| -AL, -EL, suff. Suff. formateur d'adj. (et except. d'adj. substantivés) à partir de subst. appartenant à la lang. fr. ou à partir de thèmes latins. I.− [La base est un substantif de la langue française] A.− Relatif à, propre à, qui se rapporte à, qui appartient à, qui concerne ... ♦ -al : artisanal « relatif à l'artisan » banal vx, « qui appartient au ban, circonscription du suzerain » beylical « qui a rapport au bey » branchial « qui appartient aux branchies » caricatural « qui tient de la caricature, qui y prête » collégial « qui se rapporte à un collège (réunion de chanoines) » colonial « relatif aux colonies » comtal « qui se rapporte à un comte, à une comtesse » commercial « relatif au commerce » ducal « qui appartient à un duc, à une duchesse » génial « qui appartient au génie, qui est inspiré par le génie » marial « relatif à la Vierge Marie » mondial « relatif à la terre entière, qui concerne toute la terre » monumental « relatif aux monuments » musical « qui est propre, qui appartient à la musique; qui a les caractères de la musique » nymphal « relatif aux nymphes d'insectes » papal « qui appartient au pape » postal « qui concerne la poste, l'administration des postes » orchestral « propre, relatif à l'orchestre symphonique » racial « relatif à la race, aux races » régional « relatif à une région » seigneurial « qui appartient à un seigneur » sentimental « qui concerne l'amour; qui provient de causes d'ordre affectif » tombal « qui appartient à une tombe, aux tombes » tribal « relatif à la tribu » ... ♦ -el : alluvionnel « relatif aux alluvions » (Nyrop t. 3 1936, § 206) confessionnel « relatif à une confession de foi, à une religion » conjoncturel « relatif à la conjoncture économique » constitutionnel « relatif à la constitution d'un État » correctionnel « qui a rapport aux actes qualifiés de délits par la loi » émotionnel « relatif à l'émotion, qui a le caractère de l'émotion » existentiel « relatif à l'existence en tant que réalité vécue » fonctionnel « relatif aux fonctions (en biol., psychol., chim.) » individuel « qui concerne l'individu; qui concerne une seule personne » industriel « qui se rapporte à l'industrie » insurrectionnel « qui tient de l'insurrection » matriciel « relatif aux matrices de l'administration » obédientiel « relatif à l'obédience » présidentiel « relatif au président, à la présidence » professionnel « relatif à la profession, au métier » pulsionnel « relatif aux pulsions » réactionnel « qui a rapport à une réaction organique; qui constitue une réaction contre une situation mal supportée, une pulsion refoulée » rédactionnel « relatif à la rédaction » résidentiel « propre à l'habitation, à la résidence » sériel « qui forme une série, appartient à la série » torrentiel « relatif au torrent, qui caractérise, concerne le torrent » transactionnel « qui concerne une transaction, a le caractère d'une transaction » vectoriel « relatif aux vecteurs »... − Certains dér. se rapportent volontiers à un lieu : équatorial « relatif à l'équateur terrestre » provençal « qui appartient ou qui a rapport à la Provence et à ses environs immédiats » tropical « qui concerne les tropiques, la zone intertropicale, les régions situées autour de chaque tropique, de part et d'autre de la zone équatoriale proprement dite » zénithal « relatif au zénith » zodiacal « relatif au zodiaque »... Cf. supra colonial, mondial et infra méd.♦ concurrentiel « où s'exerce la concurrence » − Qq. dér. fournissent une indication de temps : auroral « relatif à l'aurore » matinal « qui appartient au matin, qui se produit le matin » septembral « qui appartient au mois de septembre » solsticial « relatif aux solstices » − En partic., MÉD. Ce suff., surtout sous la forme -al, est très productif. La base est un subst. désignant un organe, une partie ou une substance du corps humain (abdominal, anal, anévrismal, duodénal, endothélial, synovial, tympanal, ventral ...; artériel), une maladie, ses manifestations ou ses causes (grippal, rhumatismal, pétéchial, syncopal, trichinal, vaccinal ...; carentiel, lésionnel). Toutefois, la forme -el prédomine en fr. mod. et sert à former des dér. appartenant surtout à la psychanal. (caractériel, confusionnel, démentiel, obsessionnel, réactionnel ...). Rem. Un grand nombre de noms de médicaments se terminent par le suff. -al (penthiobarbital, penthotal, pipéronal, véronal...). Cf. les répertoires de pharmacie. B.