| SERPENT, subst. masc. I. A. − ZOOLOGIE 1. a) Reptile du sous-ordre des Ophidiens comportant de nombreuses espèces, au corps cylindrique et très allongé, caractérisé par l'atrophie ou la disparition complète des membres. Combat d'un lézard et d'un serpent d'un mètre de long, noir lamé de blanc, très mince et agile, mais si occupé par la lutte que nous pouvons l'observer de très près (Gide, Voy. Congo, 1927, p. 687).V. anneau ex. 10, basilic2ex. 1 et darder I B 1 ex. de France et de Toulet: 1. Va! je n'ai plus besoin de ta race naïve,
Cher Serpent... Je m'enlace, être vertigineux!
Cesse de me prêter ce mélange de nœuds
Ni ta fidélité qui me fuit et devine...
Valéry, J. Parque, 1917, p. 97. SYNT. Grand, gros, énorme, immense serpent; peau, mue du serpent; crochets, dent, langue du serpent; le serpent siffle, darde sa langue; venin du serpent; morsure, piqûre de serpent; avoir peur des serpents; anneaux, mouvements, ondulations, orbes du serpent; serpent qui glisse, se faufile, ondule, rampe, s'enroule, s'enlace; charmeur de serpents (v. charmeur I A p. anal.); serpents ovipares, ovovivipares; serpents venimeux, non venimeux; serpents constricteurs; serpents terrestres, arboricoles; serpents aquatiques, semi-aquatiques; serpents marins. − [Suivi d'un déterminatif indiquant l'espèce (dans la lang. cour.)] ♦ Serpent boa. V. boa ex. 3. ♦ Serpent à collier ou serpent d'eau. Couleuvre aquatique appelée aussi couleuvre d'eau. Parmi les serpens de notre pays, il n'y a que la vipère seule qui soit vénimeuse et dangereuse, tous les autres ne le sont pas; la couleuvre, le serpent à collier, qui est une espèce de couleuvre, l'orvet ne peuvent pas même mordre (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 514). ♦ Serpent corail. V. corail B 2.Serpent devin. V. devin B. ♦ Serpent fouet. Serpent très mince, de la famille des Colubridés, appelé aussi couleuvre verte et jaune, commun dans le midi de la France et en Europe méditerranéenne (d'apr. Zool. 1972). ♦ En compos. Serpent-loup. ,,Petite couleuvre terrestre d'Asie méridionale (...) de 30 à 60 cm, à tête plate armée de 2 grandes dents pleines, qui se nourrit surtout de petits lézards`` (Animaux 1981). ♦ Serpent à lunettes. V. lunette C 5 β. ♦ Serpent marin. Serpent aquatique vivant près des côtes du Pacifique occidental et de l'océan Indien (d'apr. Animaux 1981). ♦ Serpent-minute. Serpent fouisseur, venimeux, de très petite taille. Ces scorpions jaunes, noirs ou blancs qui se cachent dans les pantoufles, les chiques qui pondent entre les doigts de pied, le serpent-minute qui ne vous laisse pas faire votre testament (Morand, Paris-Tombouctou, 1929, p. 31). ♦ Serpent python. V. python B.Serpent à sonnettes. V. sonnette. ♦ Serpent volant. Serpent grimpeur d'Asie méridionale de la famille des Colubridés. Les véritables grimpeurs, dont le type est le Serpent volant (...) ne sont pas particulièrement minces, mais ont des plaques ventrales et sous-caudales très fortement encochées et carénées latéralement (Zool., t. 4, 1974, p. 167 [Encyclop. de la Pléiade]). − [Dans des compar., des loc. ou des expr.; p. allus. aux traits physiques du serpent ou aux caractéristiques morales qui lui sont traditionnellement attribuées] ♦ Se dresser, se glisser, ramper, se tordre comme un serpent; des yeux de serpent; des ondulations, des mouvements de serpent; une souplesse de serpent; souple comme un serpent. L'œil de loin suit leur foule [des caravanes], Qui sur l'ardente houle Ondule et se déroule Comme un serpent marbré (Hugo, Orient., 1829, p. 21).La superbe femme était sur la prairie (...). Elle remuait un peu, plus onduleuse qu'un serpent (Jouve, Scène capit., 1935, p. 196). ♦ La prudence du serpent. La femme, au moment où elle est dans l'incertitude de savoir si elle prendra un amant ou restera fidèle à son mari, devient l'être le plus spirituel et le plus perspicace du monde. Elle a la ruse du renard, la prudence du serpent, l'intelligence des singes, la force des lions (Balzac, Physiol. mariage, 1826, p. 116).