| A, subst. masc. I.− 1relettre de l'alphabet et 1redes 5 voyelles (pour la voyelle, cf. phonét.). − Graphies : ♦ A majuscule ou grand A, de forme triangulaire caractéristique ♦
ɑ minuscule ou petit ɑ
♦ a romain ♦ a italique ♦ â accent circonflexe − Obj. en forme de A : 1. ... les lettres qui sortent de votre plume ne me sont point étrangères (...) et cet A sort de notre aleph, en tête de bœuf.
A. France, Le Jardin d'Épicure,1895, p. 174. 2. Il existe dans l'église de Conques (Aveyron) (...) un objet de forme triangulaire, en bois recouvert de cuivre doré (...). On appelle ce reliquaire l'A de Charlemagne et il passe pour être un présent de ce prince.
P. Mérimée, Études sur les arts au Moyen Âge,1870, pp. 104-105. − La lettre a s'oppose à la prép. à : 3. Comme prép. tient encore la place d'après, poil à poil; d'avec, peindre à l'huile; de pour, bois à brûler; d'environ, cinq à six pieds; d'ou, deux à trois (il vaut mieux dire deux ou trois); de par, on juge à votre mine; de selon ou suivant, un habit à la mode; de vers, il tire à sa fin, etc., etc. Dans toutes ces occasions, et autres semblables, on met un accent grave sur l'a.
C.-M. Gattel, Nouveau dict. portatif de la langue française,1797. − Un ex. de a s'opposant à o : 4. Pourquoi ne pas admettre que si l'auteur du traité du verbe dit qu'A est noir et qu'O est bleu, c'est parce qu'il le sent (...)?
A. France, La Vie littéraire,t. 2, 1890, p. 7. − Expressions : ♦ La panse d'a. Au propre. La partie arrondie de l'a ayant la forme d'une panse dans l'écriture cursive. Au fig. N'avoir pas fait une panse d'a. N'avoir rien écrit, rien copié, rien composé. ♦ Ne savoir ni A ni B. Ne pas savoir lire, p. ext., ignorer les éléments d'une sc., d'un art, etc. ♦ De A à Z ou depuis A jusqu'à Z. Du début à la fin. ♦ L'ABC (pour cette expr., cf. ABC). II.− A employé comme symbole A.− 1. ALGÈBRE. a désigne une quantité connue. − ARITHM. a, symb. de are. − GÉOM. ,,A indique l'une des parties d'une figure qui sert à quelque démonstration (l'angle A, l'angle B d'un triangle, etc.).`` (Ac. Compl. 1842) : 5. ... si on constate que sur une ligne le point B est entre les points A et C, on se contentera de cette constatation et on ne s'inquiétera pas de savoir si la ligne ABC est droite ou courbe, ni si la longueur AB est égale à la longueur BC, ou si elle est deux fois plus grande.
H. Poincaré, La Valeur de la science,1905, p. 66. De là, prouver par A + B, ,,démontrer d'une manière rigoureuse, comme en mathématiques.`` (Dub.) : 6. ... savez-vous à qui je songeais : à Renan, dodelinant sa grosse tête au milieu de politiciens et de salonnards ébahis, expliquant Notre-Seigneur par A et B et vaticinant...
L. Daudet, La Recherche du beau,1932, p. 274. 2. CHIM. A, symb. de l'azote ds Ac. Compl. 1842 (au xxes. le symb. de l'azote est N); A, symb. de l'argon. − A, symb. de l'aluminium ds Ac. Compl. 1842, a été remplacé au xxes. par Al. 3. PHYS. A, symb. de l'ampère. 4. MÉTROL. Å, symb. de l'angström et du suff. -atto : ,,Atto ... = 10-18.`` (Dict. des sigles,pp. 17-18). 5. PÉDOL. ,,A, symb. désignant l'ensemble des horizons du sol pédologique les plus proches de la surface, caractérisés par la forte activité biologique : grande densité de colonisation par les êtres vivants, enrichissement en substances organiques.`` (Plais.-Caill. 1958). Pour les subdivisions de l'ensemble A, cf. Plais.-Caill. 1958. B.− IMPR. ,,A sert à indiquer la première feuille d'un volume, ou le premier renvoi aux notes.`` (Lar. 20e). C.− LOG. ,,A. 1oSymbole de la proposition universelle affirmative en Logique, suivant les vers mnémoniques classiques :Asserit A, negat E, verum generaliter ambo;
Asserit I, negat O, sed particulariter ambo.