− Significations diverses : ♦ -al : conjectural « qui est fondé sur des conjectures » instrumental « qui s'exécute avec des instruments » ♦ -el : accidentel « qui constitue une modification passagère; qui est produit par une circonstance occasionnelle » additionnel « qui s'ajoute ou doit s'ajouter » confidentiel « qui se dit, se fait sous le sceau du secret » exceptionnel « qui constitue une exception; qui est hors de l'ordinaire » intentionnel « qui est fait exprès, à dessein » possessionnel « qui marque la possession » préférentiel « qui établit une préférence » prévisionnel « qui est en prévision de qqc.; qui fait l'objet d'une étude ou qui constitue une étude destinée à prévoir qqc. » sensationnel « qui fait sensation, produit une vive impression sur le public » Noter aussi :
bancal (de banc, les pieds d'un banc étant souvent divergents)« 1. se dit d'une personne qui a une jambe ou les jambes torses, et dont la marche est inégale. 2. se dit d'un meuble dont les pieds sont inégaux et qui n'est pas d'aplomb »II.− [La base est latine (ou le dérivé est empr. directement au latin)] A.− Relatif à, qui se rapporte à, qui appartient à, qui concerne ... : abbatial « qui appartient à l'abbaye, ou à l'abbé, l'abbesse » baptismal « qui a rapport au baptême » censorial « relatif à la censure » clérical « relatif au clergé; qui a rapport au cléricalisme » conjugal « relatif à l'union entre le mari et la femme » dominical « qui appartient au Seigneur; qui a rapport au dimanche, jour du Seigneur » ecclésial « qui concerne l'Église, entendue comme communauté, sous son aspect social et juridique » familial « relatif à la famille » filial « qui émane d'un enfant à l'égard de ses parents » lacrymal « qui a rapport aux larmes, à la production ou à l'écoulement des larmes » matrimonial « qui a rapport au mariage » matutinal « qui appartient au matin » nuptial « relatif aux noces, à la célébration du mariage » pictural « qui a rapport ou appartient à la peinture » prétorial « relatif au prétoire » rural « qui concerne la vie dans les campagnes » sénatorial « qui est relatif, qui appartient à un sénat, aux sénateurs » sororal « relatif à la sœur, aux sœurs » spatial « qui se rapporte à l'espace, est du domaine de l'espace » tinctorial « relatif à la teinture » virginal « propre à une vierge » vital « qui concerne, constitue la vie » ... − Les dér. en -el, dans ce cas, sont presque tous empruntés directement au lat. : actuel, charnel, corporel, criminel, essentiel, immortel, originel, personnel, rationnel, temporel, ... Toutefois : fraternel « qui concerne les relations entre frères ou entre frères et sœurs; propre à des êtres qui se traitent en frères » maternel « qui appartient à la mère, lui est propre; qui a rapport à la mère, quant à la filiation, à la relation familiale » mutuel « qui est relatif à un rapport double et simultané, un échange d'actes, de sentiments » paternel « qui est propre au père, qui concerne le père » spirituel « relatif à l'âme, en tant qu'émanation et reflet d'un principe supérieur, divin »... − Certains de ces dér. pénètrent de plus en plus dans le vocab. techn. ♦ LING. Adjectival, - adnominal, - adverbial, - apical, - bilabial, - grammatical, - labial, - labiodental, - nominal, - pronominal, - substantival, - suffixal, - verbal .- ♦ MATH. Décimal, - duodécimal, - heptagonal, - hexagonal, - octogonal, - orthogonal, - pentagonal, - polygonal, - sexagésimal, - vicésimal .- ♦ MÉD. Buccal, - cæcal, - cervical, - crural, - discal, - jugal, - radial, - stomacal .- ♦ SC. NATURELLES. Marsupial, - staminal, - uropygial .- B.