| PERFORMANCE, subst. fém. A.− SPORTS 1. Vieilli. [Terme de turf; gén. au plur.] Ensemble des résultats obtenus par un cheval de course sur les hippodromes, et p. ext., succès remporté dans une course. Avec toutes ses performances, je la prendrais [cette pouliche] à quinze, moi (Sardou, Fam. Benoîton,1865, p. 46).Vainement le second vendeur des lainages vantait-il les performances du cheval favori, Sept-de-Pique (Coppée, Contes rap.,1889, p. 178). 2. Résultat obtenu par un(e) athlète, une équipe dans une épreuve sportive, et p. ext., exploit sportif. Abrév. perf. Performance homologuée; performance médiocre; performance de valeur internationale. Les exercices physiques ne doivent pas revêtir la forme d'un entraînement professionnel, comportant un but de performance défini (Becquet, Organ. loisirs travaill.,1939, p. 69).[Les arbitres] disposent de deux lampes : l'une blanche (performance valable), l'autre rouge (performance non valable) pour donner leur avis. Leurs décisions sont prises à la majorité (Jeux et sports,1967, p. 1290): 1. ... le maître emporta le prix du concours international de saut en hauteur, par 1 M 95 sur barre fixe. Ce fut à Paris, en août 1900. La performance n'avait point encore été atteinte dans cette partie du monde.
Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 181. 3. P. anal., gén. au plur. Indications chiffrées, courbes, concernant les caractéristiques mécaniques (puissance, vitesse, autonomie) d'un véhicule ou les possibilités de vol d'un avion. Le « Paris » − « Magister » (sortant à présent des chaînes des établissements Potez) et « Paris » sont toujours en fabrication et bénéficient de performances améliorées grâce à des réacteurs plus puissants (Industr. aéron. fr.,1962, p. 8).Les performances du véhicule sont représentées par son pouvoir d'accélération, sa vitesse maximale et sa décélération ou diminution de vitesse obtenue par freinage (Guerber1967). − En partic. Indice de performance. [Dans les courses automobiles, rallyes, etc.] Rapport entre le kilométrage réellement parcouru par la voiture et le kilométrage qui lui était imposé en fonction de sa cylindrée (d'apr. Lar. Lang. fr.). B.− P. ext. 1. Succès remporté par une personne; action, exhibition, interprétation demandant des qualités exceptionnelles. L'examinateur m'accueillit ironiquement. « Alors, Mademoiselle! Vous collectionnez les diplômes! » Déconcertée, je me rendis brusquement compte que ma performance pouvait paraître dérisoire (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 156).La bonne tenue d'un rôle dans un ballet de trente minutes ou la présentation de plusieurs danses successives dans un récital, ne sont pas des performances à la portée de tous (Bourgat, Techn. danse,1959, p. 15): 2. Chaque mois, pendant les nuits de lune, des « Lysanders » ou des bombardiers, amenés par des pilotes, − tels Laurent et Livry-Level, − spécialisés dans ces audacieuses performances, se posaient sur les terrains choisis.
De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 236. − P. anal. Manifestation publique de ses capacités. L'auteur [Miss Becker] a développé son sujet avec la même adresse et la même légèreté de main que les femmes conduisent un cheval. Le pas est varié, mais alerte; les obstacles et les brèches sont surmontés avec adresse. Bref, c'est une très-jolie performance, digne des applaudissements qu'elle a obtenus (J. Faure, Des différences physiologiques et intellectuelles qui caractérisent les deux sexes, in Revue des cours scientifiques,2 janv. 1869, p. 79 ds Rey-Gagnon Anglic. 1980). 2. Rendement, fiabilité très élevé ou exceptionnel d'une machine, d'un objet, d'un matériau. D'une façon générale ces entreprises ont battu, à la fois, les records de l'investissement et du succès technique; (...); les performances de leurs matériels servent le prestige de l'industrie française (Chenot, Entr. national.,1956, p. 88).Le tube vidicon récent (...), de dimensions réduites, facile à construire mais qui possède une persistance exagérée de l'image difficile à éviter; ses performances sont en cours d'amélioration constante (Matras, Radiodiff. et télév.,1958, p. 92).Les résultats de ces études systématiques ont fait progresser d'une façon considérable les performances des métaux, ce qui est nécessaire pour répondre aux besoins nouveaux des techniciens (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 197): 3. ... la libération terminale de tous les êtres humains par le capitalisme et par le communisme est si largement indépendante des performances économiques pendant une période assez longue, disons un quart de siècle, que la possibilité d'une comparaison en termes scientifiques est des plus réduites.
Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 598. C.− Spécialement 1. PSYCHOL. Épreuve, test de performance. Épreuve non verbale permettant d'apprécier l'intelligence concrète, pratique d'un individu. À côté des tests à forme verbale, de nombreux psychologues cherchèrent à établir des épreuves de « performance » ne nécessitant pas l'emploi du langage (Delay, Psychol. méd.,1953, p. 112).Les labyrinthes de Porteus sont un test d'intelligence pratique dit encore, comme le précédent, test de performance (Encyclop. éduc.,1960, p. 199). 2. LING. Réalisation d'un acte de langage. Un modèle de la performance comprend au moins deux parties : un modèle de l'émission (du locuteur) et un modèle de la réception de l'auditeur (Thinès-Lemp.1975). − En partic. [Dans la théorie de N. Chomsky et en gramm. générative] Mise en œuvre effective de la compétence linguistique dans les actes de parole d'un sujet parlant. Compétence et performance sont relativement indépendantes : en effet, les actes de parole sont soumis à l'action de facteurs extérieurs tels que la mémoire, l'attention, l'émotivité, etc., qui les conditionnent plus ou moins selon les circonstances, et il en résulte des distorsions d'ordre divers : hésitations, faux départs, changements de structure en cours de route, etc. (Mounin1974). D.− Vieilli, pop. Tenue, aspect extérieur d'une personne. Je revois ces braves gens, endimanchés, leurs jaquettes donnant aux plus râblés des performances de corbeaux, aux plus maigres des allures de pies (Jammes, Mém.,1922, p. 79). REM. Contre-performance, subst. fém.Mauvaise performance, résultat anormalement médiocre. Alain Prost n'est pas mieux loti avec Rosberg (...) le Français ayant régulièrement pris l'ascendant sur son rival, il espérait s'en faire un allié. Rien de tout ça, le Finlandais n'a pas cessé d'accumuler les contre-performances (Libération,22 sept. 1986, p. 42, col. 3). Prononc. et Orth. : [pε
ʀfɔ
ʀmɑ
̃:s]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1839 plur. « résultats, actions accomplies par un cheval de course » (J. des Haras, XXIII, 191 ds Bonn., p. 105); 1872 sing. (Pearson, Dict. du sport fr. ds Petiot); 1876 plur. « résultats, actions accomplies par un athlète ou une équipe » (La Revue des Sports, 23 déc., 3b ds Höfler Anglic.); 1877 sing. (L. Cladel, Ompdrailles ds Petiot); b) 1869 « manière de faire quelque chose, action accomplie (dans tout autre domaine) » (J. Faure, Des différences physiologiques et intellectuelles ds Revue des cours scientifiques, 2 janv. 1869, p. 79 d'apr. Rey-Gagnon Anglic.); c) 1929 plur. « ensemble des possibilités optimales d'un appareil » (Guillemin, Constr., calcul et essais avions, p. 417); 2. a) 1867 « résultat (sportif) remarquable, exploit » (Le Sport, 29 mai ds Petiot : Le turf a pris performance à la langue anglaise. Ce mot veut dire aussi : ouvrage, action, exploit); b) 1928 dans tout autre domaine (Dorgelès, Le Cabaret de la belle femme, p. 161 ds Rey-Gagnon Anglic.); 3. 1953 psychol. (Delay, loc. cit.); 4. 1966 ling. (N. Ruwet ds Langages, déc., pp. 6-7 d'apr. Rey-Gagnon Anglic.). B. 1869 « représentation » (Hugo, Homme qui rit, t. 2, p. 83). Empr. à l'angl. performance « accomplissement, réalisation, résultats réels » att. dep. la fin du xves. et employé dans un champ très vaste dont le domaine du sport n'est qu'un ex. particulier; d'où à partir de « exécution d'une œuvre littéraire ou artistique », le sens de « exécution en public, représentation, spectacle » dep. le début xviiies., au plur., l'emploi en technol. des chemins de fer correspondant à A 1 c dès 1832, en psychol. dep. 1898 (plus spéc. performance test, 1917, Pintner et Paterson), en ling. chez N. Chomsky p. oppos. à competence (1963, v. NED et NED Suppl.2). L'angl. performance est soit dér. de to perform « réaliser, accomplir » issu, en moy. angl., de l'a. fr. parformer (ca 1200 Les enseignements de Robert de Ho, éd. M.-V. Young, 985) dér. de former* (v. FEW t. 3, p. 717a), soit empr. au moy. fr. parformance, de même orig., att. en 1571-72 dans une lettre de Marie Stuart (Gdf.). Fréq. abs. littér. : 35. Bbg. Becker (K.). Sportanglizismen im mod. Frz. Meisenheim, 1970, p. 205. − Bonn. 1920, p. 105, 183. − Chomsky (N.). L'Analyse formelle des lang. naturelles. Paris-La Haye, [1971], pp. 61-62; Essais sur la forme et le sens. Paris, 1980, pp. 11-12, 183; Aspects de la théorie syntaxique. Paris, 1971, pp. 12-15. − Gall. 1955, p. 167. − Hamon (P.). Analyse du récit. Fr. mod. 1974, p. 149. − Khomsi (A.) Compétence, performance et milieu socio-économique BREF. 1979, no18, p. 59-70. − Nique (C.). Notes et déf. pour une approche des ouvrages de ling. Fr. auj. 1972, no19, p. 59. − Pottier Ling. gén. 1974, § 30. − Quem. DDL t. 23. − Ruwet (N.). Introd. à la gramm. générative. Paris, 1967, p. 17, pp. 133-135, 367-368. − Uren (O.). Le Vocab. du cinéma fr. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 214. |