| ABADER (S'), verbe pronom. Région. ,,Terme des campagnards. Prendre son essor, prendre sa course, courir les champs, s'affranchir de toute entrave et de toute gêne, se sauver, s'enfuir. Il faut nous abader, car voici la pluie. Leurs vaches s'étaient abadées dans les blés. Notre petite Marguerite commence à s'abader; c'est-à-dire, commence à faire quelques pas seule.`` (J. Humbert, Nouveau glossaire genevois, 1852, p. 2). ÉTYMOL. ET HIST. − Terme région., francisation de abada « donner le large au bétail, en le faisant sortir des étables pour le mener paître », terme fr.-prov. (Savoie, Dauphiné, Lyonnais, Forez, Bresse) passé en Suisse : Genève, Valais, Fribourg, Vaud, voir Gauchat, Jeanjaquet, Tappolet, Gloss. des patois de la Suisse romande s.v. abada; fr.-prov. abada, dériv. de l'a prov. badar « ouvrir, bailler » (Elucidari de las proprietaz de totas res naturals, fol. 248 ds Rayn. Badan, la boca recuelh ayre), du lat. batare « être ouvert »; voir bayer.
Appliqué seulement au bétail à l'orig., abader (s') a élargi ensuite son champ [cf. sém. et aussi FEW s.v. batare, Grenoble : « faire sortir, mettre dehors » d'où « enlever la vanne (d'un canal), sortir de son lit (rivière), sortir de chez soi, sortir du nid (oiseau) »], dans la région du Sud-Est. |