− Servant à exprimer une qualité (ou un défaut) : ♦ -al : amical « empreint d'amitié, qui marque de l'amitié » amoral « qui est moralement neutre, étranger au domaine de la moralité; qui est immoral par défaut de sens moral » (cf. moral, immoral) bestial « qui tient de la bête, qui assimile l'homme à la bête » brutal « qui tient de la brute; qui use volontiers de violence, du fait de son tempérament rude et grossier; qui est sans ménagement, ne craint pas de choquer » cordial « qui vient du cœur » jovial « qui est plein de gaieté franche, simple et communicative [comme les personnes nées sous le signe de Jupiter] » loyal « qui est entièrement fidèle aux engagements pris, qui obéit aux lois de l'honneur et de la probité » (cf. déloyal) vénal « qui se laisse acheter au mépris de la morale »... ♦ -el : sensuel « porté à rechercher et à goûter tout ce qui flatte les sens » -el, forme pop. du suff., a surtout contribué à former des dér. à partir de subst. de la lang. fr., d'où le nombre réduit de dér. en -el trouvés dans cette partie.Rem. 1. Selon la signif. et la nature du subst. qui régit le dér., celui-ci peut exprimer des choses différentes. Ainsi la colonne vertébrale est composée de vertèbres, alors qu'une tumeur vertébrale est une tumeur placée dans la région des vertèbres. Rem. 2. Oppos. -al/-el. ,,Les deux suffixes -el/-al sont le plus souvent présentés comme des variantes, il arrive cependant que des adjectifs formés avec l'un et l'autre une fois lexicalisés se différencient : ...`` (Dub. Dér. 1962, p. 48)
culturel coexiste avec cultural
officiel coexiste avec official
originel coexiste avec original
partiel coexiste avec partial
pénitentiel coexiste avec pénitential
sacramentel coexiste avec sacramental
cultural s'applique à la culture des terres; culturel est relatif à la culture de l'esprit. ,,La distinction qui s'établit [entre ces deux lexèmes] ne dépend pas du sémantisme du suffixe (...). Culturel n'a été sémantiquement réservé à la culture de l'esprit qu'en contraste avec cultural`` (Pichon 1938-40, p. 17), et sans doute aussi p. anal. avec naturel, auquel il s'oppose.
official « juge ecclésiastique délégué par l'évêque pour exercer en son nom la juridiction contentieuse » (Littré)
officiel « qui émane d'une autorité reconnue (gouvernement, administration); certifié par l'autorité »
original ,,ne s'est spécialisé qu'en fonction de sa concurrence avec originel, originaire`` (Pichon 1938-40, p. 17); « qui paraît inventé ou imaginé sans modèle ou souvenir antécédent » (Littré)
originel « qui remonte jusqu'à l'origine » (Littré)
partial « qui prend parti pour ou contre quelqu'un ou quelque chose sans souci de vérité »
partiel « qui ne se réfère, qui ne concerne que la partie d'un tout »
sacramentel et sacramental ,,paraissent entièrement synonymes, si ce n'est peut-être que sacramentel a une forme un peu plus française et moins liturgique, ce qui le rendrait plus propre au langage profane ou du monde`` (Laf. 1858); Lar. 20ep. ex. distingue nettement le sens liturgique du sens laïque du mot sacramental, subst. masc. « objet ou exercice de piété auxquels sont attachées des grâces spéciales, tels que l'eau bénite, le bénédicité... » sacramentel « qui forme l'essence du sacrement » ex. : espèces sacramentelles; (fam.) paroles sacramentelles « formule essentielle pour la conclusion d'une affaire, d'un traité » Rem. 3. Les suff. -el/-al assument un rôle de catégoriseurs gramm. Ils font passer un lexème de la catégorie du subst. à celle de l'adj. (cf. -aire, -if, -ique). Une tendance très répandue auj. remplace le compl. du nom par des adj. équivalents : événementiel, fonctionnel, nutritionnel, opérationnel, prévisionnel, promotionnel, stimutionnel, télévisionnel, volitionnel.
. ,,Cette machine à rouages compliqués qui s'appelle en mauvais français : pondération gouvernementale...`` [C. de Bernard (Darm. 1877, p. 86)].
. ,,Quand deux gouvernements, la Suisse et la France, je suppose, convenaient ensemble de faire payer dix ou douze sous un port de lettre, on disait jadis trivialement : « c'est une convention de poste »; maintenant on dit « convention postale ». Quelle différence et quelle magnificence.`` [A. de Musset, Première lettre de Dupuis et Cotonnet (Darm. 1877, p. 86)].
