| BITUME, subst. masc. Substance minérale composée de matières hydrocarbonées diverses, utilisée notamment comme revêtement des chaussées. Couches de bitume; des marmites noires de bitume : 1. On le vit un moment, rue Taitbout, où sans doute, il se garnit les mains de quelques bons écrins et de sacoches... et de là, le diable sait où il disparut, en Belgique probablement, mais onques, nul ne l'a revu, sur le bitume du boulevard.
Bourges, Le Crépuscule des dieux,1884, p. 303. − P. méton. Artère bitumée de (grande) ville, boulevard : 2. L. P., si jeune soit-il; a déjà cultivé, sur l'aride bitume parisien, des tristesses romantiques auxquelles il pensera plus tard comme à des modèles de tristesse.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, p. 130. − Argot : 3. On dit que ces pauvres filles (les prostituées) font le bitume ou qu'elles foulent ou polissent le bitume, quand elles raccrochent sur les boulevards.
H. France, Dict. Journal,1907. PRONONC. : [bitym]. ÉTYMOL. ET HIST. − Ca 1160 betumoi « substance combustible liquide » (Eneas, éd. Salverda de Grave, 6498 : Li betumoi a tel nature : Là ou il est un po sechiez Ja ne sera puis depeciez), forme attestée jusqu'au xiiies. dans T.-L.; 1190 betume (Evrat, Genese, B.N., 12457, fo16adans Gdf. Compl.), forme attestée jusqu'au xiiies., Ibid.; xves. forme bitumme, bithume (Hist. s. et prof., Ars. 3515, t. 1, fo101 ro, Ibid.); xvies. bitumen (Hug.); 1575 bitume (Belleforest, Cosmographie universelle, Paris, II, 2135 dans Fr. mod., t. 25, p. 306 : une espece de Bitume); p. méton. 1841 « trottoir » (d'apr. Esn.).
Empr. au lat. bitumen « id. » (Caton, Agr., 95, 1 dans TLL s.v., 2021, 75); [la date de 1549 donnée pour bitume par les dict. étymol. s'applique au texte lat. de Tagault cité dans Gdf. Compl., dont la trad. fr. est de 1618]; betumoi avec suff. d'a. fr. -oi (lat. -êtu) indiquant une étendue. STAT. − Fréq. abs. littér. : 199. DÉR. 1. Bitumeux, euse, adj.Qui contient du bitume. P. métaph. : Hier, séance de la Chambre. Depuis combien d'années ne m'étais-je penché sur cette cuve, dont je hais le jour blême, l'atmosphère bitumeuse de mauvais tableau d'histoire (Mauriac, Bloc-notes,1958, p. 101).− [bitymø]. − 1resattest. fin xiiies. betumeus (Estories Rogier, Richel. 20125, fo26edans Gdf.), attest. isolée; 1575 bitumeux (Thevet, Cosmogr., XIX, 8 dans Hug.); dér. de bitume, suff. -eux*. − Fréq. abs. littér. : 6. 2. Bitumineux, euse, adj.Sables, schistes bitumineux; houille bitumineuse; terre, tourbe bitumineuse. − [bityminø]. − 1reattest. 1330-32 bitumineus (G. de Deguileville, Pélerinage vie hum., V 11958, éd. Sturzinger, 1893 dans T.-L.), attest. isolée; repris en 1543 (cité dans Fr. mod., t. 5, p. 71); empr. au lat. bituminosus (Vitruve, 8, 2, 8 dans TLL s.v., 2022, 66) ou dérivation sur le rad. du mot lat. correspondant à bitume. − Fréq. abs. littér. : 13. 3. Bituminisation, subst. fém.Transformation de substances organiques en ,,matière bitumineuse`` (Plais-Caill. 1958). − Dernière transcr. dans Littré : bi-tu-mi-ni-za-sion. − 1reattest. 1814 (Nysten); dér. du rad. de bituminer [1611, Cotgr. empr. au lat. bituminare], suff. -iser* + -ation*. BBG. − Jud (J.). Beton, bet, beter. In : [Mél. Duraffour (A.).]. Paris-Zürich-Leipzig, 1939, p. 194. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 140, 207. − Termes techn. fr. Essai d'orientation de la terminol. établi par le Comité d'ét. des termes techn. fr. Paris, 1972, p. 4 (s.v. bitumineux), 38, 121. |