| ÉVENT1, subst. masc. A.− Vx. [Correspond à éventer A] Exposition au vent, à l'air. Mettre des marchandises, des hardes à l'évent (Ac.1835, 1878). ♦ Expr., au fig. Tête à l'évent. Personne étourdie, frivole. Il connaissait trop bien cette tête à l'évent, pleine de lacunes et de fentes, pour lui confier ses projets de bonheur (A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 243). − P. ext. Altération subie par une substance (notamment alimentaire) exposée trop longtemps à l'air. La négligence dans le remplissage des tonneaux, permettant au vin le contact avec l'air atmosphérique, cause toujours la perte du bouquet et l'évaporation du spiritueux, et fait contracter au vin un goût d'évent (Audot, Cuisin. campagne et ville,1896, p. 543). ♦ P. méton. Odeur dégagée par un produit exposé à l'air. Le vieux parfum de l'encens se mêlait à l'évent des pierres humides (Pourrat, Gaspard,1925, p. 173). − Au fig. [Correspond à éventer B] Découverte, mise au jour d'une chose que l'on souhaite tenir cachée. Plus d'envoi d'épreuves par la poste, point d'évent de police possible, économie de temps et d'argent (Hugo, Corresp.,1853, p. 146): 1. Comme un cercueil pour son mort nous avons considéré que le coffre païen était ajusté pour contenir le fétiche, le gage légué obscurément par les aïeux, le mystère qu'il y avait à préserver de l'évent.
Claudel, Art poét.,1907, p. 209. B.− Spéc. Orifice ou conduit permettant la circulation de l'air ou d'un fluide. 1. ZOOL. Orifice respiratoire des cétacés placé au sommet de la tête leur permettant de respirer sans sortir la tête de l'eau et par lequel ils rejettent avec force de la vapeur d'eau. Les narines (...) viennent s'ouvrir au dehors par deux orifices, chez les baleines, et par un orifice seulement chez les cachalots. Ces orifices prennent ici le nom d'évents (Coupin, Animaux de nos pays,1909, p. 44): 2. Des seiches crachant leur liqueur noire, des cétacés soufflant par leurs évents, des cornes d'Ammon se déroulant comme des câbles, et des quadrupèdes couverts de poils glauques, qui se dandinent avec leur lenteur en balançant sur leurs têtes des goémons humides.
Flaub., Tentation,1849, p. 406. 2. TECHNOL. a) Conduit ménagé dans un foyer pour assurer le passage de l'air permettant la combustion. L'apparition d'une lueur dans la partie coudée des évents et des cheminées indique que le feu a gagné la partie inférieure de la meule (Dupont, Bois carburant,1941, p. 31): 3. Le combustible, fait de fascines bien préparées, fut disposé sur le sol, et on l'entoura de plusieurs rangs de briques séchées, qui formèrent bientôt un gros cube, à l'extérieur duquel des évents furent ménagés.
Verne, Île myst.,1874, p. 118. b) FOND. Orifice pratiqué dans un moule pour permettre la coulée. Les cires [pour le moulage d'une statue] étant dans la perfection que l'on peut souhaiter, on pose dessus les égouts des cires, les jets et les évents (M.-A. Muller, Roger, Évol. fond. cuivre,1903, p. 312, 317). c) INDUSTR. PÉTROL. ,,Orifice destiné à laisser passer un fluide et calibré en fonction de son utilisation (sur un trépan à jet, par exemple)`` (Pétrol. 1964). Le trépan est solidaire du piston. Sous l'action de son ressort, la soupape de tête est ouverte et l'eau s'écoule par les évents (Chartrou, Pétroles natur. et artif.,1931, p. 49). Prononc. et Orth. : [evɑ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1521 « égout pour détourner l'eau d'une fontaine » (Arch. Gir., E. Not., Constat, III-i ds Gdf., s.v. esventer); 2. 1558 « ouverture placée au-dessus des fosses nasales de certains animaux » (Thevet, Singul. de la Fr. ant., C, XLIX ds Gdf. Compl.); 3. 1600 « altération subie par les substances restées trop longtemps à l'air » (O. de Serres, 211 ds Littré); 1690 (Fur. : impression ou action de l'air qui change la qualité de la plupart des choses); 4. 1676 (Félibien Dict. : Esvents. Ce sont certains tuyaux qu'on met dans les moules, & contre les Figures qu'on veut jetter en metal; c'est par là que l'air sort à mesure que la matière coule, & remplit le moule). Déverbal de éventer*. Fréq. abs. littér. : 14. |