[P. allus. à la parole du Christ recommandant à ses disciples d'être ,,prudents comme les serpents et simples comme les colombes`` (Matth. X, 16)] La simplicité de la colombe doit être tempérée par la prudence du serpent, et la prudence consiste essentiellement à ne tomber dans aucun piège et à choisir le bon chemin (Amiel, Journal, 1866, p. 281). ♦ Littér. Nourrir, réchauffer un serpent dans son sein. Protéger, favoriser une personne qui se manifeste ingrate et rend le mal pour le bien. Bernadotte a été le serpent nourri dans notre sein; à peine il nous avait quittés, qu'il était dans le système de nos ennemis, et que nous avions à le surveiller et à le craindre (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 977).Si tout cela n'est qu'hypocrisie, si je dois voir en vous un serpent que j'aurai réchauffé dans mon sein, vous seriez une infâme, une horrible créature! (Balzac, Pierrette, 1840, p. 102). ♦ Un serpent caché sous les fleurs (ou plus rarement, sous l'herbe traduit de Virgile: Latet anguis in herba). Danger caché sous des apparences trompeuses, séduisantes. Le mal, comme un serpent caché sous les fleurs, se serait glissé dans la république mellifère par cela même qui devait en faire la gloire (Proudhon, Propriété, 1840, p. 320).Je trouvais chez les dames Laroque un serpent sous l'herbe. C'était Mademoiselle Alphonsine Dusuel qui jadis me piquait les mollets en m'appelant « trésor » (France, Pt Pierre, 1918, p. 144).V. fleur B 5 b ex. de Sand. ♦ [P. allus. à la mue du serpent, pour évoquer une transformation, une métamorphose de l'être humain ou son caractère versatile] Si on pouvait dépouiller sa vieille peau comme les serpents, renouveler son moi, rajeunir! (Flaub., Corresp., 1874, p. 127).L'insaisissable Lemaître énumère humblement, pour sa plus grande gloire, toutes les peaux de serpent (...) qu'il a semées avant que d'être un royaliste de Maurras (Barrès, Cahiers, t. 6, 1908, p. 303). b) P. méton. Peau de cet animal, traitée et utilisée pour la fabrication de certains articles. Bracelet de montre, sac à main en serpent. La direction et le portier de l'hôtel avaient conservé à Mistress Key leur gratitude, et vu revenir avec joie ses valises de serpent (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 98). 2. P. anal. [Désignant des animaux non ophidiens, reptiles ou poissons, évoquant le serpent par leur forme] a) Serpent de verre. Synon. de orvet.V. ce mot ex. de Gautier. b) Serpent d'eau, serpent marin, serpent(-)de(-)mer. [Nom donné à certains poissons anguiformes tels que l'anguille, le congre, la murène] On donne ce nom [de serpent marin] à deux espèces du genre des murènes de Linnaeus (...) la première espèce, la murène-serpent taché est un poisson dont l'ensemble, les habitudes et les mouvements ont beaucoup de rapport avec ceux des véritables reptiles (...) la seconde espèce, que l'on nomme plus souvent que toutes les autres espèces de poissons serpent marin, serpent-de-mer, est la muraena-serpens de Linnaeus (Baudr.Pêches1827).J'aperçus une bête qui se tordait traversée par les dents de fer. C'était un congre (...). Le serpent de mer, le corps percé de cinq plaies, glissa, rampa, frôlant mes pieds (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Soir, 1889, p. 