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-IEN, -IENNE, -É(I)EN, -É(I)ENNE,(-ÉEN, -ÉIEN, -ÉENNE, -ÉIENNE) suff.
Suff. issu des suff. lat. -anum et surtout -ianum, entrant dans la constr. de très nombreux adj. et subst., exprimant l'idée d'origine, d'appartenance ou d'agent.
I. − [Suff. exprimant l'idée d'origine]
A. − [Formateur d'adj. à partir de noms de lieu ou de certains noms communs]
1. [Formateur d'adj. ethniques]
a) [La base est un nom de pays, de région, de province ou de département] V. p. ex. algérien, alsacien, brésilien, caucasien, coréen, égyptien, géorgien, italien, pyrénéen, tahitien, vendéen.
b) [La base est un nom de ville] V. p. ex. arlésien, cracovien, hollywoodien, parisien, troyen, varsovien et aussi :
beauvaisien, -ienne. « De Beauvais, Oise » (Wolf 1964)
fuxéen, -éenne. « De Foix, Ariège » (Wolf 1964)
pradéen, -éenne. « De Prades, Pyrénées-Orientales » (Wolf 1964)
c) [La base peut être aussi]
[un terme géogr. plus gén.] V. européen, méditerranéen.
[un nom de fleuve réel ou imaginaire] V. danubien, stygien.
[un nom de planète] V. martien, terrien, vénusien.
[un nom de lieu mythique ou imaginaire] V. édénien, élyséen, lilliputien.
Rem. 1. Ces adj. peuvent être subst. et donner a) comme subst. masc. et fém., un nom de personne qui habite un lieu ou en est originaire; b) comme subst. masc. sing., la lang. d'un pays ou le parler d'une région; c) comme subst. masc. ou, le plus souvent, fém. et p. ell. du subst. qu'ils qualifient habituellement, un sens bien déterminé : biscaïen*, canadienne*, dalmatien*, égyptienne*, lesbienne*, norvégienne*, persienne*, saharienne*, tyrolienne*, varsovienne*, etc. 2. Oppos. a) -ien/-ais, -ois. Ces deux suff. sont formateurs d'adj. ethniques et le plus souvent, l'oppos. est purement formelle (ainsi Amstellodanien/Amstellodanois < « d'Amsterdam », Aunélien/Alnélois < « d'Auneau, Eure-et-Loir » (Pt Rob.)). Dans qq. cas cependant, elle est pertinente : algérien*/algérois*, francien*/français*. b) -ien/-ique. Là aussi, l'oppos. est parfois pertinente sémantiquement : francien*/francique*, italien*/italique*, océanien*/océanique*. Dans qq. cas, le dér. en -ique est vieilli : caucasien*/caucasique*, ou inversement, c'est le dér. en -ien qui est vieilli ou moins usuel : édénien*/édénique*, ibérien*/ibérique*. c) -ien/-ite. L'oppos. est parfois pertinente. Ainsi dans israélien*/israélite* et saoudien « qui habite l'Arabie Saoudite ou qui en est originaire »/saoudite, adj. fém. Arabie saoudite. « État de la péninsule arabique ». Cheikh Mohammad Abal-Khail, ministre des finances et de l'économie d'Arabie Saoudite, a fait une brève mais ferme allusion à l'affaire (...). Le ministre saoudien a, par ailleurs, réclamé avec une particulière vigueur une participation accrue des pays pétroliers au pouvoir de décision (Monde, 3 oct. 1980, p. 38).
2. [Formateur d'adj. du vocab. géogr. ou géol.]
a) [L'adj. signifie « typique de, propre à, présentant certains caractères (qui sont ceux du subst. de base) »] V. conchylien, hawaïen, jurassien, peléen, strombolien, vauclusien, etc.
b) [L'adj. qualifie une période géol. (le subst. de base désigne souvent le lieu où se trouvent des traces de cette époque)] V. acheuléen, aquitanien, cambrien, dévonien, hallstattien, magdalénien, néocomien, permien, solutréen, toarcien, etc.
