| COL, subst. masc. A.− Vx, littér. Cou. Elle allait, les bras mi-nus, le col découvert dans la chemise de toile écrue (Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. 24): 1. ... un œil languide et tristement rêveur, la bouche entrouverte et comme soupirante, le col fragile autant qu'une tige de fleur, cette femme était de la plus troublante, de la plus angélique beauté.
Gide, Isabelle,1911, p. 632. − Fam. Se pousser du col. Se faire valoir; montrer un orgueil provocant : 2. [Le duelliste :]
Où me poussé-je ainsi du col?
Chez les gens chics, comme de juste.
Mais je ne suis pas assez fol Pour braver l'ouvrier robuste...
La Petite lune,1878-79, no25, p. 3. B.− [P. anal. de forme] 1. Partie rétrécie d'un récipient. Le col d'un flacon, d'un alambic : 3. On nous le sert dans ces carafes pansues, à col renversé, qui portent dans le ventre un long bec pointu pour boire a chorro, à la régalade.
T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1933, p. 41. 2. ANAT. ,,Toute portion rétrécie d'un organe qui relie deux segments plus volumineux`` (Méd. Biol. t. 1 1907). Col de l'astragale, de la vessie, de l'utérus (ou utérin), du fémur (ou fémoral). 3. GÉOGR. Dépression entre deux espaces élevés. Franchir, traverser un col : 4. Le col de la vallée est tortueux, étroit,
Rude, et si hérissé de broussaille et d'ortie,
Qu'un seul homme en pourrait défendre la sortie.
Hugo, La Légende des siècles,Le Petit roi de Galice, 1883, p. 269. 5. ... du même coup, par les cols alpins, toute l'Allemagne du sud s'ouvrit au commerce.
P. Rousseau, Hist. des transports,1961, p. 74. C.− P. méton. 1. [Pour désigner des choses] Partie du vêtement qui entoure le cou. Il s'était boutonné entièrement du col à la braguette (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 149): 6. Elle s'aperçut que les doigts de son amant tremblaient un peu, et qu'il avait relevé le col de son manteau parce qu'il n'avait que du linge de nuit.
Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 194. SYNT. a) Col + adj. Col droit, dur, empesé, marin, montant, mou, rabattu, raide. b) Col + de + subst. Col d'astrakan; col de celluloïd, de dentelle, de fourrure, de satin; col de chemise, de corsage, d'habit, de pardessus. − Spéc. Faux col. Col de chemise amovible. Il était engoncé dans son faux col solennel, médiocre journaliste (L. Daudet, Bréviaire du journ.,1936, p. 87). ♦ P. métaph. Mousse d'un verre de bière. 2. [À partir de 1; pour désigner des pers.] Col blanc. Employé. La retraite, le mois de vacances ne sont plus réservés aux « cols blancs » (J.-D. Reynaud, Les Syndicats en France,1963, p. 25).P. oppos., plus rare. Col bleu. Le pourcentage des « cols bleus » décroît, et cela depuis 1957 (J. Dumazedier, A. Ripert, Loisir et culture,1966, p. 57). Rem. Col bleu signifie aussi « marin » : ,,Quand on est dans les cols bleus On n'a jamais froid aux yeux`` (C'est nous les gars de la Marine, chanson de marins). Prononc. et Orth. : [kɔl]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. colle. Pour l'hist. de col à côté de cou, qui ont aujourd'hui un sens différent, cf. Bourc.-Bourc. 1967, § 191. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 col « partie du corps de l'homme qui unit la tête au tronc » (Roland, éd. J. Bédier, 281); 1174-77 « id. chez l'animal » (Renart, éd. M. Roques, branche III, 4110); prononcé cou à l'époque class. (Vaug., p. 13), utilisé ds la lang. mod. par archaïsme ou raison d'euphonie, v. cou; 2. mil. xives. « partie étroite entre le corps de certains objets et la tête ou sommet » (Isopet Avionnet, XXXIII, 16, éd. J. Bastin, t. 2, p. 256 : ... un pot qui ot le col lonc et estroit); 3. anat. 1478 coul, cou, col de la vessie (d'apr. Sigurs, p. 270); cf. 1546 (Ch. Estienne, Disc. des parties du corps, 93, 41 ds Quem.); col de la matrice (Id., op. cit., 291, 38, ibid.); 4. 1635 col de montagne (Monet); 5. 1832 col de cygne « dessus de la clef d'un robinet » (Raymond d'apr. FEW t. 2, p. 919a); 1836 (Land.). B. 1. 1177-80 « partie d'un vêtement qui entoure le cou » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 1890); 2. 1838 col de dentelle « parure de lingerie chez les femmes » (E. de Guérin, Lettres, p. 236). Du lat. collum class. « cou », « goulot d'un vase », impér. « passage entre deux montagnes »; en b. lat. terme d'anat. « col de la vessie, col de la matrice ». Fréq. abs. littér. : 2 009. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 928, b) 2 738; xxes. : a) 2 756, b) 3 773. Bbg. Bernelle (A.). Montagnes russes. Vie Lang. 1962, p. 425. − Darm. Vie 1932, p. 141 − Dauzat. Ling. fr. 1946, p. 14. − Goug. Mots. t. 1, 1962, p. 58. − Quem. 2es. t. 2, 1971. |