| ÉQUESTRE, adj. I.− HIST. ROMAINE. [En parlant de groupes sociaux] Des chevaliers (v. ce mot). Centurie, famille équestre. [Servius] créa douze centuries de chevaliers choisis parmi les plus riches plébéiens; ce fut l'origine de l'ordre équestre, qui fut dorénavant l'ordre riche de Rome (Fustel de Coul., Cité antique,1864, p. 421). − P. anal., HIST. MOD. [Dans des sociétés étrangères comportant un ordre de chevaliers] L'ordre équestre [en Suède et en Aragon], dont l'équivalent se trouve dans la Chambre des Communes en Angleterre, soutenait naturellement l'intérêt du peuple (Staël, Consid.,t. 1, 1817, p. 134). II.− Usuel A.− [En parlant d'une représentation] Qui représente un personnage à cheval. Statue équestre. Ce n'est pas [lady Charlotte Spencer, par Reynolds], à proprement parler un portrait équestre, car on ne voit guère que la tête et le poitrail du cheval (Gautier, Guide Louvre,1872,p. 310).À partir du XIVesiècle, les seigneurs de moyenne ou de petite extraction abandonnent le sceau équestre au profit du sceau à armes (L'Hist. et ses méth.,1961, p. 418): La misérable chaîne
Où viennent s'accrocher
(...)
Les médailles des vieux serviteurs
Les colifichets du malheur
Et la grande pièce de musée
Le grand portrait équestre
Le grand portrait en pied
Le grand portrait de face de profil à cloche-pied
(...).
Prévert, Paroles,1946, p. 115. − Par brachylogie. [En parlant d'un personnage représenté par une statue] Représenté à cheval. Un monumental Louis XIV équestre se silhouette en or, lauré comme un César (Lorrain, Âmes automne,1898, p. 61). B.− [En parlant de spectacle ou d'exercice sportif] Qui consiste en exercices d'équitation. Art, sport équestre; acrobatie équestre. Il adjoignit à ses jeux équestres une compagnie de danseurs de corde, de sauteurs, et même un clown (Hist. spect.,1965, p. 1521). − Rare. [En parlant d'une pers. ou de ses performances] Qui se manifeste dans la pratique de l'équitation; qui concerne la pratique de l'équitation sportive ou artistique. Mieux valait encore renoncer à toute prétention équestre, et ne point se rompre les reins (Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 592).Jamais pareil spectacle d'élégance équestre ne m'avait frappé (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 214).Le « voltigeur » à cheval ou l'acrobate équestre (Hist. spect.,1965, p. 1523). C.− [Dans un cont. parfois iron.] Qui fait du cheval, qui est vu à cheval. Pour lui, une fille noble est plus ou moins une blonde équestre qui a la moue de Marie-Antoinette et qui épouse un industriel (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 346).[Zola] demandait dernièrement à Céard si en douze leçons il pourrait se tenir à cheval, de façon à faire un tour au bois. Ah! un Zola équestre, je ne le vois pas! (Goncourt, Journal,1889, p. 1076). Prononc. et Orth. : [ekεstʀ
̥] pour les dict. mod. de Passy 1914 à Lar. Lang. fr. Mais les dict. plus anc. de Fér. 1768 à DG transcrivent [ekɥ
εstʀ
̥] et Warn. 1968 donne encore cette prononc. à côté de la prononc. mod. mais avec la mention ,,parfois``. Dupré 1972, p. 870 recommande surtout d'éviter la prononc. [ekwεstʀ
̥]. Cf. équi-. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Jusqu'à 1798 on souligne « l'u se prononce ». Étymol. et Hist. 1355 batailles equestres (Bersuire, Tite-Liv., ms. Ste-Gen., fo218bds Gdf. Compl.); 1762 ordre équestre (Ac.). Empr. au lat. class. equester, tris « de cheval; de cavalier » (pugna equestris) « de chevalier » (ordo equestris). Fréq. abs. littér. : 90. Bbg. Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 127. |