1132). − Serpent marin, serpent de mer. Monstre marin fabuleux. On se rappelle le bruit que fit en 1837 la découverte du grand serpent de mer vu par le navire le Havre à la hauteur des Açores. Tous les journaux s'en sont occupés; et, après s'en être montrée stupéfaite, la presse, faisant volte-face, a présenté ensuite le grand serpent marin comme un être imaginaire (Collin1863). ♦ Au fig. Serpent de mer. Thème rebattu et peu crédible ou information généralement peu fondée, souvent à caractère sensationnel, reprise par la presse durant les périodes creuses. On a trop souvent annoncé l'arrivée de ce serpent de mer de la sociologie, la fin du couple, des noces, de la famille, pour qu'on y croie facilement (Le Nouvel Observateur, 2 févr. 1976, p. 32, col. 2).En compar. Comme le serpent de mer, Paris, port-de-mer, est encore un de ces sujets qui passent en première page, les jours creux, au mois d'août, quand les journaux n'ont rien à monter en vedette (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 302). B. − [Représentation figurative ou symbolique] 1. ALCHIM. Symbole du mercure. Le mercure des philosophes, appelé aussi le lion vert, le serpent (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 127).Le serpent, dépourvu d'ailes, demeure l'hiéroglyphe du mercure commun, pur et mondé, extrait du corps de la magnésie ou matière première (Fulcanelli, Demeures philosophales, t. 2, 1929, p. 224). 2. HÉRALD. Figure d'armoiries représentant un serpent. Pusay-d'azur, à trois serpents d'argent, couronnés d'or (Grandm.1852). 3. [Dans les relig. et les mythol., comme animal sacré doué d'un caractère symbolique ambivalent]Le serpent de vie que les Hindous appellent kundalini et dont toutes les religions ont fait le symbole de la connaissance, celle qui apporte le bien et le mal parce qu'elle augmente le pouvoir de l'homme (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 213).Symbole de vie et de mort, principe spirituel et puissance des ténèbres, avaleur et avalé, le serpent est dans la Genèse (3, 1-15) à la fois ce qui détruit l'harmonie paradisiaque en induisant Ève en tentation et l'initiateur au savoir, nouvelle forme d'harmonie. De la même façon la pensée grecque, comme la pensée égyptienne, distingue dans le serpent l'artisan d'un retour du monde au chaos et l'être vivifiant, le fécondateur de l'esprit (Az.-Oliv.Litt.1978). a) Dans les relig. ou les mythol. antiques − Attribut de certaines divinités (Isis, Cybèle, Athéna, les Furies, les Gorgones, etc.). Tous les monuments qui me sont connus mettent dans les mains de cette déesse [Athénée] un serpent, qui était le symbole de la vie. Mais cette image n'eût pas été agréable (Chénier, Bucoliques, 1794, p. 297).Dans la mythologie, la divinité Méduse avait une tête horrible dont les cheveux étaient remplacés par des serpents sifflants (Coupin, Animaux de nos pays, 1909, p. 461). ♦ En partic. Attribut des dieux guérisseurs, notamment d'Esculape, dieu de la médecine dont l'emblème est le caducée. La boutique du pharmacien avec ses bocaux et les serpents d'Esculape (France, Riquet, 1904, p. 84).[L'Esculape dans l'iconographie grecque] est reconnaissable à ses attributs: le bâton et le serpent. Le bâton est celui du médecin en tournée, bâton noueux autour duquel s'enroule le serpent, animal divinateur (Lavedan1964).V. caducée ex. 1. − Le serpent qui se mord la queue. L'Ouroboros égyptien, symbole de la vie, de la continuité, de l'éternité. Nous comprenons pourquoi aux yeux des alchimistes, l'œuvre mystérieuse n'avait ni commencement ni fin, et pourquoi ils la symbolisaient par le serpent annulaire, qui se mord la queue: emblême de