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GRAFFITI, subst. masc.
A. − Inscriptions, dessins tracés dans l'Antiquité sur des murs, des monuments. Les graffiti de Pompéi. On rajeunissait les formules, on n'avait plus que le mot social à la bouche (...) ce n'était même plus ridicule, c'était amusant, voir [sic] intéressant au titre archéologique, comme le sont les graffiti politiques des murs de Pompéi (H. Bazin, Mort pt cheval,1949, p. 196).
B. − Vocab. artistique. Inscriptions, dessins. Les inventions les plus étourdissantes d'un Miro, d'un Marx Ernst, d'un Jean de Bosschère, les cuisines et les graffiti d'un Klee (Lhote dsNouv. R. fr.,no208, janv. 1931, p. 148).Sur ces sinuosités grouillantes comme des poissons luisants, des arabesques plus courtes tracent les profils lâchés de tous les objets dont les formes curvilignes peuvent s'insérer dans cette mêlée ondoyante de graffiti : assiettes, poires, bananes, fourchettes, carafes, plis de rideaux (Lhote dsNouv. R. fr.,no208, juin 1931, p. 949).
C. − P. ext. Inscriptions ou dessins, de caractère souvent grossier ou ordurier, griffonnés sur des murs ou sur les parois de monuments publics. Quelle propreté partout! On n'ose pas jeter sa cigarette dans le lac. Pas de graffiti dans les urinoirs. La Suisse s'en enorgueillit (Gide, Journal,1917, p. 629).Un de ces escaliers de service où des graffiti obscènes sont charbonnés à la porte des appartements (Proust, Sodome,1922, p. 1049) :
À noter encore les graffiti à la craie, dans mon quartier, et près des pensions où logent beaucoup d'Asiatiques et quelques noirs : « Liberté pour les colonies ». On les lit encore, mais ils n'ont pas été rafraîchis et s'effacent lentement. Larbaud, Journal,1934, p. 302.
Au sing. (coll.). Ce serait le sens profond du graffiti anarchiste qui m'a, pour le moins, amusé : « Le marxisme est l'opium du peuple » (Le Nouvel Observateur,22 juill. 1968, p. 34, col. 3).Le Musée du graffiti [en parlant de la Faculté de Nanterre] (Le Figaro littéraire,3 nov. 1969).
Prononc. et Orth. : [gʀafiti]. Graffite ds Ac. 1878 et 1932; var. sgraffite ds Ac. 1878; ,,ou plus ordinairement les graffiti de Pompéi`` ds Ac. 1932. La graph. mod. est graffiti (plur. ital.); empl. d'abord comme un plur. (Rob, Lar. encyclop., et Lar. Lang. fr.) on la considère de plus en plus comme un subst. sing. : un graffiti (Lar. encyclop., Lar. Lang. fr. et supra), d'où le plur. francisé : des graffitis. (Ex. s.v. déplâtrer, Van der Meersch, loc. cit., et Giraudoux, Lucrèce, 1944, III, 4, p. 170). Cette francisation s'étend aux mots du même type (confetti, lazzi, etc.). Var. vieillies ou rares : sgraffite (Ac. 1878, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e); graffite, spécialisée au sens A du mot (Ac. 1932 et antérieurement Littré, la docum. n'en donne pas d'ex. au-delà de Barrès, Pays Lev., t. 2, 1923, p. 26); graffito, sing. ital. (Rob., Lar. Lang. fr., antérieurement Littré qui écrit grafitto [-tto], la docum. en fournit des ex. au xixes. et au début du xxes., cf. Renan, Feuilles dét., 1892, p. 196 et France, Mannequin, 1897, p. 127). Étymol. et Hist. 1856 (Le P. Raphaël Garrucci, Graffiti de Pompéi [titre] ds Quem. DDL t. 14). Mot ital. attesté au sens de « inscription sur les murs, etc. » dep. 1657 (Scannelli ds Batt.), dér. de grafio « stylet » (du lat. graphium « id. ») avec infl. de graffiare « griffer » (DEI). Fréq. abs. littér. : 17. Bbg. Hope 1971, p. 446.