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ÉCROUER, verbe trans.
[Le compl. désigne un prisonnier, un condamné]
A.− Inscrire sur le registre d'écrou (cf. écrou2).Cet homme était écroué sous le numéro 9430 et se nommait Jean Valjean (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 451).Les lignes dansantes s'immobilisèrent tout à coup, lui jetèrent aux yeux d'autres mots : A été écroué le... A subi l'emprisonnement cellulaire à... (Genevoix, Raboliot,1925, p. 113).
B.− P. méton. Emprisonner. On apprit un jour qu'il avait été arrêté et écroué dans la prison (France, Putois,1904, p. 70):
... la détention pour dettes est un fait judiciaire si rare en province que, dans la plupart des villes de France, il n'existe pas de maison d'arrêt. Dans ce cas, le débiteur est écroué à la prison où l'on incarcère les inculpés, les prévenus, les accusés et les condamnés. Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 730.
Rem. On rencontre ds la docum. qq. emplois (essentiellement chez Hugo et Huysmans) p. métaph., dans le domaine de la vie intellectuelle ou spirituelle. Toute terre est un bagne Où la vie en pleurant, jusqu'au jour du réveil, Vient écrouer l'esprit qui tombe du soleil (Hugo, Contempl., t. 2, 1856, p. 187). Pourquoi les âmes élues seraient-elles-écrouées dans des geôles charnelles différentes des autres? (Huysmans, En route, t. 2, 1895, p. 245). Emploi pronom. Ah! s'écrouer dans le passé, revivre au loin, ne plus même lire un journal, ne pas savoir si des théâtres existent, quel rêve! (Id., Là-bas, t. 1, 1891, p. 26).
Prononc. et Orth. : [ekʀue], (j')écroue [ekʀu]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1642 escrouer (Oudin ds DG). Dér. de écrou2*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 35. Bbg. Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 290.