| UNI, -IE, adj. et adv. I. − Adjectif A. − 1. [En parlant d'animés] a) [En parlant de pers. ou de groupes]
α) Qui est avec, ou qui sont ensemble, de manière à former un tout harmonieux ou à être en union, en association. Anton. séparé, divisé.Indissolublement unis. Plus nous irons vers Dieu, plus nous serons unis, c'est-à-dire rapprochés. Les êtres humains ne sont pas parallèles mais convergents et Dieu est leur foyer (Bloy, Journal, 1903, p. 191). ♦ [En parlant des Trois Personnes de la Sainte Trinité] Trois essences (...) existent dans l'essence divine, non pas distinctes et séparées mais unies et jointes éternellement sans néanmoins se confondre (P. Leroux, Humanité, 1840, p. 935). ♦ P. anal. [En parlant d'animaux] Au sein de la ruche, toutes [les abeilles] s'aiment et s'entr'aident. Elles sont aussi unies que les bonnes pensées d'une même âme (Maeterl., Vie abeilles, 1901, p. 109). − [En parlant de pers. rapprochées par des liens affectifs ou spirituels] Il semble que jamais les amis n'aient été plus unis que cette année-là (Guéhenno, Jean-Jacques, 1950, p. 63). − En partic. Mariés. Unis devant Dieu; unis par les liens du mariage. Par contrat de mariage, car ils sont unis sous le régime dotal, la femme a reconnu à son mari un apport de trois millions (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 170). − Expr. Unis comme les doigts de la main. V. doigt I B 1.
β) Où règne la concorde. Synon. en bonne entente*, lié; anton. brisé, brouillé, désuni, divisé, séparé.Couple, ménage uni; très, étroitement, tendrement uni. L'Oratoire forme certainement une congrégation très unie, très homogène (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 185).C'était une famille très unie (...). Ils avaient en commun leurs idées, et ils y tenaient (Triolet, Prem. accroc., 1945, p. 308). b) [En parlant d'États, de sociétés, de groupes; en compos. formant un nom propre] Qui forme un tout organique fédéré. Je vis à l'orient le désert des Casquias et des Tamarouas, qui vivent dans des républiques unies (Chateaubr., Natchez, 1826, p. 249). − [En parlant d'États, de sociétés] ♦ Les États-Unis (d'Amérique). République fédérale d'Amérique du Nord. Un encore plus grand nombre de nos contemporains continuent d'admirer les États-Unis parce qu'ils sont une démocratie (Morand, New-York, 1930, p. 263).V. américain ex. 1.P. anal. Français et patriote, et se faisant de la paix une conception napoléonienne, il entendait que l'union des nations fût l'œuvre exclusive de la France et que la France présidât en souveraine les États-Unis du monde (A. France, Vie fleur, 1922, p. 514). ♦ Les Nations(-)Unies, Organisation des Nations(-)Unies (O.N.U.). V. organisation B 2 b.Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (U.N.E.S.C.O.). Organisation intergouvernementale ayant pour but de « contribuer au maintien de la paix et de la sécurité, en resserrant, par l'éducation, la science et la culture, la collaboration entre les nations, afin d'assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l'homme et des libertés fondamentales ». (Ds Éduc. 1979). ♦ Les Provinces-Unies. État fédératif de sept provinces créé en 1579 par le traité d'Utrecht, formant la république de Hollande et qui a cessé d'exister en 1795 (d'apr. Besch. 1845, s.v. province). Les sept Provinces-Unies s'administraient par un stathouder qui s'appelait Orange ou Nassau, quelquefois par deux, et par leurs états généraux (Hugo, Rhin, 1842, p. 419). ♦ Les Provinces Unies de l'Amérique centrale. ,,République fédérative de l'Amérique centrale, divisée en cinq États: Costa, Rica, Guatimala, Nicaragua et San Salvador`` (Besch. 1845, s.v. Guatémala). Provinces Unies ou confédération du Rio de la Plata. État républicain de l'Amérique du Sud (d'apr. Besch. 1845). ♦ Les (trois) Royaumes(-)Unis (vieilli). V. royaume A 2 b. ♦ Le Royaume-Uni. V. royaume A 2 c. − [En parlant de groupes nationaux] Les « Irlandais unis », organisés par Wolf Tone à la fin de 1791, sans distinction de confession, et le « comité catholique » (...) s'accordèrent pour réclamer l'abolition du test et le droit de vote pour les catholiques (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 298).Américains-unis. V. américain II A 2 rem 1. c) [P. méton.] Qui est formé d'éléments en cohésion, en union; qui forme une unité. Présenter, opposer un front uni. Il y a une chose qui est essentielle, c'est que le parti de la liberté remporte la victoire uni, réellement uni (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 343). 2. [En parlant d'inanimés] a) [En parlant de choses concr. ou de parties du corps] Qui sont en communication, rapprochés de manière à former un ensemble. Synon. joint (part. passé de joindre), réuni.Nos/les lèvres unies; les/nos mains unies; planches unies. Les arbres d'essences différentes restent unis par les racines, une même terre les nourrit, une même sève gonfle la forêt tout entière (Mauriac, Bâillon dén., 1945, p. 448). b) [En parlant de choses abstr.] Synon. de associé, connexe.Pour indiquer cette dualité du cogito, Descartes en fait le type de toute évidence et lui confie ainsi le critère dernier de la vérité; mais il le réalise en même temps dans une substance qui est le lieu des faits de conscience. Ce sont ces deux traditions qui cheminent tantôt unies, tantôt distinctes dans l'histoire de la philosophie (J. Vuillemin, Être