| ÉPI, subst. masc. A.− BOT. Type d'inflorescence indéfinie, dans lequel les fleurs sont sessiles, ou presque sessiles, sur un axe simple. Épi simple, composé; être disposé, rangé en épi. L'inflorescence, qui est lâche et forme une panicule chez l'Avoine, les Bromes, les Fétuques, devient dense et constitue un épi chez le Maïs, le Blé (...), le Seigle, l'Orge (Bot.,1960, p. 878 [encyclop. de la Pléiade]). B.− Usuel. Partie terminale de la tige de certaines graminées formée par la réunion des graines et que l'on coupe pour récolter le grain. Épi barbu, mûr, lourd; épi de blé; moissonner les épis. Ils firent les semailles très dru. Des orages survinrent. Les épis versèrent (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 29).Ils [les blés] sont beaux, grâce à Dieu, d'épis bien grainés et pesants, et les gerbes, comme on dit, feront le setier (Pourrat, Gaspard,1931, p. 202).Il [le blé] ne fait rien qu'à moitié, surtout son épi plus plein de bale que de grain (Pesquidoux, Livre raison,1932, p. 194): 1. À peine la moissonneuse (...) a-t-elle couché les épis, par petits paquets, sur la terre ardente, que les propriétaires voisins accourent pour aider à lier en gerbes ces épis, à former des tas de dix gerbes, puis à charger ces tas sur les grandes charrettes et à bâtir le gerbier. Des métayers aux petits propriétaires paysans, il y a le même échange de services.
Jaurès, Ét. socialistes,1901, p. 14. SYNT. Épi blond, doré, vert, dru, gros; épi de maïs, de seigle; moissonner, faucher, égrener, glaner les épis. − P. métaph. : 2. J'ai glané l'épi de la guerre
Que la faucille de César
Avait oublié par hasard
Dans le sillon de l'Italie.
Quinet, Napoléon,1836, p. 194. C.− P. anal. : 1. [Anal. d'aspect gén.] Type d'ornement en forme d'épi. D'un brin de muguet [elle] sait faire un épi de diamants (Sandeau, Sacs,1851, p. 15).[Un] schako avec gourmette et plumet dans son étui, un épi de plumes de coq noires (Pesquidoux, Livre raison,1932p. 214). 2. [L'anal. privilégie l'axe vertical] a) Épi de cheveux, de poils. Touffe ou mèche isolée ou poussant dans une direction contraire à celle des autres en se redressant. Ses cheveux roux (...) se cabraient en épi sur le front (Martin du G., Thib.,Pénitenc., 1922, p. 799): 3. Marie n'avait plus de cheveux, et la ligne sèche du crâne apparut ébourriffée par-ci par-là de rares épis blonds grossièrement tailladés.
Fabre, Mon Oncle Célestin,1881, p. 393. b) ARCHIT. Épi de faîtage. Motif décoratif surmontant les extrémités d'un faîtage. L'extrémité pointue d'une vieille tour accommodée en colombier et surmontée d'un épi de terre cuite (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 43). c) Corps de rayonnage placé au milieu d'une salle et présentant deux surfaces de rangement. Le module de 1 m 80, entr'axe des poteaux en plan et des verticales en façades, fut déterminé par les dimensions des tablettes destinées aux paquets de journaux et l'espace nécessaire aux circulations : 0,90 m pour chaque épi et pour chaque circulation entre épis (Cain, Transform. Bibl. nat. de 1936 à 1959,1959, p. 33). 3. [L'anal. privilégie le type de disposition] a) Ranger, disposer en épi. Ranger, disposer des objets parallèlement l'un à l'autre, mais en oblique. Il ne se passait pas de jour qu'un service d'ordre spécial (...) ne canalisât la circulation et ne fit ranger les voitures en épi (Druon, Rendez-vous enfers,1951, p. 9). b) Système de courtes ramifications latérales d'une voie principale de chemin de fer. Des aiguillages en épis qui mènent nulle part (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 305). c) Digue construite dans le lit d'un cours d'eau ou dans la mer perpendiculairement ou en oblique par rapport à la rive ou au rivage. Un système d'épis et d'estacades, qui devait museler la mer (Zola, Joie de vivre,1884, p. 896). Prononc. et Orth. : [epi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 « partie terminale de la tige des plantes graminées renfermant un grain » (B. de Ste-Maure, Chronique des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 14842); p. anal. 1606 la queue espiée d'un chien, qui est rengée de poil en forme d'espi (Nicot); 1679 « retour de poil qui se forme au front du cheval » (Rich.); 2. 1451 « ornement pointu qui termine le toit d'un clocher » (16 nov., Compt. du R. René, Lecoy, p. 6 ds Gdf.); 3. 1701 « inflorescence dans laquelle les fleurs sont disposées le long d'un axe allongé » (Fur.). Du lat. spicum, var. du class. spica, ae « pointe, épi ». Fréq. abs. littér. : 736. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 141, b) 936; xxes. : a) 1 484, b) 761. |