| SITE, subst. masc. A. − Paysage considéré du point de vue de l'aspect, du pittoresque, de l'esthétique. Site alpestre, classé, grandiose, imposant, majestueux, pittoresque, plaisant, riant, touristique; conservation des sites. Nous passons trois jours à parcourir les environs de Rhodes, sites ravissants, sur les flancs de la montagne qui regarde l'Archipel (Lamart.,Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 324): 1. La législation actuellement en vigueur permet uniquement, dans le cadre de la loi du 2 mai 1930 réorganisant la protection des monuments naturels et des sites, modifiée par la loi du 1erjuillet 1957, de classer, du seul point de vue scientifique et plus particulièrement biologique, des stations où se rencontrent des éléments de faune ou de flore rares ou menacés de disparition, en les érigeant en « réserves naturelles » bénéficiant d'une protection appropriée.
Amén. terr., 1964, p. 72. ♦ P. métaph. Quel site enchanteur [une chambre] pour inspirer et réaliser au besoin, un de ces suicides gris, bien réglés, peu salissants (Colette,Jumelle, 1938, p. 77). − PEINT. Disposition naturelle des éléments d'un paysage utilisés par le peintre. Nulle individualité chez la plupart de ces peintres, une même et unique vision d'un site arrangé suivant la prédilection du public [peintres modernes] (Huysmans,Art mod., 1883, p. 161).Jusqu'aux impressionnistes nous retrouverons leur vision [des paysagistes hollandais] dans la manière de choisir et arranger le site (Hourticq,Hist. art, Fr., 1914, p. 358). B. − Configuration du lieu ou du terrain où s'élèvent une ville, un village, une station, un monument, où est construite une route; manière dont l'objet géographique s'inscrit dans le lieu qu'il occupe par rapport à son environnement immédiat. Site industriel, urbain; site de fond de vallée; beauté du site. Bordeaux est donc un emporium maritime. Mais c'est aussi un lieu de passage. Le site qu'il occupe est le dernier point de terre ferme qui s'offre en descendant la rive gauche du fleuve. Plus bas l'énorme élargissement de l'estuaire, les marais qui le bordent, forment barrière (Vidal de La Bl.,Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 373): 2. La surface du GEH [« grand ensemble d'habitation »] de 10 000 logements apparaît bien inférieure à celle de la ville ancienne de même population. Imaginons une ville telle que Bergerac, Cholet ou Lons-Le-Saulnier, s'inscrivant dans un carré de 1 400 mètres de côté. Cela ne signifie pas que le GEH doive être carré puisque le site commande la forme, mais la comparaison donne une idée de l'économie fonctionnelle d'espace.
Gds ensembles habit., 1963, p. 22. C. − Spécialement 1. ADMIN. Sites ruraux. ,,Locaux d'habitation loués d'une façon saisonnière et partiellement exonérée dans des conditions à fixer par décret`` (Barr. 1967). 2. ARCHÉOL. Site archéologique. Lieu où sont effectuées des fouilles. Les brebis fournissent moins de lait que les chèvres, ce qui explique que dans les sites archéologiques de l'époque néolithique situés en Europe on trouve davantage de restes de chèvres que de moutons (Lowie,Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 60).Site historique. Lieu où sont effectuées des fouilles. En Grèce et dans l'Italie grecque, des chantiers à fouilles s'établissent sur les grands sites historiques: Olympie (Curtius, 1875-1881), Délos (Homolle, 1877-1879, puis l'exploration quasi permanente jusqu'en 1894), Éleusis (Lenormant, 1859) (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 262). 3. ARTILLERIE a) Angle de site. Angle que forme, avec sa projection sur un plan horizontal, une ligne joignant un observateur à un point visé. Pour pointer un canon, (...) il faut, en définitive: Donner l'angle de site (...) la hausse (...) [et] la direction (Paloque,Artill., 1909, p. 170). b) Ligne, plan de site. ,,La ligne de site est la droite passant par le centre de la bouche de la pièce et le but; le plan de site, le plan contenant cette ligne et normale au plan de tir`` (Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. nav., t. 1, 1889, p. 16). 4. ASTRON. Site astronomique. Endroit où l'on installe des observatoires. La prospection des sites astronomiques est devenue une véritable technique (Muller1980). 5. BIOLOGIE a) Le plus petit élément génétique qui peut être reconnu à l'intérieur d'un gène et dont la modification de la structure moléculaire peut donner lieu à une mutation de l'organisme (d'apr. Méd. Biol. t. 3 1972). b) Site membranaire. ,,Région d'une membrane cellulaire présentant une configuration moléculaire spécifique au niveau des protéines et glycoprotéines qui la constituent`` (Lend.-Delav. Biol. 1979). 6. INFORMAT. ,,Emplacement, lieu, endroit où se trouve installé un ordinateur ou tout autre matériel`` (Ging.-Lauret 1982). 7. TECHNOL. Sites énergétiques. ,,Lieux propices à l'installation de systèmes de production d'énergie`` (Lav.-Pollet 1982). La prospection de ces sites est une préoccupation majeure des politiques énergétiques contemporaines (Lav.-Pollet1982). 8. TRANSP. Site propre. Voie réservée à la circulation des véhicules de transport en commun, dans une agglomération, sur une route. Ligne de tramway en site propre. Lyon a sans doute été une des premières villes de France à disposer de transports urbains en « site propre », comme on les appelle maintenant (La Vie du Rail, 29 juill. 1969ds Gilb. 1980). Prononc. et Orth.: [sit]. Homon. scythe, formes de citer. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. I. 1304-1305 « emplacement, situation » (Year books of the reign of Edw. the first, Years XXX-XXXI, p. 217, Rer. britann. scriptor. ds Gdf.); 1306 « rang » (G. Guiart, Roy. lignages, éd. de Wailly et Delisle, 10884), attest. isolées. II. 1530 sit « configuration propre d'un lieu » (Cl. de Seyssel, trad. Diodore, I, 3, titre ds Hug.: Et incidemment descript lestendue et le sit de toute Asie); 1580-81 sit « id. » considérée du point de vue esthétique, pittoresque (Montaigne, Journal, p. 220, ibid.: M. de Montaigne étant allé voir le mont Janiculum [...] et contempler le sit de toutes les parties de Rome, qui ne se voit de nul autre lieu si clerement); 1708 site (De Piles, Cours de peinture, p. 205 ds Fonds Barbier: Le mot de site signifie la vûe, la situation et l'assiette d'une contrée. Il vient de l'Italien sito, et nos peintres l'ont fait passer en France). I empr. au lat. situs « emplacement, situation », dér. de sinere « poser, installer ». II prob. empr. à l'ital. sito « situation, lieu » (dep. 1313-19, Dante ds Tomm.-Bell.). Fréq. abs. littér.: 747. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 903, b) 571; xxes.: a) 742, b) 799. Bbg. Hope 1971, p. 149, 222. |