| ![]() ![]() ![]() ![]() ÉTAMINE2, subst. fém. A.− TEXT. Étoffe légère et souple caractérisée par sa tissure très lâche et servant à confectionner des vêtements, des rideaux, des voiles, des drapeaux, etc. Étamine noire; étamine de coton, de laine; drapeau, robe d'étamine. Ombres majestueuses, effacées par l'étamine des voiles noirs (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 327).Un rideau de grosse étamine retenait les mouches et laissait passer l'air (Gide, Caves,1914, p. 798).Ambert était alors une ville marchande où l'on fabriquait de l'étamine à pavillons pour flammes et banderoles de vaisseau (Pourrat, Gaspard,1922, p. 12). − Spéc., COUT. Canevas servant à faire de la tapisserie. [Il] comptait ses points sur l'étamine bien tendue d'un tambour (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 136). B.− 1. TECHNOL. Filtre généralement formé d'étoffe non croisée (parfois de métal) et servant à passer des liqueurs, des sauces, etc. Vous goûtez si l'assaisonnement se trouve de haut goût : alors vous le passez par l'étamine fine, ou par un tamis de crin ordinaire (Gdes heures cuis. fr., Carême, 1833, p. 132). 2. Expr. fig. Passer, trier, etc. (qqn, qqc.) à, par l'étamine. Soumettre à un examen critique très pointilleux, faire subir une sélection très sévère. Le premier sot venu vous prend, vous examine, Et vous fait à son gré passer par l'étamine (Pommier, Crâneries,1842, p. 170).Ne s'attachant plus qu'aux œuvres triées à l'étamine, distillées par des cerveaux tourmentés et subtils (Huysmans, À rebours,1884, p. 116). − P. méton., péj. (au plur.). Rudes épreuves, traitements, procédés pénibles. Quelles étamines! L'exigence de la jeune personne de faire stipuler dans le contrat 4 000 francs par an pour ses toilettes (Goncourt, Journal,1862, p. 1086).Vous me faites subir de rudes étamines (Flaub., Corresp.,1874, p. 115). Rem. La docum. atteste étaminier, subst. masc. Personne qui fabrique, vend de l'étamine. Attesté ds Ac. 1798-1932, Besch. 1845, Lar. 19e-Lar. Lang. fr., Littré, DG, Rob., Quillet 1965. Prononc. et Orth. : [etamin]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1160-74 estamine « tissu léger de laine ou de coton qui servait en particulier à la confection d'un vêtement porté par les moines » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, 2epart., 2009); 2. ca 1393 « étoffe peu serrée dont on se sert pour tamiser » (Ménagier, II, 136 ds T.-L.); 3. 1765 déc. « canevas utilisé en tapisserie » tapisserie d'étamine (Inventaire du château d'Amilly ds Havard t. 2, p. 543). Empr., par substitution de suff. (stamina), au lat. médiév.staminea (665 ds Nierm.) au sens de « chemise en laine portée par les moines » fém. subst. de l'adj. stamĭneus « garni de fil », dér. de stamen (gr. σ
τ
η
́
μ
ω
ν), v. étaim, plutôt qu'issu de staminea avec introduction du suff. -ine (cf. Bl.-W.5). STAT. − Étamine1 et 2. Fréq. abs. littér. : 117. BBG. − Quem. DDL t. 3 (s.v. étaminier). |