, favorisé, presque vainqueur; je soupe ce soir avec l'objet de mes vœux (Nerval, Filles feu, Corilla, 1854, p. 670).V. objet II B 2 a α ex. de Cladel. 2. Au plur. Souhaits que l'on adresse à autrui, dans diverses circonstances, à l'occasion du nouvel an, d'un événement important. Vœux de bonheur, de prospérité, de réussite, de santé, de succès; vœux de bonne année, de bonne santé, de bon voyage; vœux affectueux, amicaux, sincères; cartes de vœux; saison des vœux; tous mes vœux! meilleurs vœux! mes vœux les plus sincères; adresser, envoyer, exprimer, former, formuler, renouveler des vœux; s'unir à des vœux; je vous prie de transmettre mes vœux à. J'oublie, cependant, le sujet de ma lettre, qui est de vous dire mes vœux de belle et heureuse année (Mallarmé, Corresp., 1865, p. 191).Il m'a donné son livre, avec la dédicace: Au jeune ami Henri Fournier, avec mes vœux très sympathiques pour son avenir littéraire (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1907, p. 109). 3. [Dans un cont. officiel ou admin.] a) Volonté, prescription exprimée par une autorité. Vœu du législateur, de la loi; vœu général de la nation; vœu profond du pays; vœu unanime; contre le vœu de la nation; vœu adopté, exprimé, rejeté, repoussé; abroger un vœu; déférer, satisfaire, souscrire, se rendre à un vœu. Monsieur, dit [le notaire] (...) nous venons, − mon collègue et moi, − pour accomplir le vœu de la loi (Balzac, Vendetta, 1830, p. 19).Le collège électoral répond au vœu de la Constitution et est véritablement représentatif des collectivités locales (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 387). b) P. ext. − DR. ADMIN. [P. oppos. à décision, délibération] Souhait, désir formulé par une assemblée ou un fonctionnaire qui n'est pas habilité à prendre des décisions. Synon. résolution.Vœux de l'assemblée; déclaration exprimant les vœux adoptés au cours des séances de travail. Le préfet (...) peut notamment s'opposer au vote de vœux ayant un caractère politique (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 268). ♦ P. méton. Document sur lequel est consigné ce souhait. L'assemblée générale de la section de Marseille prit à cet égard l'arrêté de nommer six commissaires pour porter son vœu au ministre de l'intérieur (Marat, Pamphlets, À Louis-Philippe, 1792, p. 314). − DR. CIVIL. Souhait non juridiquement obligatoire qui, dans un testament, se distingue d'un véritable acte de dispositions ou dernières volontés parce que le testateur en laisse l'exécution à la conscience des intéressés (d'apr. Juridique 1987). Synon. fidéicommis. 4. Souhait que l'on adresse à une divinité, à Dieu, à une entité. Dieu a exaucé mes vœux; nos vœux ont été exaucés. Commencer cette journée en subissant le joug du plus rude devoir, n'est-ce pas un moyen de rendre le ciel plus favorable à mes vœux? (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 188).Dites un mot, le sort va sourire à vos vœux (Baour-Lormian, Veillées, 1827, p. 320). − P. iron. Vœu pieux. Vœu qui ne saurait se réaliser. Ne pouvoir se contenter d'un vœu pieux. Le respect de la dignité humaine cesse, à l'hôpital, d'être une formule de rhétorique ou un vœu pieux (Organ. hospit. en Fr., 1957, p. 30). Prononc. et Orth.: [vø]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1remoit. xiies. « prière de louange, de supplication adressée à Dieu » (Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, XXI, 26: les miens vuz je rendrai en l'esguart des cremanz lui; LX, 8; CXV, 9); 2. a) id. « promesse faite à Dieu pour une requête exaucée » (ibid., LXV, 11: je rendrai a tei mes vuz, Lesquels promistrent a tei mes levres [en réf. à l'exil de Babylone]; CXXXI, 2: David [...] Ki jurad al Seignur, vut vuad al Puissant Jacob [au sujet de l'Arche]); 1130-40 faire [un] vo (Wace, Conception N.D., éd. W. R. Ashford, 210); b) 1403 « ex-voto » un veu d'or (doc. ds Laborde, Notice des émaux du Louvre, t. 2, 1853, p. 541); fin xves. (Commynes, Mém., VI, 6, éd. J. Calmette, t. 2, p. 293: ses veuz et ses offrandes et reliquaires [...] et chasses); 3. 1130-40 « promesse librement faite à Dieu, engagement pris devant Dieu » (Wace, op. cit., 660: Je li ai promis [a Damnedé] e voé A gardner ma virginité; [...] Ja mun vo ne trespasserai); 1549 spéc. plur. faire les veux (Est.); 4. 1176-81 « promesse faite à soi-même, résolution » (Chrétien de Troyes, Chevalier Charrette, éd. M. Roques, 6002); 5. 1538 plur. « souhait ardent » (Est., s.v. Voveo, votum: Elle fait des veux en parlant tout bas, ou sans parler); spéc. a) 1678 « demandes instantes adressées à la divinité » (La Fontaine, Fables, VIII, 5: Par des vœux importuns, nous fatiguons les dieux); b) 1636 « souhaits adressés à quelqu'un pour une circonstance précise » (Corneille, Cid, V, 5: En ce combat, Rodrigue a tous mes vœux); c) 1644 « souhaits d'être aimé de quelqu'un » (Id., Rodogune, I, 5: Pour la même beauté, nous faisons mêmes vœux); 6. 1790, 20 mai « volonté exprimée par un pouvoir, une autorité » le vœu national (G. de Mirabeau, Discours ds Brunot t. 9, p. 732, note 4). Du lat. votum « vœu, promesse faite aux dieux (vota facere, reddere...); objet votif, offrande »; (en gén.) « souhait, désir », sens largement développés dans la lang. chrét., spéc. celui de « vœu fait à Dieu, prière, supplication, louange » (Blaise Lat. chrét.). Fréq. abs. littér.: 3 336. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 8 232, b) 4 405; xxes.: a) 3 293, b) 2 820. Bbg. Goug. Mots t. 2 1966, p. 22. − Nies (Fr.). Textarten. Appellative... Z. rom. Philol. 1982, t. 98, p. 330. − Quem. DDL t. 11. |