Rem. 1. En emploi subst. masc., le terme désigne une période géol. donnée. 2. Oppos. -ien/-ique. L'oppos. sém. jurassien*/jurassique* est sans rapport avec le sens de ces deux suff. Elle est parfois neutralisée chez tel ou tel auteur (v. jurassique).
3. [Formateur d'adj. du vocab. méd.]
a) [La base est un subst. désignant un organe ou une partie du corps] V. arachnoïdien, cornéen, crânien, endocrinien, iridien, ovarien, phalangien, rachidien, vomérien, etc.
b) [La base est un subst. désignant une maladie] V. ourlien, zostérien.
Rem. Quand l'adj. ressortit au domaine pathol., il correspond à un subst. suffixé en -isme : mongolien*, paludéen*; dans ce cas, l'adj. en emploi subst. désigne la personne atteinte de telle maladie.
c) [La base est un subst. désignant un micro-organisme] V. amibien, bactérien, microbien.
4. [Formateur d'adj. du vocab. de la zool. (le subst. de base est le plus souvent un nom d'animal)] V. alcyonien, arachnéen, caméléonien, corallien, madréporien, ophidien, reptilien, sélacien, simien, etc.
Rem. 1. En emploi subst., ces termes sont employés le plus souvent au masc. plur., parfois au masc. sing. a) Ils correspondent effectivement à un adj. : alcyonien*, caméléonien*, échinéen*, sélacien*, simien*. b) Ils sont seulement subst. (sauf emploi adj. littér.) : batracien(s)*, crocodiliens*, lémuriens*, proboscidien(s)*, saurien(s)*, téléostéen(s)*. 2. Oppos. a) -ien/-ique. L'oppos. est le plus souvent formelle : madréporien*/madréporique*, phylloxérien*/phylloxérique*; il arrive qu'elle soit, pertinente : hippique*/hippien « Ant. Qui a rapport aux chevaux » (Littré). b) -ien/-aire. Oppos. parfois pertinente : alcyonien*/alcyonaire*. c) -ien/-esque. Oppos. parfois pertinente : caméléonien*/caméléonesque*, simien*/simiesque*. d) -ien/-eux. Oppos. neutralisée dans corallien*/corailleux (s.v. corail), madréporien*/madréporeux*.
5. [Formateur d'adj. du vocab. de la bot.] V. libérien et aussi :
calicinien, -ienne. « Qui provient de la transformation du calice » (Littré)
hypodermien, -ienne. « Qui croît sous l'épiderme des végétaux » (Littré)
pédonculéen, -éenne. « Qui provient de la dégénérescence ou de la métamorphose d'un pédoncule » (d'après Littré)
pétioléen, -éenne. « Qui provient de la dégénérescence d'un pétiole » (Littré)
stipuléen, -éenne. « Qui doit son origine à des stipules transformés » (Littré)
Rem. 1. Ces adj. ne donnent pas lieu à des emplois subst. 2. À l'exception de libérien* (qui a pour homon. l'adj. et subst. libérien « du Libéria » [Pt Rob]), ils n'ont pas survécu dans la lang., d'autres dér. les ayant supplantés : pédonculaire*, stipulaire*.
6. [Formateur d'adj. signifiant plus ou moins vaguement l'idée d'origine : « originaire de » ou p. ext. « relatif à »]
a) [La base est une localisation géographique] V. faubourien, îlien, oasien, pampéen et aussi :
mouffetardien, -ienne. « Propre à la rue Mouffetard (à Paris) ». L'étranger qui, venu du centre, se fourvoie dans la rue Blanville ou place Contrescarpe est, à de certaines heures, aspiré comme un fétu par le maelstrom mouffetardien (Duhamel, Confess. min.,1920, p. 55)
Rem. Certains de ces termes peuvent être employés subst. pour désigner une personne qui habite un lieu ou en est originaire.
b) [La base est une indication de temps] V. étésien.
c) [La base est un phénomène naturel, un corps chim. ou un corps naturel] V. aérien, alizéen, céruléen, chlorophyllien, diluvien, éburnéen, magnésien, marmoréen, zéphyrien, etc.
Rem. 1. Quelques-uns de ces termes sont employés subst., notamment aérien*. 2. Oppos. -ien/-é, -in neutralisée dans éburnéen*, éburné*, éburnin*.