Très souvent, cependant, l'adj. est inapte à indiquer le sens précis de la relation qu'il exprime, ce qui entraîne une certaine ambiguïté :
. ,,... la campagne présidentielle signifie à la fois la campagne électorale du candidat à la présidence et la campagne faite par le président : le suffixe ne distingue pas le but et l'appartenance, il n'est pas exempt d'ambiguïté syntaxique, son rôle est ici d'être un catégoriseur.`` (Dub. Dér. 1962, p. 5). Rem. 4. a) Plusieurs de ces dér. sont entièrement substantivés : official, sacramental, qui appartiennent au vocab. eccl. (cf. supra rem. 2), journal, mémorial, etc.; d'autres le sont dans certaines de leurs accept. : armorial (recueil), idéal, local (administratif, etc.), original (d'un texte), principal (de collège), etc.; d'autres sont en train de le devenir : (examen) partiel, (élément) terminal (d'une configuration électronique). b) Plusieurs de ces subst. l'étaient dès la lang. à laquelle ils sont empruntés : festival, récital (angl.), piédestal (ital.), tribunal (lat.), etc. Prononc. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [-al], [-εl]. 2. Forme graph. − Grev. 1964, § 358 admet la règle suiv. : ,,Sauf bancal, fatal, final, naval, tribal, auxquels un usage à peu près établi donne un pluriel masculin en -als − tonal, dont le pluriel en -aux ne paraît pas possible, à cause de l'homonymie de tonneaux − et causal, dont le pluriel masculin ne semble pas usité, les adjectifs en -al forment leur pluriel masculin en -aux : hommes géniaux, propos initiaux, etc.`` Morphol.
1. Formes élargies. − -al se présente le plus souvent sous la forme simple (global, musical, pyramidal, verbal, zodiacal...), mais aussi sous la forme -ial (adverbial, filial, présidial, proverbial...) surtout après [s] (facial, glacial, official, racial...) et dans la finale -orial gén. en relation avec un subst. en -eur : censeur, dictateur, ou en -oire : mémoire, territoire (censorial, dictatorial, mémorial, réquisitorial, sénatorial, territorial...). -el se présente sous la forme simple (formel, personnel, temporel...), mais aussi sous les formes -uel et -iel.
− -uel : conceptuel, graduel, habituel, menstruel, perpétuel, résiduel, spirituel, télévisuel, textuel...
− -iel
. Si la base est un subst. en -ance/-ence : concurrentiel, démentiel, événementiel, existentiel, préférentiel, référentiel, révérenciel, valentiel.
. P. anal., en correspondance avec d'autres subst., notamment des subst. dont la base se termine en [ʀ] ou [s] : factoriel, indiciel, industriel, sacrificiel, sectoriel, sensoriel, sériel, tensoriel...
. Plus particulièrement en correspondance avec -ère : artère/ artériel, caractère/caractériel, matière/matériel, ministère/ministériel...
2. Changements phonét. ou graph. dans le rad.
. -al :
eu [œ] > o [ɔ] : censorial, dictatorial, sénatorial (cf. toutefois seigneurial)
oi [wa] > o [ɔ] : matrimonial, mémorial, réquisitorial, territorial.
eu [œ] > u [y] : fluvial ...
. -el (graphie)
Les adj. dér. de subst. en -tion, -sion... redoublent le n devant -el, mais non devant -al.
. -el : additionnel, conventionnel, émotionnel, fonctionnel, intentionnel, notionnel, passionnel, professionnel, rationnel, relationnel, sensationnel, traditionnel.
Cf. au contraire : conventionalisme, rationalisme, traditionalisme...
. -al : national (international, supranational)
Rem. 1. Les autres adj. en -onal ont tous un seul n : cantonal, diagonal, méridional, patronal, polygonal, etc. Confessionnal et processionnal, qui s'écrivent avec 2 n, sont des subst. 2. Une consonne finale latente, disparue dans le subst., peut réapparaître dans l'adj. : hiver/hivernal, vierge/virginal. 3. Un phénomène de dénasalisation peut accompagner cette résurgence : matin/matinal, région/régional. 4. La présence d'une syllabe de transition dans beylical (de bey) est inexplicable, elle se retrouve également dans le dér. beylicat.
3. Affinités avec certaines consonnes finales. − -al manifeste une certaine affinité avec [k], [g], [e], [tʀ], affinité qui le distingue de ses concurrents (-aire, -if, -ique...) :
. ducal, fiscal, musical, syndical, tropical...
. conjugal, égal, légal...
. boréal, féal, idéal, linéal...
. austral, magistral, spectral, théâtral...
Cf. toutefois : concentrique, gastrique, géométrique.
4. Combinaison avec d'autres suff.
a) Le suff. en position d'infixe. − En position d'infixe, -el est toujours remplacé par -al, ce qui montre l'équivalence des 2 suff.
− À partir de -al et -el se créent des verbes en -aliser
Étymol. ET HIST.
A.− Étymologie
1. Remonte au lat. -lis (-lem), finale adj. attachée à un rad. subst. Selon la termin. du rad., -lis présente les formes suiv.
a) -īlis (subst. de 2eou 3edéclinaison; cf. Lat. Gramm. t. 1 1926-28, § 188, 268) :
cīvīlis < cīvis, is « de citoyen »
hostīlis < hostis, is « de l'ennemi »
pŭĕrīlis < pŭĕr, ĕri « enfantin, de l'enfance » > fr. puéril
servīlis < servus, servi « d'esclave, qui appartient aux esclaves » > fr. servile (cf. -il/-ile)
b) -ulis (subst. de la 4edéclinaison) :
currūlis < currŭs, ūs « de course »
trĭbūlis < trĭbŭs, ūs « qui est de la même tribu »
c) -ēlis (subst. de la 5edéclinaison) :
fĭdēlis > (fĭdēs, ei) « en qui l'on peut avoir confiance » fr. fidèle
d) -ālis (quelle que soit la déclinaison du mot de base) : annālis, ăquālis, brac(c)hĭ
ālis, căpĭtālis, cŏmĭtĭ
ālis, curĭ
ālis, hospĭtālis, lătĕrālis, lībĕrālis, mortālis, nātālis, nāvālis, nuptĭ
ālis, vernālis, vĭ
ālis, virgĭnālis...
Rem. Par dissimilation, apr. les rad. en -l, la finale -ālis devient -āris (cf. -aire) : angŭl-āris, căpŭl-āris, dĭōbŏl-āris, fămĭlĭ-āris, mīlĭt-āris, pĕcūlĭ-āris, pŏpŭl-āris...
-el est la forme fr. du suff. sav. -al < (lat.) -alis. Les 2 suff. semblent avoir été très productifs à toutes les époques de la langue (Meyer-L. t. 2 1966, § 11).
2. Plusieurs adj. en -al remontent au lat. tardif ou médiév. (p. ex. quadriennal); d'autres ont été empruntés avec un sens attesté seulement à ces époques (p. ex. triennalis « qui dure trois ans » → « qui a lieu tous les trois ans »).
B.− Histoire
1. Formations pop. et formations sav.
a) Dans l'anc. lang., la forme sav. -al tend à remplacer -el même dans les dér. à rad. pop. : barr-al, besogn-al, cost-al, enfer(n)-al, fenestr-al, grev-al, hiver(n)-al, loy-al, lun-al, poign-al, princip-al, matin-al, roy-al.
À côté de ces mots, subsistent les formations pop. en -el : charnel, mortel...
Rem. Dans le mot journal, la substitution de -al à -el coïncide avec la substantivation de l'adj. (cf. aussi journellement).
b) L'emprunt au lat. (de toute époque) de mots en -al se pratique continuellement dep. le xies. : buccal, cérébral, doctoral, essential, estival, guttural, historial, impérial, lacrymal, médicinal.
Qq. empr. plus récents : brutal, capital, causal, central, diurnal, dorsal, fatal, frugal...
c) Pour des raisons phonét., voire graph., -iel (-tiel) devient une var. combinatoire de -al/-el : concurrenc(e)-iel, présidenc(e)-iel rattachés à concurrent, président; d'où torrent > torrentiel.
d) Sur le modèle des formations lat. du type adj. + alis : aequus « égal »/aequalis « égal par l'âge, par la durée ». On trouve en fr. : assidu-el, continu-el, perpétu-el.
2. Formation de doublets en a. fr. − Il y a eu jusqu'au xviies. (cf. Nyrop t. 3 1936, §. 303) dans beaucoup d'adj. et dans qq. subst. une certaine hésitation entre -al et le suff. pop. -el. À côté de personel, on trouve aussi la forme purement sav. personal, et, à côté de la forme pop. charnel, l'on peut trouver charnal. Cf. encore :
champel/champal
continuel/continual
corporel/corporal
cruel/crual
,,Le même auteur se sert souvent des deux formes sans distinction : dans le Tristan de Béroul, on trouve par exemple ostel/sel (v. 1297-98) et ostal/governal (v. 3581-82).`` (Nyrop t. 3 1936, §. 303), et notamment à la rime.