2oSymbole de la proposition modale dans laquelle le mode et le dictum sont affirmés l'un et l'autre.`` (Lal. 1968). D.− MAR. ,,A, premier pavillon du Code international de signaux. Hissé isolément, signifie : Je suis en train d'effectuer des essais de vitesse.`` (Gruss 1952). E.− MÉD. ,,A, aa, ou ana, placé à côté d'une accolade qui embrasse l'indication de plusieurs substances, signifie : de chacune de ces substances.`` (Littré-Robin 1865). F.− MUS. ,,Abréviation par laquelle on indique la voix d'Alto, l'Alto, instrument à cordes, et l'Alto, instrument de cuivre.`` (Candé 1961); ,,On voit dans certaines partitions d'orchestre le ton de la désigné par la lettre A pour certains instruments transpositeurs : clarinette en (ou in) A; cor en (ou in) A, etc., etc. Les facteurs ont le soin d'indiquer sur les corps de rechange (...) des instruments de cuivre les lettres correspondant à leurs tons : trompette, cor en A, etc.`` (Candé1961) : 7. ... suivant la notation anglo-germanique, H équivalant à si, A à la, D à ré − Y et N correspondant, du fait de l'application (...) à l'échelle diatonique de l'ordre des lettres de l'alphabet, à ré et sol.
A. Cortot, La Musique française de piano,t. 1, 1930, p. 253. G.− NUMISM. A désigne la ville de Paris (Ac. Compl. 1842); il est le ,,signe distinctif de toutes les monnaies frappées à Paris.`` (Comm. 1837). Il désigne aussi l'atelier monétaire de Marseille (Lar. 20e), AA celui de Metz (Besch. 1845, Lar. 20e, Quillet), Ae celui d'Aix (Lar. 20e). − De là, au fig., être marqué à l'A : ,,Il est marqué à l'A se dit d'un homme de bien, d'honneur et de mérite.`` (Littré). III.− A employé comme sigle A.− TITRES. A, abréviation de Altesse dans les sigles S.A.R. (Son Altesse Royale), S.A.S. (Son Altesse Sérénissime), S.A.I. (Son Altesse Impériale.) etc. : ,,Dans les nobiliaires, il est mis pour Altesse.`` (Lar. 20e). B.− Autres sigles en usage. 1. COMM. ,,A, pour accepté quand il s'agit d'une lettre de change.`` (Ac. Compl. 1842). Il y a aussi A.M. pour Assurance Mutuelle (ibid.), S.A. (Société anonyme), etc. 2. MAR. ,,A, pour assuré ou assurance.`` (Ac. Compl. 1842ibid.). IV.− Dans l'argot des bagnes : ,,Les A ou B sont des « internés »; ils vont du dépôt au quai d'embarquement en tête du convoi, avec les punis de cachot.`` (A.-L. Dussort, Journal,janv. 1930, ms colligé par G. Esnault, 1953). Prononc. ET ORTH. 1. Forme phon. : [ɑ]. Warn. 1968 le marque du signe ['] qui indique que le mot ne se lie pas avec un mot précédent, mais il précise : ,,Liaison après un article : un a, des a (...) œ
̃-nɑ, de-zɑ, (...)`` Cf. aussi Fouché Prononc. 1959, p. 440 : ,,Je dis | ɑ mais un
ɑ``. − Oppos. phonol. [ɑ] ??? [a] dans a/à. Enq. : /a/. 2. Homon. : cf. à. 3. Graphèmes. − a) La lettre a entre dans les graphèmes composés suiv. :