B. − [Formateur d'adj. à partir de noms propres de pers. (notamment des personnalités du monde artist., littér., pol. ou sc.), avec le sens de « relatif à, qui a rapport à; qui tient de »] V. apollinarien, aristotélicien, baudelairien, cicéronien, giralducien, jupitérien, kafkaïen, luthérien, mallarméen, sadien, victorien, etc.
Rem. 1. La plupart de ces adj. sont employés subst. au sens de « adepte de, spécialiste de » (infra, II B et III). Quelquefois, le terme est subst. en un sens bien déterminé, ainsi grégorien*; il arrive par ailleurs que le terme soit seulement subst. : draisienne*, julienne*. 2. Oppos. a) -ien/-ique. Le suff. -ique ne s'accole que rarement à des noms propres et surtout pour former des adj. à partir de noms d'auteurs, ainsi aristotélique*/aristotélicien*, machiavélique*/machiavélien*, platonique*/platonicien*, plutonique*/plutonien*, sadique*/sadien*. b) -ien/-iste. Le sens des suff. -ien et -iste est différent : -iste accolé à un nom propre indique l'adhésion, l'appartenance à une doctrine, à une pensée élaborée par une personne dont le nom fournit la base du dér.; -ien indique ce qui est propre à un homme, ce qui lui appartient : gaullien*/gaulliste*, marxien*/marxiste*. Historiquement, -ien a tenu le rôle de -iste (cf. Dub. Pol. 1962, p. 176); ainsi calvinien (Littré) a disparu de la lang. mod. au profit de calviniste, mais un certain nombre de doublets subsistent sans qu'il soit possible de les différencier. D'autre part, il est souvent difficile de déterminer pourquoi l'un de ces suff. est préféré à l'autre. Bien que -iste soit plus usité que -ien dans le vocab. pol., il lui cède parfois la place comme dans cet ex. : Il n'est pas de jour sans qu'un gaulliste (...) ou même un giscardien dénoncent le vide politique au pouvoir (Monde, 2 sept. 1980, p. 2). c) -ien/-esque*. 3. Le suff. -ien peut aussi s'accoler à un certain nombre de noms communs désignant une dignité ou une charge : chérifien*, pharaonien*, régalien*, tsarien*. On retrouve le plus souvent pour ces termes les oppos. signalées supra souvent pertinentes au plan sém. : pharaonien*/pharaonique*, régalien*/régaliste*, tsarien*/tsariste*.
II. − [Suff. exprimant l'idée d'appartenance à une certaine collectivité; le dér. est le plus souvent employé comme subst.]
A. − Domaine scolaire ou universitaire.V. collégien, lycéen, normalien, polytechnicien, saint-cyrien, sévrienne, etc.
B. − Domaine religieux
1. [Appartenance à une église, à une secte] V. mazdéen, presbytérien, sabbathien, sabéen, unitarien, etc.
2. [Appartenance à un ordre relig.] V. cistercien, oratorien, salésien, sulpicien, etc.
C. − Domaines divers
1. ANTIQ. ROMAINE. V. patricien, plébéien.
2. POL. et ÉCON. V. agrarien, citoyen, kolkhozien, milicien, prolétarien, thermidorien.
3. LITT. et PHILOS. V. parnassien, péripatéticien, stoïcien.
4. Autres domaines. V. aoûtien, rotarien.
Rem. 1. Monarchien* s'est employé p. oppos. à monarchiste*, avec une valeur péj.; de même pour jusqu'au-boutien (cf. Nyrop t. 3 1936, p. 40). 2. La plupart de ces termes peuvent être employés subst. (parfois dans un sens différent : parnassien*, péripatéticienne*); certains ne sont cependant guère employés comme subst. (prolétarien*) ou n'ont pas gén. d'adj. correspondants : aoûtien*, citoyen*.
III. − [Suff. exprimant l'idée d'agent; -ien sert à former des noms de spécialistes, à partir du nom de la spécialité, du domaine ou de la matière qu'ils travaillent] V. chirurgien, comédien, diététicien, électricien, esthéticien, grammairien, historien, mécanicien, pharmacien, technicien, théologien, etc.