3. Finales homophones et substitutions de finales dans certains subst.
a) -al est d'orig. analogique dans maréchal < vx fr. mareschalc, du germ. mar(a)hskalk et dans sénéchal < vx fr. seneschalc, du germ. siniskalk, dont les formes en -s (mareschaus, senechaus) coïncidaient avec celles des mots en -al. Il l'est également dans arsenal qu'on prononçait arsenac au xviiies. (cf. Vaug. 1647, p. 474) < anc. vénitien arzana. Original est une altération de orignac, emprunté du basque oregnac (plur. de oregna « cerf »). -el est d'orig. analogique dans autel, dont la forme primitive est auter [< (lat.) altare], qui s'emploie encore au xiiies.
b) On a hésité entre -al et -ar/-ard. Ainsi, on a dit bocar, locar au lieu de bocal, local, et inversement, brassal, calvial, réalgal au lieu de brassard, caviar, réalgar. De même, -ail dans corail, frontail, poitrail, portail a été sporadiquement remplacé par -al.
c) Il y a eu substitution de -ier à -el dans menestrel > mene(s)trier, et dans l'a. fr. plurel (< pluralis), qui devient plurer, plurier sous l'influence de singuler, singulier, et finalement pluriel à date plus récente, par rapprochement avec la forme lat.
De -eau (< -ellu) à -el (< -ale) : frontel
→
fronteau
De -eau (< -ellu) à -el, lui-même substitué à -ier (< -are) : lintier →
lintel
→
linteau
d) Il y a alternance de -el et de -al (< -ale) dans a. fr. matinel à côté de matinal, puis substitution de -eux (eus < -ôsu) à -el, d'où matineux.
4. Productivité
a) La base est aisément analysable dans la plupart des dér.
− -al : catarrh-al, collég-ial, commerc-ial, cycloïd-al, rac-ial, rhomboïd-al, seigneur-ial, synod-al...
− -el : additionn-el, concurrent-iel, confident-iel, origin-el, passionn-el, possessionn-el...
b) Plus rarement, le suff. est commutable :
canonial/canonique
confédéral/confédération
éternel/éternité
fraternel/fraternité
maternel/maternité
paternel/paternité
pluvial/pluvieux
social/société
spécial/spécifique, spécifier
Rem. La forme et la fonction gramm. du suff. étant nettes, celui-ci permet l'analyse du dér., même quand le rad. de base n'existe pas sous la même forme, en dehors de ses dér. : abbatial, dominical, légal, local, monacal, vocal...
c) Productivité des suff. -el/-al. − ,,Les formations en -el ont connu un développement récent très important; la plupart des dérivés que nous avons relevés ont été enregistrés dans les divers dictionnaires après 1945. Ceci est confirmé par les aires d'extension du suffixe.`` (Dub. Dér. 1962, p. 47). En effet, ces adj. intéressent surtout l'écon. pol. (préférentiel, prévisionnel, référentiel, sectoriel), la psychol. (démentiel, obsessionnel, réactionnel), les techn. récentes, comme la télév. (télévisuel) ou l'habitat mod. (résidentiel). − ,,Au contraire de la formation en -el dont le développement est plus récent, le suffixe -al a connu une extension qui est moins sujette à des fluctuations brusques; les enregistrements des dérivés dans les revues et les dictionnaires s'échelonnent entre le début du siècle et 1961.`` (Ibid., p. 48).
d) Choix entre les 2 suff. − ,,Lorsqu'il a le choix entre les deux suffixes -el et -al, le locuteur emploie actuellement de préférence celui en -el, dont l'extension est continue dans les sciences et les techniques; ceci est confirmé par l'absence des dérivés en -al pour les mots en -tion, par opposition avec le développement de la forme -(n)el. À la limite, les sujets parlants tendent à distinguer les dérivés (ex. idéel et idéal) encore qu'il soit impossible de parler de différenciation systématique.`` (Ibid., pp. 48-49). BBG. − Berman (P. R.). Derivational models in French choreonyms before 1588. Rom. Philol. 1970, t. 23, p. 297. − Cohen 1946, p. 44, 68. − Darm. 1877, p. 86, 190. − Dub. Dér. 1962, p. 5, 17, 20; pp. 48-49; p. 77, 104. − Gall. 1955, p. XXX, 15; pp. 249-250; p. 280. − Grand. 1962. − Lew. 1960, p. 19, 246, 248, 251, 345. − Sobaršov (I. T.). Obrazovanie prilagatel'nyh otnositel' nyh s suffiksami -aire, -al, -el, -ique (K voprosu o prilagatel'nyh otnositel'nyh v sovremennom francurzskom jazyke) [La Formation des adjectifs à l'aide des suffixes -aire, -al, -el, -ique (Contribution au problème des adjectifs relatifs en français moderne)]. Moskva, 1954, 27 p. − Thomas 1956. |