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ÉPOUSSETER, verbe trans.
A.− Nettoyer (avec un plumeau, un chiffon, etc.) pour chasser la poussière, la saleté.
1. [L'obj. désigne ce qui est couvert de poussière, de saleté] Il s'habillait, faisait son lit, balayait sa chambre, époussetait son fauteuil et le dessus de sa commode (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Prom., 1884, p. 944).Il flanquait de grands coups de mouchoir pour épousseter ses souliers (Gide, Isabelle,1911, p. 635).
Emploi abs. Gertrude se mettait à la besogne, cirait, frottait, époussetait, préparait l'humble déjeuner de sa chère maîtresse (Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 296).Pour recevoir Jean, la jeune fille avait brossé, ciré, épousseté (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 245).
Emploi pronom. réfl. Pauline s'épousseta, arrangea ses genoux sous sa jupe (Pourrat, Gaspard,1931, p. 86).
P. métaph. ou au fig. Faire disparaître en nettoyant, nettoyer. Épousseter ce tas de systèmes moisis Qui tuaient le scrupule (Hugo, Légende,t. 6, 1883, p. 18).Le maître s'installait en lui, époussetait les coins reculés de son âme (Adam, Enfant Aust.,1902, p. 218).Il est vrai que s'il faut de la place, le patron époussète un coin de la salle de ces consommateurs inopérants (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 208).
a) Spécialement
ARM. ,,Dépouiller (la poudre de guerre, de chasse) du poussier qu'elle contient`` (DG).
MAN. Épousseter un cheval. Le nettoyer après l'avoir étrillé. Il se lève, époussette la jument avec une branche (Martin du G., Devenir,1909, p. 178).
b) P. anal. Le vent de nuit époussetait les aires (Giono, Gd troupeau,1931, p. 28).
2. Au fig., fam., vieilli. [L'obj. désigne une pers.] Battre, rosser. Je vais t'épousseter le nez avec des chiquenaudes (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 462).Moi, les miens, je les ai [les enfants] toujours époussetés avec une baguette (...) : ma sœur aussi, les siens aussi ne sont rossés qu'à la baguette (Frapié, Maternelle,1904, p. 260).
B.− [L'obj. désigne la poussière, la saleté] Ôter ce qui salit, ce qui encombre. Des toiles d'araignées noires qu'on aurait oublié d'épousseter (Estaunié, Empreinte,1896, p. 307).Il faut sortir les beaux habits, les déplier, épousseter la naphtaline (Giono, Colline,1929, p. 190).
P. anal. Ils époussetèrent de la main un peu d'eau qui ruisselait encore sur leur poitrine dure (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 142).
Rem. La docum. atteste a) Épousseté, ée, part. passé, en emploi adj. Qui est nettoyé de sa poussière. Durtal feuilleta, au hasard, les volumes époussetés sur la table (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 206). P. métaph. La langue était en ordre, auguste, époussetée (Hugo, Contempl., t. 1, 1856, p. 58). b) Épousseteur, euse, subst. Personne qui époussette (cf. Lar. Lang. fr.).
Prononc. et Orth. : [epuste], (j')époussette [epusεt], ou dans le lang. ordinaire (j')épouste, (j')épousterai(s) [epust], [epustə ʀe(ε)]. Cette dernière prononc. est signalée ds Barbeau-Rodhe 1930 et ds Littré qui la juge fautive. Mais Mart. Comment prononce 1913, p. 174 donne en sa faveur un argument de bon sens. Dans les mots de ce type fureter, décolleter, épousseter, fileter dans lesquels on rencontre, en finale, deux [ə] muets de suite pour les formes conjug., ce que le fr. n'admet pas, il vaudrait mieux accueillir la prononc. des gens qui utilisent le plus ces mots. « Le mieux serait que l'Académie acceptât [les graphies] épouster, décolter et furter, et aussi filter, car qui peut dire qu'on filète une vis, quand tous les gens du métier disent qu'on la fil'te? ». Cet auteur précise que les futurs et les cond. avec la prononc. ordinaire sont plus facilement admis parce que leurs [ə] muets sont intérieurs et que le second peut se prononcer ce qui n'est pas le cas dans le présent. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Jusqu'en 1878 la forme conjug. s'écrit j'époussète. En 1932 elle passe à la graph. j'époussette. Étymol. et Hist. 1480 espouceter « nettoyer en ôtant la poussière à l'aide d'un plumeau, balai, chiffon » (doc. ds Harvard, s.v. époussette). Dér. du rad. de poussière*; préf. é-*; suff. -eter*. Fréq. abs. littér. : 172.