la nature toujours une, sous le fond mobile des apparences (Berthelot, Orig. alchim., 1885, p. 284).Ce n'est pas sans raison que le serpent est le symbole de la puissance oblique, littéralement diabolique, qui déforme nos beaux projets. En revanche, le serpent qui se mord la queue, imitant le cercle des rondes, représente la victoire de l'esprit, et l'éternel régnant sur la bête (Alain, Propos, 1933, p. 1182). ♦ [Avec une valeur nég.] Ce qui apparaît comme sans solution possible; situation sans issue. En compar. La méfiance est un cercle vicieux, pareil au symbole égyptien du serpent qui se mord la queue. Elle se dévore elle-même (Amiel, Journal, 1866, p. 62). − Serpent à plumes. Divinité des mythologies amérindiennes, représentée sous la forme d'un serpent ailé, notamment le Quetzalcoatl des Toltèques puis des Aztèques. Dans les mythologies amérindiennes, souligne Alexander (Alec 125 sq), depuis le Mexique jusqu'au Pérou, le mythe de l'Oiseau-Serpent coïncide avec les plus anciennes religions de culture du maïs (...). Le serpent à plumes est tout d'abord le nuage de pluie et, de façon privilégiée, le cumulus aux reflets argentés du milieu de l'été (Symboles1969). b) Dans les relig. juive et chrét. − Le serpent d'airain (Nombres XXI, 8-9). Serpent d'airain érigé dans le désert par Moïse, sur l'ordre de Dieu, et dont la vue guérissait les Israélites mordus par les serpents brûlants. C'est [Jésus] le Serpent d'airain du Livre des Nombres (Num. XXI, 8, 9) à quoi il a plu au Sauveur Lui-même de se comparer (Joann. III, 14), ce serpent dont la vue curative suffit à réparer la morsure de cet autre reptile enflammé qui attaque notre pied dans le sable (Claudel, Poète regarde Croix, 1938, p. 62). − Symbole du principe du mal, le démon, Satan. Le serpent de l'Éden, du Paradis; le serpent d'Ève; le serpent infernal. Au sens mystique, le diable est le serpent de la Genèse; il règne sur la terre. L'iniquité le presse sur la terre; il ne pourra donc faire pénitence; son iniquité descendra (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 366): 2. Le serpent a offert la connaissance à Adam et à Ève. Les sirènes ont offert la connaissance à Ulysse. Ces histoires enseignent que l'âme se perd en cherchant la connaissance dans le plaisir. Pourquoi? Le plaisir peut-être est innocent, à condition qu'on n'y cherche pas la connaissance. Il n'est permis de la chercher que dans la souffrance.
Weill, Judaïsme, 1931, p. 88. C. − P. anal. ou au fig. 1. Personne rusée, malfaisante, médisante. Un vrai serpent, ce Fauchery; un envieux, un homme capable de s'acharner après une femme et de détruire son bonheur (Zola, Nana, 1880, p. 1188).Et ce vil serpent, Fourcroy, qui enseignait alors la chimie au Jardin des Plantes! Il diffamait déjà son collègue Lavoisier (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 344). − Loc. (Avoir une) langue de serpent. V. langue B 2. ♦ P. méton. Personne très médisante. (Dict. xixeet xxes.). Rem. ,,On dit plutôt aujourd'hui: c'est une langue de vipère`` (Ac. 1935). 2. Littér. Sentiment mauvais ou douloureux s'exerçant d'une manière insidieuse et obsédante. Tout mortel dans son cœur cache, même à ses yeux, L'ambition, serpent insidieux, Arbre impur, que déguise une brillante écorce (Chénier, Odes, 1794, p. 239).La douleur est un serpent qui se glisse à travers toutes les barrières et qui nous retrouve toujours (Constant, Journaux, 1804, p. 87).