Rem. 1. Quelques-uns de ces dér. peuvent être employés adj.; dans le cas de spécialités longtemps exercées par des hommes, le fém. est inusité ou rare; ainsi chirurgien (v. cependant ce mot rem.), électricien*, mécanicien*. Inversement, dans le cas de métiers exercés surtout par les femmes, le fém. est plus usuel; ainsi esthéticienne*. 2. Ces termes entrent, pour la plupart, dans la série suiv. : le nom du domaine, de la spécialité, de la science, est en -ique (ou -ie); l'adj. correspondant est en -ique; le nom d'agent est en -ien. Ainsi l'esthétique/esthétique/esthéticien, la mécanique/mécanique/mécanicien, la sémantique/sémantique/sémanticien, la stylistique/stylistique/stylisticien, la théologie/théologique/théologien. On remarquera que pour les mots en -iste, la série est différente : -ie (ou -isme)/-ique/-iste. Ainsi chimie/chimique/chimiste, empirisme/empirique/empiriste. Il y a cependant des interférences entre ces deux séries. Ainsi la botanique/botanique/botaniste, la linguistique/linguistique/linguiste. Les noms d'agents en -ien indiquent en gén. une spécialisation plus grande que les noms d'agents en -iste. V. aussi morphol. C 2.
Morphologie A. − Principales var. morphol. de la base 1. Apparition d'une consonne finale dans la chaîne parlée : [d] éluardien < Éluard (cf. Goosse 1975, p. 211) giscardien < Giscard (supra I B rem. 2 b) [s] aoûtien*, capétien*, mozartien* [z] parisien*, rabelaisien* [s] ou [t]kantien* 2. Modifications vocaliques et consonantiques de la syll. finale. a) La formation sav. ou pseudo-sav. de certains dér. de noms de ville fait parfois subir des transformations importantes non seulement à la syll. finale, mais à tout le rad. : Argenteuil > argentolien (Pt Rob.) Cahors > cadurcien (ibid.) Épernay > sparnacien (ibid.) Joué-les-Tours > jocondien (ibid.) Moyenmoutier > médianimonastérien (ibid.) Saint-Cloud > clodoaldien (ibid.) Venise > vénitien (ibid.) Cela est vrai également, mais à un degré moindre, pour les dér. obtenus à partir des noms propres de pers. : Giraudoux > giralducien* Jupiter > jovien*/jupitérien* Pasteur > pastorien*/pasteurien* b) Transformation de la syll. finale (la base étant le rad. du mot lat.) : [aj] > [al] corail > corallien* [εn] > [an] Aquitaine > aquitanien* [ε ʀ] > [aʀ] agraire > agrarien*, ovaire > ovarien* prolétaire > prolétarien* c) Transformation de la voyelle accentuée : [ε]> [e] collège > collégien*, Israël > israélien*, Hitler > hitlérien*, Norvège > norvégien* d) Transformation de la consonne finale : [k] > [s] Balzac > balzacien*, clinique > clinicien*, Mauriac > mauriacien*, musique > musicien* [s] > [z] Aunis > aunisien (Wolf 1964), Barrès > barrésien*, Malthus > malthusien*, Vénus > vénusien* e) Effacement de la voyelle finale : [ɑ] Canada > canadien*, Kafka > kafkien (s.v. kafkaïen), phylloxéra > phylloxérien* [i] Chili > chilien (Pt Rob.), Garibaldi > garibaldien*, Mali > malien (ibid.) [o] Ajaccio > ajaccien (Wolf 1964), Landivisiau > landivisien (ibid.), Pirandello > pirandellien*, [ε] Vézelay > vézelien (ibid.) 3. Dénasalisation de la voyelle finale : [ɑ ̃] > [ɑ] Iran > iranien* [ɔ ̃] > [ɔ] Cicéron > cicéronien*, pharaon > pharaonien*, Saint-Simon > saint-simonien* 4. Changement graph. a) Redoublement de la consonne finale : Fréjus > fréjussien (fréjusien, vieilli; Wolf 1964) Maurras > maurrassien b) Disparition de la consonne finale : faubourg > faubourien*, Nemours > nemourien (ibid.) c) Modification de la consonne finale : Laos > laotien*, Mars > martien* B. − Var. morphol. du suff. 1. Formes élargies a) -sien P. anal. avec les dér. comme arlésien*, vauclusien*, on rencontre la forme en -sien après une base à finale vocalique : aulnaisien < Aulnay-sous-Bois (ibid.) douaisien < Douai (ibid.) savoisien < Savoie (ibid.) b) -ssien/-cien/-tien. P. anal. avec des dér. comme alsacien*, jurassien*, on rencontre des dér. sav. en -ssien, -cien, -tien : longnycien < Longny-au-Perche (ibid.) mortuacien, mortuassien < Morteau (ibid.) c) -dien Cette forme se rencontre principalement dans les adj. de formation sav. appartenant au vocab. méd. Là encore l'anal. a pu jouer (à partir de termes comme arachnoïdien*, carotidien*, hyoïdien*, thyroïdien*), mais on observera que ces dér. sont formés sur le rad. du mot gr. aux cas obliques; ainsi clitoridien*, iridien*, rachidien*. À côté de l'adj. iridien*, on notera irien, ,,vieilli`` (Littré). Dans le domaine ethnique, on rencontre des dér. sav. : parodien < Paray-le-Monial (Wolf 1964). d) D'autres consonnes de transition peuvent quelquefois apparaître. Dér. sav. de noms de ville : [l] Matha > mathalien (ibid.), Nogaro > nogarolien (ibid.) [s] Nantua > nantuatien (ibid.) [v] Vertou > vertavien (ibid.) Dér. de noms propres : Hugo > hugolien*. 2. Var. vocalique -éen. Cette var. s'emploie principalement pour traduire des termes lat. en -aeus (-eus) (elle s'accole alors au rad. du mot lat.) et elle s'attache également à des bases se terminant notamment par -é, -ée, -oy, -ay, -i, -y. Dér. de noms communs : alizéen*, cornéen*, fuséen*, lycéen*. Dér. de noms de lieux : ajacéen < d'Ajaccio (Pt Rob.), guadeloupéen < de la Guadeloupe (ibid.), pyrénéen*, vendéen*. Dér. de noms de pers. : goethéen*, kafkéen (s.v. kafkaïen), linnéen*, mallarméen*, nietzschéen*. Rem. -éien. On rencontre qq. doublets -éen/-éien; ainsi confucéen*/confucéien*, nancéen*/nancéien*, wasséen (Pt Rob.)/wasseyen (Wolf 1964) < Wassy. C. − Affinités morphol. 1. Avec la base. Le suff. -ien s'accole de préférence à certaines termin., pour former des adj. ethniques. Tandis que -ais/-ois se rencontre fréq. après des finales en -and, -ant, -ent, -on(ne) et en -ourg, -ge, le suff. -ien se trouve surtout après des finales en -s, -ss, -c, -t, -l, -r (finales primaires ou secondaires). 2. Avec le suff. -ique a) -ien se combine volontiers à des adj. ou subst. en -ique pour former des noms d'agents en -icien : acousticien*, arithméticien*, dialecticien*, généticien*, magicien*, physicien*, sémanticien*, stoïcien*, théoricien*. b) Des formes en -ien, comme comédien*, géodésien*, théologien*, tragédien*, sont obtenues par commutation de suff. avec le subst. (infra étymol. et hist. B 1) et non par formation sur des adj. qui donneraient normalement des formes en -icien.
