| ABAJOUE, ABAT-JOUE, subst. fém. I.− Sens propre. Chez certains animaux, poche située de chaque côté de la cavité buccale : 1. Dans le paca, par exemple, l'arcade zygomatique est excessivement dilatée, recouverte extérieurement de rugosités et d'enfoncemens. Du côté interne elle est lisse, mais comme renflée; de sorte qu'elle représente des espèces d'abajoues osseuses qui logent en effet un sac formé par la peau extérieure.
G. Cuvier, Leçons d'anatomie comparée,t. 3, 1805, p. 40. 2. abajoue : partie de la tête du cochon, depuis l'œil jusqu'à la mâchoire; dite, bajoue, s. f.
E. Molard, Le Mauvais langage corrigé,1810, p. 4. 3. ... cet espace s'agrandit, de manière qu'il se constitue des poches, les abajoues, ...
E. Perrier, La Philosophie zoologique avant Darwin, t. 7, 1884, p. 3426. II.− Plur., arg. [En parlant d'une pers.] A.− Face : 4. Abajoues. La face, dans l'argot du peuple qui compare volontiers son semblable à un cochon.
France1907. B.− Fesses : 5. Abajoues ... 2. Les fesses, par extension.
G. Delesalle, Dict. argot-français et français-argot,1896, p. 1. Rem. Senti comme dér. de abattre, le mot a pu s'écrire abat-joues. Prononc. : [abaʒu]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1766 « poche que certains animaux ont à l'intérieur de chaque joue et où ils mettent en réserve des fruits, des graines, pour les manger à loisir » (Buffon, Histoire naturelle, Orang-Outang, ds DG : Abajoues, c'est-à-dire poches au bas des joues). Passage dans la lang. arg. à la fin du xixes.
Prob. de la bajoue (avec agglutination*), en raison de la ressemblance des joues ainsi gonflées de ces animaux avec des bajoues; empr. par Buffon aux dial. (FEW s.v. : 'gaba). STAT. − Fréq. abs. litt. : 2. BBG. − Bouillet 1859. − Husson 1964. − Littré-Robin 1865. − Mots rares 1965. − Nysten 1814-20. − Privat-Foc. 1870. |