[Dans des périphrases] Les serpents de l'Envie, de la Calomnie (Ac. 1835-1935). L'abominable serpent de jalousie se déroulait et se tordait en son cœur (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1070). II. − P. anal. A. − 1. Ce qui se déroule, se développe à la manière d'un serpent. Des serpents de flamme, de fumée. On montait, on montait, par des chemins en zigzags, toute la famille à la file et à pied, formant serpent (Loti, Rom. enf., 1890, p. 189).Des laminoirs sortaient des barres de fer rouge qui s'allongeaient et se tordaient sur le sol, comme des serpents de feu (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 209). 2. Objet qui évoque un serpent par sa forme ou qui est fabriqué en forme de serpent. Dans son salon, il avait une jardinière dont le pied était fait par un serpent en bois verni qui montait en s'enroulant vers un nid d'oiseau (Goncourt, Journal, 1853, p. 92).Et [elle] s'occupait à se passer au poignet, un serpent de diamants, en bracelet (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 48). − Arg., vx. Ceinture de cuir où un soldat mettait son argent. Depuis six mois qu'il [ce caporal] tient l'ordinaire il a un serpent qui lui coupe les flancs, lui qui n'avait pas le sou auparavant (Vidal, Delmart, Caserne, 1833, p. 172). B. − Empl. techn. 1. AÉRON. ,,Long cordage fixé à la nacelle d'un ballon et qui sert d'amortisseur pour les descentes un peu brusques`` (Lar. 20e). Les stabilisateurs funiculaires continus employés (...) [dans les ballons maritimes] sont formés d'un gros câble souple ou serpent (Marchis, Nav. aér., 1904, p. 559). 2. ASTRON. Constellation équatoriale répartie en deux aires distinctes séparées par une zone du Serpentaire (d'apr. Muller 1980). 3. BIJOUT.
Œil-de-serpent*. 4. BOT. Langue(-)de(-)serpent. Ophioglosse (v. ce mot s.v. ophio- et serpentaire1). Bois de serpent. V. serpentine B 1. 5. CHIM. ANC. ,,Petit cylindre de sulfocyanure de mercure, de la grosseur d'un crayon, qui, allumé à une extrémité, reproduit les enroulements et les flexuosités d'un ophidien qui se tord`` (Lar. encyclop.). Elle désigna la poudre blanche: c'est du serpent de Pharaon. N'aie pas peur, cela ne tue qu'en brûlant (Druon, Roi de fer, 1955, p. 257). 6. ÉCON. [P. réf. à la forme de la courbe graphique, représentant l'évolution du cours des différentes monnaies concernées] Serpent monétaire* européen (abrév. S.M.E.), ou p. ell., serpent. Système déterminant la marge de fluctuation des taux de changes à l'intérieur d'un groupe de plusieurs monnaies européennes liées entre elles par des parités définies. Être, entrer dans le serpent; sortir du serpent. Le 22 avril 1972 a commencé à fonctionner le « serpent » européen (...). Les monnaies qui font partie du « serpent » sont liées par des parités fixes dont elles peuvent s'écarter au maximum de 1,125 % dans chaque sens (...). La Banque de France était tenue jusqu'à maintenant de maintenir la valeur du franc vis-à-vis des monnaies européennes faisant également partie du fameux « serpent » communautaire (Le Monde, 22 janv. 1974ds Gilb. 1980). 7. MUS. Instrument à vent, en bois recouvert de cuir, au tuyau ondulé dans sa forme primitive, utilisé couramment jusqu'au xixes. dans la musique d'église et la musique militaire et aujourd'hui à peu près délaissé. L'origine de l'ophicléide est le serpent, qui accompagnait autrefois le plain-chant dans les églises, et qu'on trouve encore dans les campagnes (Lavignac, Mus. et musiciens, 1895, p. 147).Il se présentait en tambour-major devant trois rangs de tambours et la musique, composée de soixante amateurs jouant du flageolet, du serpent ou du bugle (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 262). − P. méton. Celui qui joue de cet instrument. Le poëte et le musicien se rendirent à l'école normale, où les attendait le serpent de la cathédrale qui initiait les futurs maîtres d'école à l'art du plain-chant (Champfl., Souffr. profess. Delteil, 1853, p. 200). 