et trav., 1949, p. 1). B. − 1. a) [En parlant d'une surface, d'un contour ou d'une étendue liquide ou solide] Qui ne présente pas d'inégalités, pas d'aspérités, pas de variation. Synon. égal, lisse1, nivelé, plain, plan1, plat1, ras3, uniforme1; anton. accidenté, inégal, mouvementé, raboteux, varié.Chemin, espace, mur, sable, sol, terrain uni; eau, façade, glace, mer, onde, peau, pente, plaine, route, surface unie. De là on découvrait de lointaines campagnes, tantôt unies et divisées par d'innombrables clôtures, tantôt montueuses ou couvertes de bois (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 36).Leurs palmes [des fougères] (...) étalaient sous les pins une nappe unie de clarté verte (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 303). ♦ Empl. subst. masc. L'homogénéité du revêtement n'est jamais parfaite, (...) le revêtement perd son uni, des dépressions qui se forment se remplissent d'eau (Bourde, Trav. publ., 1929, p. 101). − Arg., empl. subst. Mal uni. ,,Celui qui a le visage marqué de la petite vérole`` (Rossignol, Dict. arg., 1901, p. 71). − Loc. adj., vx. À l'uni. De niveau. Il y avait du haut et du bas dans ce jardin, on a mis tout à l'uni (Ac.1798-1878). b) Qui n'a qu'une couleur ou qui a un aspect uniforme. Couleur unie; le bleu uni du ciel; teint uni. Le ciel uni de fin d'après-midi commençait à peser sur Madrid pleine de flammèches et d'étincelles (Malraux, Espoir, 1937, p. 744).Empl. subst. masc., rare. Céladon d'un uni de ton et d'une glaçure de pierre précieuse réalisant presque le jade (E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 2, 1881, p. 248). − [En parlant d'un tissu, d'un matériau et, p. méton., d'un vêtement] D'une seule couleur et sans ornement, sans relief. Anton. imprimé, ouvré.Tissu, velours uni; étoffe, nappe, soie, toile unie. Sur la cheminée, une glace, un vase en porcelaine unie entre deux lampes (Balzac, Méd. camp., 1833, p. 121).Elle portait une robe noire toute unie (Estaunié, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 46). − Spécialement ♦ BÂT., ARCHIT. ,,Dont la surface est plane, égale, sans aspérités, sans saillies, sans ornements`` (Jossier 1881). Champ uni; panneau, plafond, mur tout uni. De ses arcades aux colonnes diverses, torses ou unies, on découvre les toits nivelés par l'altitude (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p. 58). ♦ ÉBÉN. Meubles unis. ,,Meubles sans moulures ni sculptures`` (Jossier 1881). Quand le placage doit être absolument uni, tout l'art de l'ébéniste consiste à dissimuler les raccords entre deux feuilles plaquées et à choisir les veines du bois de manière à ce que la surface obtenue soit d'une très grande uniformité (Viaux, Meuble Fr., 1962, p. 89). ♦ TEXT. Armure unie. Armure fondamentale où les fils sont intercalés régulièrement, un dessus un dessous (envers et endroit identiques) (d'apr. Rama Maroq. 1975). Empl. subst. masc. Il a fabriqué dans sa première jeunesse le satin et le gros de Naples, les unis et les façonnés (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 363).En augmentant l'uni d'un pris dans le sens trame, nous obtiendrons un reps en long ou effet trame ou « gros de Naples » (Thiébaut, Fabric. tissus, 1961, p. 69). 2. P. anal. a) Vx. Chant, style uni. ,,Chant, style sans ornement`` (Littré). b) [En parlant de l'expr. verbale] Simple, sans ornement, ni effet. Syle uni. Plus l'expression est alors naturelle, unie et simple, plus elle frappe (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 86). ♦ Empl. subst. masc., rare. Cette présentation des faits de par sa nature même et l'égalité, l'uni du ton sur lequel je les présente, fait aussitôt lever dans l'esprit de l'interlocuteur tous les commentaires mêmes que je m'interdisais (Du Bos, Journal, 1922, p. 115). c) Pop., fam., vieilli. Uni comme bonjour. Simple et sans façon. Je n'ai point de nouvelles à vous apprendre, ni de la famille, ni de la politique, ni de rien. Ces quinze jours-ci sont unis comme bonjour (Balzac, Corresp., 1822, p. 160). d) Vieilli − Qui s'écoule sans variété, sans diversité. Synon. calme, monotone, tranquille, uniforme1; anton. mouvementé, varié.Heures unies; existence, vie unie. Un grand bruissement uni de train rapide (Gracq, Beau tén., 1945, p. 123). − [En parlant de qqn ou d'un aspect de son comportement] Simple et naturel, sans façon. Il me répondit d'un air uni, indifférent comme s'il s'était agi d'un autre (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 201).Dans un bourg (...) du côté de Tauves, un curé prit à gages un garçon de campagne, tout uni, tout champêtre (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 176). e) HIPP. [En parlant d'un cheval] Qui est parfaitement rassemblé; qui galope régulièrement (d'apr. St-Riquier-Delp. 1975). ♦ Allure unie. Allure régulière et également espacée (d'apr. Tondr. Cheval 1979). Galop uni. Galop régulier (d'apr. Ac. 1935). II. − Adv., vx. D'une manière égale. Synon. également, uniment.Cela est filé bien uni (Ac. 1835-1935). Le temps coulait uni, sans un pli, sans une ride, sans hâte, comme s'il eût dû durer toute la vie (Rolland, Âme ench., t. 2, 1925, p. 206). Prononc. et Orth.: [yni]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. V. unir. Fréq. abs. littér.: 3 242. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5 621, b) 3 103; xxes.: a) 2 558, b) 5 790. |