HIST. − A dérive, à travers le lat. et par l'intermédiaire peut-être de l'étrusque ainsi que d'autres alph. italiotes, des alph. gr. occ. A est empl., dans certains expr., comme symbole et dans des sigles (dont la création ne cesse d'augmenter aux xixeet xxes., cf. sém. III). En ce qui concerne l'importance de cette lettre, Besch. 1845 cite Voltaire : La lettre a, chez presque toutes les nations, devint une lettre sacrée parce qu'elle était la première. A.− A empl. dans certaines expr. − 1. Être marqué à l'A, à propos d'un homme de bonne réputation. 1reattest., 1576 (FEW). 2. Ne savoir ni A ni B, 1reattest. dans la lexicogr. ds Rich. 1680, subsiste (cf. sém. I) : Ci-dessous gît M. l'Abbé, Qui ne sçavoit ni A ni B. Ménag. (Trév. 1752). 3. Une panse d'A, dès Fur. 1690. L'expr. reste vivante (cf. sém. I et Rob.). 4. De A jusqu'à Z, 1reattest. ds Ac. 1798, subsiste. 5. L'ABC*. B.− A empl. comme symbole. − 1. A, 1relettre dominicale dans le Calendrier Julien (av. la réforme de Grégoire XIII, 1582) : Les Romains s'en étoient servi bien avant le temps de Notre-Seigneur. Cette lettre étoit la première des huit lettres nundinales, et ce fut d'après cet usage qu'on introduisit les lettres dominicales. (Trév. 1771). Sert qqf. de lettre dominicale même au xxes., cf. p. ex. Missel vespéral romain par Dom Gérard et les Bénédictins de l'abbaye de Saint-Maurice et Saint-Maur de Clairvaux (Turnhout-Clairvaux, 1937; signalé par M. A. Goosse). 2. A, au xviiies., marque de la monnaie de Paris, réputée du meilleur aloi (1reattest. ds Trév. 1771); AA, marque de la monnaie de Metz de 1662 à 1794 (1reattest. ds Trév. 1752, cf. aussi Quillet). Au xixes. cet emploi subsiste (cf. sém. II G), au xxeil n'est plus attesté. − Rem. Pour l'emploi fig. être marqué à l'A, p. allus. à la marque de la monnaie de Paris, cf. sup. A 1. 3. Pour la philos. scolast., il désigne une prop. gén. affirmative. 1reattest. ds Trév. 1771, subsiste (cf. sém. II C) : A affirme, mais généralement, disent les logiciens (Trév. 1771). 4. En méd., emploi attesté dep. Trév. 1752 et jusqu'au xixes. seulement (cf. sém. II E) : A, ã
ou ãã, Abréviation dont on se sert en médecine pour ana, c'est-à-dire, pour désigner une égale quantité des différents ingrédiens énoncés dans une formule : par exemple prenez d'eau de lis et de syrop capillaire ãã
une once, c'est-à-dire, de chacun une once (Trév. 1771). 5. En chim., AAA signifient « amalgame ou opération d'amalgamer » (Fur. 1690). Cet emploi disparaît apr. le xviiies., et A n'est plus en chim. que le symbole de l'azote et de l'argon (cf. sém. II A 2). 6. Cf. aussi sém. II (xixeet xxes.). C.− A empl. comme sigle. − Il l'était déjà dans l'Antiquité où il servait notamment d'abrév. pour les noms propres commençant par A sur les monuments ou les monnaies (A. pour Aulus, A. pour Argos). Au xviiies., cf. Trév. 1752 : A. « accepté »; A.S.P. « accepté sous protection »; A.S.P.C. « accepté sous protection pour mettre à compte »; A.P. « à protester ». . Pour les xixeet xxes. cf. sém. III A et B. BBG. − Dem. 1802. − Fucci (F.). Dizionario del linguaggio giornalistico. Milano, 1962. − Gramm. 1789. − Gruss 1952. − Lal. 1968. − Littré-Robin 1865. − Plais.-Caill. 1958. − Rougnon 1935. |