8. SPORTS (ski). ,,Méthode d'accélération réservée surtout aux slaloms et qui consiste à opérer une série de petits virages enchaînés que le skieur exécute en pleine décontraction`` (Gautrat Ski 1969). C. − [Par jeu de mots] Arg. Sergent (anciennement, sergent chef de salle à l'École polytechnique; sergent de ville). En dehors de ces établissements, tout chôme jusqu'aux décrotteurs indépendants, dont l'un qui cirait mes bottines s'est vu, ce dernier Sunday, véhémentement réprimandé par un « serpent » qui passait (Verlaine, Corresp., t. 1, 1872, p. 57). REM. 1. Homme-serpent. -V. homme- I C. 2. Serpentelet, subst. masc.,hapax. Petit serpent. Le pli de sa bouche se tordait sous la moustache comme un serpentelet (Giono, Baumugnes, 1929, p. 48). 3. Serpenté, -ée, adj.,rare, littér. a) Disposé en forme de serpent. (Dict. xixeet xxes.). b) Orné, entouré de quelque chose qui se déploie à la manière d'un serpent. Un garagiste en compagnie de sa maîtresse, serpentée de renard argenté (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 46). 4. Serpental, -ale, -aux, adj.,hapax. Qui est sinueux, ondulant. Sur les vagues jaunes et dorées du désert, où les caravanes de chameaux décrivent au loin leurs lignes serpentales (Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 259). 5. Serpenteux, -euse, adj.,rare. Qui ondule à la manière d'un serpent, qui décrit une ligne sinueuse. Tandis que par derrière de longues et serpenteuses vagues, semblables aux monstres fantastiques de la fable (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 525).L'ancien chemin carrossable, serpenteux à cause de la pente (Richepin, Cadet, 1890, p. 44). Prononc. et Orth.: [sε
ʀpɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 « reptile à corps cylindrique, très allongé, dépourvu de membres » (Roland, éd. J. Bédier, 2543); b) 1606 serpent d'eau (Nicot); 1611 serpent cornu (Cotgr.); 1671 serpent à deux têtes (Pomey); 1680 serpent à sonnette (Rich.); 1765 serpent à lunettes (Encyclop. [la vedette est orthographiée: serpent à lunette]); 1791 serpent de verre (Valm.); 1854 serpent diamant (Abbé Falcimagne, trad. Mgr R. Salvado, Mém. historiques sur l'Australie, p. 381 ds Quem. DDL t. 13); 2. a) déb. xiies. uns marins serpenz (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 909); 1855 serpent de mer « gigantesque monstre à l'existence hypothétique » (Nerval, Nouv. et fantais., p. 279); 1939 fig. « sujet rebattu, cliché » (Giraudoux, Pleins pouvoirs, p. 93); b) 1501 « le Diable, Lucifer » (Livre de conduite du regisseur ... pour le mystère de la Passion joué à Mons, éd. G. Cohen, 10); 1585 serpent d'airain (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, p. 334); c) 1926 serpent à plumes « dieu de la mythologie aztèque » (D. H. Lawrence, Le Serpent à plumes); 3. 1174-77 pute serpant « personne perfide et méchante » (Renart, éd. M. Roques, br. VIIa, 6071, t. 3, p. 17); 4. a) av. 1606 « ce qui ondule comme un serpent » (Desportes, Angélique, I ds Littré); b) 1636 « instrument de musique » (Mersenne, Harmonie universelle, p. 278); c) 1904 aéron. (Marchis, loc. cit.); 5. 1973 serpent européen (Le Point, 8 oct. ds Gilb. 1980); 1975 serpent monétaire européen (ibid., 19 mai ds Rob. 1985). Du lat. serpentem, acc. de serpens « serpent ». Fréq. abs. littér.: 1 961. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 448, b) 3 643, xxes.: a) 2 085, b) 2 190. Bbg. Brücker (F.). Die Blasinstrumente in der altfranzösischen Literatur. Giessen, 1926, p. 54, 55. − Quem. DDL t. 9, 12 (s.v. serpent à chapeau), 16. |