Prononc. : [-jε ̃]. Étymol. et Hist. A. − Étymol. Le suff. -ien a une double orig.; d'une part, il remonte au suff. lat. -anum (ce dernier donnant -ain en fr. sauf dans le cas où il est précédé d'une palatale et devient alors -ien, -yen : ainsi decanu > doyen, medianu > moyen, paganu > païen, ou p. anal. citoyen); d'autre part, et dans la plupart des cas, il prolonge le suff. lat. -ianum. B. − Productivité et vitalité 1. Avant 1789 : physicien (vers 1155, sous la forme fisicien), chirurgien (1172-75), aérien (fin xiies.), historien (1213), grammairien (1245), égyptien (1remoitié xiiies.), théologien (1370, Pt Rob.), basochien (1480), théoricien (1550, ibid.), pharmacien (1620, ibid.), algérien (xviies., Lar. Lang. fr.), tacticien (1758, Pt Rob.), électricien (1764) 2. Le suff. -ien est toujours productif dans la lang. mod. et Dub. Dér. 1962, p. 110 comparant deux éd. de Pt Lar. (1906 et 1960) constate que, pour la lettre A, les dér. en -ien ajoutés dépassent en nombre ceux qui sont retranchés et note une grande stabilité des dér. anc. Le suff. a été très productif au xixes. et il le reste au xxes. surtout pour les dér. formés à partir de noms de pers. et pour les noms d'agents, l'apparition de sc. et de techn. nouv. lui offrant un large champ d'emploi. [Correspond à I A 1] Domaine ethnique . xixes. :tyrolien (début xixes., Pt Rob.), iranien (1840), océanien (1845, ibid.), mésopotamien (1867, ibid.) . xxes. :vietnamien (1945, ibid.), israélien (1948), malien (vers 1960, ibid.) [Correspond à I A 2] Domaine géogr. et géol. . xixes. :conchylien (1834), toarcien (1842, ibid.), ouralien (1846, ibid.), strombolien (1874, ibid.) . xxes. :vauclusien (1906, ibid.), aurignacien (1928) [Correspond à I A 3] Domaine méd. La majorité des créations se situent au xixes. . xixes. :rachidien (1806, ibid.), pelvien (1812, ibid.), ovarien (1838, ibid.), ourlien (1885, ibid.) . xxes. :endocrinien (1922) [Correspond à I A 4] Domaine zool. Là encore, les créations sont plus nombreuses au xixes. qu'au xxes. : ophidien (1800, ibid.), saurien (1800, ibid.), chélonien (1800), reptilien (1890, ibid.) [Correspond à I A 5] Domaine bot. Les adj. signalés par Littré sans indication de date semblent dater du xviiieet du xixes.; libérien (1865, Pt Rob.). [Correspond à I A 6] Domaine divers. . xixes. :îlien (1800), faubourien (1801), marmoréen (1807, ibid.), zéphyrien (1842, ibid.) [Correspond à I B] C'est sans doute le secteur où les créations sont les plus nombreuses. . xixes. :hégélien (1840), abélien (1851), garibaldien (1860), darwinien (1869), pasteurien/pastorien (1888,-1893, ibid.) . xxes. :victorien (1913 ds Quem. DDL t. 15), hitlérien (1930), stalinien (vers 1930, Pt Rob.) [Correspond à II] Appartenance à une collectivité. . xixes. :lycéen (1819, ibid.), phalanstérien (1834, ibid.), polytechnicien (1842, ibid.), normalien (vers 1850, ibid.) . xxes. :kolkhozien (1933), aoûtien (vers 1960), rotarien (1922, ibid.) [Correspond à III] . xixes. :hydraulicien (1829), statisticien (1834, ibid.), technicien (1836, ibid.), clinicien (1838, ibid.) . xxes. :phonéticien (début xxes., ibid.), logisticien (1908, ibid.), généticien (1947), électronicien (1955).
BBG. Darm. 1877, p. 105, 193 - Dub. Dér. 1962, p. 15, 17, 44, 83, 85, 110. - Gawelko (M.). Sur la concurrence des types Pascal/pascalien. R. rom. 1977, t. 12, pp. 123-126; Évolution des suff. adj. en fr. Wroclaw-Warszawa, 1977, pp. 51-53. - Giraud (J.). Sur les suff. -esque et -ien. Fr. mod. 1962, t. 30, pp. 115-118. - Laugesen (A.T.). Mots dér. de n. d'aut. R. rom. 1974, t. 9, pp. 261-262, 272-273. - Tsybova (I.A.). Du Syncrétisme de qq. morph. suff. du fr. contemp. In : Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 13.1971. Québec, 1976, t. 1, p. 643.