| -IE, suff. Suff. entrant dans la constr. de subst. fém. à partir de noms de pers. ou d'adj. substantivables. A. − [Le dér. exprime une qualité morale ou un comportement] Barbarie, bonhomie, courtoisie, félonie, ineptie, infamie, jalousie, modestie, perfidie. B. − [Le dér. désigne un état pathol.] Folie, idiotie, maladie. C. − [Le dér. désigne une dignité, une fonction (et éventuellement la circonscription dans laquelle elle s'exerce)] Baronnie, pairie, seigneurie, voïvodie. 1. [Le dér. désigne un état] Bourgeoisie. 2. [Le dér. désigne un lieu] Mairie. 3. [Le dér. désigne un type de gouvernement] Tyrannie. Rem. 1. Le dér. est un nom de pays : Andalousie, Arabie, Birmanie, Bulgarie, Germanie, Laponie, Lombardie, Normandie, Roumanie, Tartarie, Tchécoslovaquie, Turquie, Yougoslavie. 2. -ie est la finale d'un nombre important d'empr. sav. Elle connaît surtout une expansion continue par le biais de la compos. à partir de bases verbales sav. ,,Dans le composé à base verbale, le radical verbal est représenté soit par un élément transformé en nom ou en adjectif de suffixe zéro (vermifuge, sémaphore), soit par un élément suffixé en -ie (radiographie). La forme du suffixe -ie, la plus fréquemment représentée dans ce type de composition à base savante à côté du suffixe zéro, est héritée du suffixe grec -ia`` (Guilbert ds Lar. Lang. fr., p. LIX). L'aut. a distingué entre les bases verbales qui ne produisent que des composés noms d'action et les bases à plusieurs réalisations nominales, de loin les plus nombreuses. a) Bases produisant exclusivement des noms d'action : -algie, -ectomie, -esthésie, -gnosie, -machie, -mancie, -opsie, -rr(h)agie, -technie, -thérapie, -urie. b) Bases à plusieurs réalisations nominales : -agogie/-agogue, -archie/-arque, -cratie/-crate, -gamie/-game, -génésie/-genèse, -génie/-gène, -graphie/-graphe (et -gramme), -lâtrie/-lâtre, -logie/-logue (et -logiste), -manie/-mane, -nomie/-nome, -opie/-ope, -pathie/-pathe, -phagie/-phage, -phanie/-phane, -philie/-phile, -phobie/ -phobe, -phonie/-phone, -plastie/-plaste, -scopie/-scope, -stasie/-stase, -tomie/-tome, -tropie/-trope, -typie/-type, -urgie/-urge. Prononc. : [-i]. Étymol. et Hist. -ie a des orig. à la fois lat. et grecques. A. 1. Il est issu de mots lat. a) en -ia : acrimonie < acrimōnĭa, argutie < argūtĭa, calomnie < calumnĭa, envie < invĭdĭa, facétie < facētĭa, ignominie < ignōmĭnĭa, impéritie < imperītĭa, ironie < irōnĭa, minutie < minūtĭa, parcimonie < parcīmōnĭa, pénurie < pēnūrĭa; b) en -ies : calvitie < calvities, canitie < canities, carie < caries, sanie < sanies. En lat. tardif, la confusion entre les subst. en -ia et les subst. en -ies a été si grande qu'il est parfois difficile de connaître la forme originelle. Il y a hésitation pour de nombreux mots : amicit-ies/-ia, barbar-ies/-ia, luxur-ies/-ia, mater-ies/-ia, etc. 2. Il est issu de mots gréco-lat. a) en -ia accentués comme en gr. : épilepsie < epilepsia, monarchie < monarchia, philosophie < philosophia; b) en -is : frénésie < lat. méd. phrenesis, hydropisie < lat. méd. hydropisis, hypocrisie < lat. hypocrisis, paralysie < lat. paralysis, parésie < lat. paresis, pleurésie < lat. médiév. pleuresis, poésie < lat. poesis. B. La dér. pop. connaît une très grand ext. au Moy. Âge. Mais -ie est supplanté par d'autres suff., principalement par -erie (gloutonn-erie/-ie, ivrogn-erie/-ie, orfèvr-erie/-ie, etc.), mais aussi par -ise (couard-ise/-ie, friand-ise/-ie, gourmand-ise/-ie, maistr-ise/-ie, sott-ise/-ie, etc.). Dès la fin du Moy. Âge, -ie est un suff. qui a cessé d'être productif sauf pour les noms de pays. Bbg. Baldinger 1950, pp. 186-189; p. 216, 272, 275. - Becherel (D.). La Dér. des n. abstraits en fr. Thèse, Paris, 1976, pp. 244-249. - Darm. 1877, p. 72, 235. - Dub. Dér. 1962, p. 14, 34, 42, 96, 108. - Lüdtke (J.). Prädikative Nominalisierungen mit Suffixen. Tübingen, 1978, p. 195, 207, 211. - Spitzer (L.). Warum ersetzt frz. -erie (dtsch. -erei) das alte -ie (-ei)? Z. rom. Philol. 1931, t. 51, pp. 70-75. |